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Liban - Réactions

La polémique se poursuit autour des événements de Ersal 2014

Tammam Salam, hier, en compagnie de l’ancien ministre Ramzi Jreige. Photo ANI

Depuis la découverte des corps de huit des neuf militaires otages du groupe État islamique, enlevés en 2014, et dont les dépouilles mortelles ont été découvertes à la suite du « marché » conclu par le Hezbollah avec les jihadistes, la polémique autour de la responsabilité de l'ancien gouvernement, en la personne de son chef, Tammam Salam, enfle au rythme d'un échange violent d'accusations entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL), d'une part, et le camp opposé, d'autre part.
Les accusations adressées à M. Salam ont été réfutées en bloc par le Premier ministre, Saad Hariri, qui avait rendu dimanche une visite tout en symboles à son prédécesseur. La scène interne n'a cessé de bouillonner de réactions, entre accusations et défenses de M. Salam. Ce dernier a reçu hier à Moussaitbé le ministre de l'Éducation Marwan Hamadé qui a affiché ouvertement son soutien à l'ancien Premier ministre. « Tout au long de son mandat, Tammam Salam a assumé la période de la vacance et a supporté cette période difficile ainsi que tous ceux qui s'élèvent aujourd'hui contre lui et contre son gouvernement et les mesures qu'il avait prises à l'époque », a déclaré M. Hamadé à l'issue de l'entretien.
Le ministre de l'Éducation a également mis en garde contre « le risque de dérapage vers un fascisme d'un nouveau genre que nous n'avons pas connu dans le passé ». Et de poursuivre : « Nous refusons que les innocents soient accusés et que ceux qui se sont opposés à toute médiation (avec les jihadistes) accèdent à la tête du pouvoir et décident de l'avenir du peuple. » L'ancien Premier ministre a également reçu l'ancien ministre Ramzi Jreige qui lui a apporté son soutien, ainsi que deux appels téléphoniques du président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, et du mufti jaafarite, cheikh Ahmad Kabalan, avec lesquels M. Salam a discuté des derniers développements.
De son côté, le ministre du Travail Mohammad Kabbara a insisté, dans un tweet, sur « l'importance de mener une enquête totale sur le dossier de Ersal » et a mis en garde contre « la diffusion d'accusations mensongères contre M. Salam », appelant à « rendre publics les procès-verbaux des Conseils des ministres qui ont suivi le rapt des soldats en août 2014 pour révéler la vérité aux Libanais ».
Abondant dans le même sens, le député Ammar Houry a critiqué, dans un entretien accordé à Radio-Liban, « la violente campagne qui accompagne le dossier des militaires martyrs, ainsi que les accusations de trahison dans tous les sens », faisant remarquer que les données de la période en question sont connues et que les procès-verbaux des Conseils des ministres existent. « Il suffit de dévoiler la vérité depuis le rapt des soldats jusqu'à l'accord conclu avec l'EI », a-t-il conclu. Dans ce sens, l'ancien ministre Fayçal Karamé a appelé, dans une déclaration, « ceux qui demandent des comptes à M. Salam pour manquement à son devoir, à avoir le courage de demander des comptes aux 23 ministres qui ont partagé le pouvoir et les prérogatives avec M. Salam ».
La rencontre de Saydet el-Jabal a dénoncé dans un communiqué « les allusions faites par le président de la République Michel Aoun au sujet de la responsabilité de l'ancien gouvernement de Tammam Salam auquel le CPL avait participé », mettant en garde contre « le risque de voir cette tension se traduire en instabilité ». Le ministre d'État pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, a lui aussi dénoncé « la campagne systématique menée contre les leaders nationaux dans le but de faire de la surenchère et d'obéir ainsi à des ordres extérieurs ».
Sur ce même sujet, l'ancienne ministre Alice Chaptini a dénoncé « la campagne menée contre M. Salam et l'ancien président de la République Michel Sleiman qui ont tout sacrifié pour protéger le pays ». Mme Chaptini s'est voulue encore plus claire : « J'avais appelé le Hezbollah (puisqu'il représente la résistance) à protéger les frontières libanaises, mais il n'a pas répondu à l'appel. M. Salam a donc voulu protéger les habitants de Ersal. »
Dans une interview accordée à l'agence al-Markaziya, l'ancien ministre Rachid Derbas a déclaré qu'il « s'attendait à ce que le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, l'ancien ministre Élias Abou Saab et les ministres du Hezbollah rendent visite à M. Salam sous le signe de la solidarité », d'autant que l'ancien ministre des Marada Rony Araygi a appelé M. Salam pour lui faire part de son soutien « puisque tous les partis politiques ont eu leur mot à dire au sein de ce gouvernement ». Le député Waël Bou Faour a appelé à « réduire la tension pour épargner au Liban davantage de divisions internes ».
De son côté, le camp du 8 Mars continue de lancer des accusations contre l'ancien Premier ministre. À l'issue de la réunion périodique du bureau politique du CPL tenue hier, le parti aouniste a appelé « encore une fois les Libanais à se rappeler ses prises de position fermes et avant-gardistes contre le terrorisme, contrairement aux prises de position des autres parties ». « Ces prises de position ont abouti à l'élection d'un président fort à la tête de la magistrature suprême et à la libération des jurds des terroristes sans pour autant tomber dans le piège de la discorde ou de la destruction de Ersal, comme le prônaient certaines parties », peut-on lire dans le communiqué.
Le député Nawaf Moussaoui, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a estimé que certaines parties « ont besoin de prendre des leçons en droit constitutionnel ». « Puisque nous n'avons pas le temps de leur fournir ces leçons, nous les invitons à relire la Constitution libanaise », a-t-il ajouté. Le député du bloc du Hezbollah a critiqué « les tentatives de défense de la présidence du gouvernement sous prétexte que celle-ci appartient à une communauté déterminée et non pas à tout le Liban ».
Par-delà cette polémique, le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, et son homologue du Tourisme, Avédis Guidanian, ont annoncé hier qu'une cérémonie célébrant la victoire de l'armée libanaise sur le groupe État islamique à la frontière libano-syrienne sera organisée jeudi prochain place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.

Depuis la découverte des corps de huit des neuf militaires otages du groupe État islamique, enlevés en 2014, et dont les dépouilles mortelles ont été découvertes à la suite du « marché » conclu par le Hezbollah avec les jihadistes, la polémique autour de la responsabilité de l'ancien gouvernement, en la personne de son chef, Tammam Salam, enfle au rythme d'un échange violent...

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