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Moyen Orient et Monde - Turquie

Reprise du procès des journalistes du journal d’opposition « Çumhuriyet »

Des manifestants brandissant le journal d'opposition « Cumhuriyet » alors que le procès de cinq collaborateurs avait lieu hier, à Istanbul. Ozan KOSE/AFP

Un tribunal turc devait se prononcer hier sur le maintien en détention provisoire de cinq collaborateurs du journal d'opposition Çumhuriyet, jugés avec d'autres collègues lors d'un procès emblématique de l'érosion de la liberté de la presse dans le pays. Les cinq personnes, parmi lesquelles figurent plusieurs piliers du journal, comme son patron Akin Atalay, son rédacteur en chef Murat Sabuncu, ainsi que le journaliste d'enquête Ahmet Sik et le chroniqueur Kadri Gürsel, ont comparu en état de détention provisoire lors d'une nouvelle audience du procès qui s'était ouvert fin juillet. Un tribunal d'Istanbul avait alors décidé de remettre en liberté provisoire sept collaborateurs de Çumhuriyet arrêtés en octobre, dont le caricaturiste Musa Kart, mais exclu les cinq autres de cette mesure. Lors de l'audience d'hier, le procureur a demandé leur maintien en détention, alors que les avocats de la défense ont réclamé leur remise en liberté durant le procès.
« Dans ce procès, plus on creuse le dossier, plus de l'injustice en jaillit », a déclaré le patron du journal. « Ce procès est une photographie de la situation politique, sociale et judiciaire dans laquelle se trouve le pays ». « Nous ne courberons jamais l'échine face aux pressions », a ajouté M. Atalay sur un ton de défi. Le rédacteur en chef Murat Sabuncu a pour sa part affirmé que « ce procès est malheureusement déjà entré dans les pages les plus sombres de l'histoire de la liberté de la presse ». Comme lors de son audience en juillet, le journaliste d'enquête Ahmet Sik a dressé un réquisitoire contre le parquet, qu'il a accusé de « récolter ses éléments d'accusation dans la presse proche du pouvoir ». Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Çumhuriyet, sont accusés d'avoir aidé diverses « organisations terroristes armées ». Ils risquent jusqu'à 43 ans de prison.
Pour les défenseurs des droits de l'homme, cette affaire traduit le déclin des libertés en Turquie depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, suivi de purges massives qui ont frappé les milieux critiques : élus prokurdes, médias et ONG.
Fondé en 1924, Çumhuriyet (« République »), l'un des doyens de la presse turque et auteur de plusieurs scoops qui ont irrité le président Recep Tayyip Erdogan, dénonce un procès visant à le réduire au silence. « Ils sont jugés simplement parce qu'ils incarnent le journalisme digne de ce nom en Turquie et qu'ils ne diffusent pas la propagande du régime d'Erdogan », a affirmé à l'entrée du tribunal Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Selon l'accusation, les collaborateurs de Çumhuriyet ont aidé trois « organisations terroristes » : les séparatistes kurdes du PKK, un groupuscule d'extrême gauche appelé DHKP-C et le mouvement de M. Gülen. Parmi les accusés figure aussi Can Dündar, ex-rédacteur en chef de Çumhuriyet qui s'était attiré les foudres de M. Erdogan après avoir publié en 2015 un article affirmant qu'Ankara livrait des armes à des islamistes en Syrie. Exilé en Allemagne, il est jugé par contumace.
Source : AFP

Un tribunal turc devait se prononcer hier sur le maintien en détention provisoire de cinq collaborateurs du journal d'opposition Çumhuriyet, jugés avec d'autres collègues lors d'un procès emblématique de l'érosion de la liberté de la presse dans le pays. Les cinq personnes, parmi lesquelles figurent plusieurs piliers du journal, comme son patron Akin Atalay, son rédacteur en chef Murat...

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