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Turquie: deux enseignants grévistes de la faim maintenus en détention

Un tribunal d'Ankara a ordonné jeudi le maintien en détention de deux enseignants grévistes de la faim, jugés pour appartenance à une "organisation terroriste" lors d'un procès symbolique des purges lancées en Turquie après le putsch manqué.

Nuriye Gülmen, une universitaire, et Semih Özakça, un enseignant, font partie des plus de 140.000 personnes limogées par des décrets-lois émis dans le cadre de l'état d'urgence instauré après le putsch avorté du 15 juillet 2016, imputé à la confrérie du prédicateur Fethullah Gülen, auto-exilé aux Etats-Unis.

Ecroués depuis fin mai, ils sont jugés sous l'accusation d'appartenance à un groupuscule d'extrême gauche, le DHKP-C, classé "terroriste" en Turquie, mais aussi par l'Union européenne et les Etats-Unis.
Au terme d'une première audience qui s'est déroulée dans une ambiance tendue, le tribunal a annoncé leur maintien en détention et renvoyé le procès au 28 septembre, a indiqué à l'AFP un avocat de la défense, Omer Faruk Eminagaoglu.

Aucun des deux accusés, qui sont en grève de la faim depuis six mois, n'était présent à l'ouverture du procès, les autorités invoquant des considérations liées à leur état de santé et à la sécurité.
Avant le début de l'audience, des policiers ont repoussé à coups de bouclier antiémeute et de matraque les nombreuses personnes essayant de pénétrer dans la salle, dont certaines ont lancé des bouteilles d'eau sur les agents, a constaté une journaliste de l'AFP.

Environ 70 personnes, dont des députés, étaient réunies pour manifester devant le tribunal avant le procès.
"Ces gens tentent de nous faire croire qu'ils s'occupent de Nuriye et Semih en prison, mais ils ont peur que l'on puisse voir leur véritable état", affirme Yasemin Barlas, l'une des manifestantes.
La police est intervenue pour disperser les protestataires qui scandaient "Nuriye et Semih ne sont pas seuls", et interpellé 24 personnes, selon l'agence de presse privée Dogan.


Après des mois de manifestations quotidiennes dans le centre-ville d'Ankara, Mme Gülmen et M. Özakça ont entamé en mars une grève de la faim pour contester leur limogeage, avant d'être incarcérés fin mai sous l'accusation d'appartenance au DHKP-C.

Le ministère de l'Intérieur a publié en juillet un rapport détaillant les faits qui leur sont reprochés. Eux nient vigoureusement tout lien avec une quelconque organisation terroriste.
Le tribunal devait se prononcer jeudi sur le maintien en détention ou la libération des deux accusés, réclamée par la défense.

Les proches de Mme Gülmen et M. Özakça ont exprimé leur inquiétude quant à l'état de santé des deux détenus qui se nourrissent exclusivement d'eau sucrée et salée, de tisanes et de vitamine B1 depuis le début de leur grève de la faim.
"Ses jambes, son cou et ses épaules lui font mal. (Nuriye) a des problèmes de rythme cardiaque. Elle ne peut pas marcher. Elle est sensible à la lumière", a détaillé au quotidien Hürriyet mercredi la soeur de Nuriye Gülmen, Beyza. L'épouse de Semih Özakça, Esra Özakça, également limogée, a entamé une grève de la faim après l'arrestation de son mari et a été assignée à résidence mi-juillet.

Des manifestations, rapidement dispersées par la police, ont lieu quotidiennement dans le centre-ville d'Ankara en soutien aux deux enseignants.
Au moins 15 avocats impliqués dans la défense de Mme Gülmen et M. Özakça ont eux-mêmes été arrêtés pour liens avec des "activités terroristes" mardi.

En signe de soutien, des dizaines d'avocats se sont présentés au tribunal jeudi pour défendre les deux enseignants. Tous n'ont cependant pas pu entrer dans la salle d'audience.
Au-delà des putschistes présumés, de nombreuses personnalités défendant la cause kurde et de la gauche ont été touchées par les purges lancées après le coup manqué.

Un tribunal d'Ankara a ordonné jeudi le maintien en détention de deux enseignants grévistes de la faim, jugés pour appartenance à une "organisation terroriste" lors d'un procès symbolique des purges lancées en Turquie après le putsch manqué.
Nuriye Gülmen, une universitaire, et Semih Özakça, un enseignant, font partie des plus de 140.000 personnes limogées par des décrets-lois...