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Lifestyle - Pendant ce temps, ailleurs...

Les Halles, un coin de banlieue dans un Paris « inaccessible »

Autrefois « ventre » de Paris devenu incontournable carrefour urbain, le quartier des Halles est l'un des rares endroits de la capitale française à être fréquenté par les jeunes de banlieue qui, hormis cette impersonnelle zone commerciale, n'osent pas toujours franchir le périphérique qui entoure la ville.
« C'est comme le quartier, mais en mieux », résume Ali, assis sous la Canopée, gigantesque toit d'acier et de verre imitant les ondulations d'une feuille qui signe la récente rénovation architecturale du lieu. Le jeune homme de 27 ans, d'origine sénégalaise, vit « dans une barre » à Grigny, un quartier sensible de l'Essonne, à 23 km au sud-est de Paris. « Ici, c'est plus beau ! » renchérit Myriam (18 ans), de Villepinte à Seine-Saint-Denis, dans la banlieue nord. Jean déchiré, brassière en résille et rouge à lèvres écarlate, la jeune fille y vient pour les magasins – on compte pas moins de 150 enseignes – et « manger au resto pas cher » dans l'un des nombreux fast-foods.
En dehors de ce quartier et parfois de la prestigieuse avenue des Champs-Élysées, ces deux jeunes ne connaissent rien de Paris. « Ailleurs, c'est mort, y'a que des petits bourgeois parisiens. On n'est pas de la même catégorie que ces gens-là, eux ils sont riches », tranche Myriam. Des milliards d'euros ont été investis par les pouvoirs publics pour désenclaver les quartiers sensibles proches de la capitale, mais selon le sociologue Fabien Truong, les jeunes adultes issus des classes populaires de banlieues s'estiment toujours « illégitimes » à Paris. « De l'autre côté du périph', barrière symbolique, ils se sentent indésirables. Seule une partie de la capitale leur paraît socialement et culturellement accessible », explique-t-il.
Ancien grand marché ravitaillant les Parisiens jusqu'en 1969, le quartier central des Halles, situé sur un nœud de transports publics, est devenu au fil du temps un carrefour de la culture urbaine et un point de ralliement pour les jeunes des cités qui y retrouvent des codes familiers. « La musique, les fast-foods, les marques dans les vitrines correspondent à leurs références », explique M. Truong. Mais ailleurs, ces jeunes « ne se sentent pas à l'aise », ajoute cet ex-enseignant de banlieue, qui évoque un phénomène « d'écrasement du bâti » : « Les immeubles haussmanniens, les monuments, ils se sentent écrasés par toute cette beauté et la charge historique. » « En même temps, ils ont envie d'être là car depuis tout-petits on leur dit que c'est ça ''le désirable''. Pour eux, ''le désirable'', c'est Saint-Germain-des-Prés », quartier historique du monde littéraire abritant désormais des boutiques de luxe. « Mais une fois qu'ils y sont, ils se sentent nuls et pas bien accueillis », souligne M. Truong.
Une fois à Paris, certains évitent de « trop faire banlieue ». « Je fais un effort, je m'habille pas trop en mode ''cité'' », explique Myriam. « Déjà qu'on nous regarde comme si on était des pauvres gens dès qu'on dit qu'on vient de banlieue... », renchérit Sarah (16 ans), lycéenne à Corbeil-Essonnes, au sud de Paris. « Et puis ici, je peux mettre une jupe alors qu'à la cité, direct, ça va parler », dit-elle en précisant qu'elle a « six grands frères ».

Source : AFP

Autrefois « ventre » de Paris devenu incontournable carrefour urbain, le quartier des Halles est l'un des rares endroits de la capitale française à être fréquenté par les jeunes de banlieue qui, hormis cette impersonnelle zone commerciale, n'osent pas toujours franchir le périphérique qui entoure la ville.« C'est comme le quartier, mais en mieux », résume Ali, assis...

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