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Liban

Le dossier de l’électricité, vedette de la séance nocturne

Le débat de politique générale, convoqué initialement pour deux jours par le président de la Chambre, Nabih Berry, a pris fin hier soir, avec la réponse du chef du gouvernement, Saad Hariri, aux observations et aux critiques formulées par les députés qui se sont succédé à la tribune tout au long de la journée.
Au menu de la séance nocturne, la bataille de l'armée contre le groupe État islamique dans les jurds de Qaa et de Ras Baalbeck, et surtout les dossiers de l'électricité, des permutations judiciaires et des déchets ménagers.
Premier à prendre la parole en soirée, le député Boutros Harb a estimé que le gouvernement a « violé la Constitution en ne convoquant pas la tenue d'élections législatives partielles » et l'a interpellé au sujet de la non-convocation du collège électoral.
Il s'est arrêté, en des termes très incisifs, sur la procédure suivie pour se débarrasser de l'ancien président du Conseil d'État, Chucri Sader, nommé président de chambre à la Cour de cassation, et remplacé à son poste par un magistrat proche du CPL, alors que les deux juges doivent prendre leur retraite dans un an. « Le pouvoir exécutif est en train d'adresser le message suivant à la justice : soit vous faites ce que nous voulons, soit nous vous renvoyons par la force de notre pouvoir et en violant la loi. Les conséquences de ce procédé sont effroyables », a averti M. Harb, avant d'ajouter : « Il est de l'intérêt du pouvoir de maintenir l'indépendance du pouvoir judiciaire. Ce qui se passe est dangereux pour le Liban et les Libanais. »
Le député s'est longuement étendu sur le projet de location de deux navires-centrales et soulevé de nombreuses interrogations sur « le comportement et la colère du ministre concerné à partir du moment où les failles de l'appel d'offres ont été mises en relief ». Il a dénoncé en même temps la façon avec laquelle ce dossier vital pour les Libanais est géré, en expliquant que l'insistance du ministère à louer les navires-centrales pour « assurer l'électricité durant l'été est louche, d'autant que l'été tire à sa fin ». M. Harb a rappelé dans ce contexte qu'en vertu de la loi prévoyant un partenariat entre les secteurs public et privé, il est possible de mettre en place une solution durable pour le problème de la production et de la distribution du courant électrique, précisant dans le même ordre d'idées que la construction de centrales électriques ne prend pas plus de trois ans. Le député ne s'est pas gêné pour s'interroger sur le point de savoir « si le gouvernement est soucieux des commissions qui vont découler du marché qui sera conclu pour la location des deux navires ou du règlement du dossier de l'électricité ».
Le député Ali Bazzi, qui a interpellé le gouvernement au sujet de la prospection pétrolière et gazière en Méditerranée, a dénoncé lui aussi l'appel d'offres lancé par le ministère de l'Énergie pour la location de deux navires-centrales. « Le procédé suivi est contraire aux lois. Toute adjudication organisée en dehors de la direction qui porte le même nom est suspecte et sent la corruption », a-t-il accusé.
Pendant que le député Abbas Hachem déplorait « la condescendance de certains ministres qu'il est pratiquement impossible de joindre alors que d'autres se comportent de manière vindicative », son collègue Alain Aoun considérait que le sexennat a « commencé à briser le marasme dans le pays » et jugeait que le chef du gouvernement est en train d'être pris pour cible parce qu'il a protégé le compromis grâce auquel le général Michel Aoun a pu être élu à la tête de l'État.
Les députés Nicolas Fattouche et Mohammed Hajjar ont tous deux insisté sur un règlement du problème endémique des déchets ménagers. Selon M. Hajjar, « plus de 43 dépotoirs à ciel ouvert sont disséminés entre les foyers dans l'Iqlim el-Kharroub, Aley et le Chouf ».

Hariri : Pas d'autre choix que les navires-centrales
Répondant en fin de séance aux remarques parlementaires, Saad Hariri a articulé principalement son intervention autour du dossier de l'électricité. Il a expliqué que la capacité maximale de production de courant électrique est actuellement de 1 500 mégawatts, alors que le pays a besoin de 3 000. « Pour en finir avec ce problème, nous avons prévu un plan à court, moyen et long terme. La première phase nous oblige à assurer 800 mégawatts par n'importe quel moyen », a-t-il dit, en se lançant dans une explication technique dont il ressort que l'État n'a pas de choix autre que celui de la location de navires-centrales.
Son explication repose sur le fait qu'il est primordial de freiner le déficit d'EDL et d'assurer en même temps le courant électrique 24h/24. Il a indirectement répondu aux remarques de Boutros Harb en précisant que cela ne sera pas faisable si le gouvernement se lance directement dans la construction de centrales électriques parce qu'il aura à « gaspiller six milliards de dollars supplémentaires » pour des solutions palliatives, alors que s'il assure le courant sans interruption aux Libanais, il pourra relever la facture d'électricité et contribuer ainsi à freiner le déficit, tout en lançant dans le même temps le projet de construction de centrales avec la Banque mondiale ou le secteur privé. « Un relèvement de la facture de l'électricité sera à l'avantage des Libanais qui en paient aujourd'hui deux et qui, au final, verront que leur facture aura baissé de 40 % », a expliqué M. Hariri. « L'électricité que nous produisons coûte entre 14 et 18 cents par mégawatt, voire 19 cents lorsque nous utilisons le diesel. Le courant acheté de Syrie nous coûte 14,5 cents le mégawatt alors que ce chiffre se situera entre 13,1 et 13,4 cents si nous louons des navires-centrales », a-t-il encore dit.
Concernant les nominations et les permutations judiciaires, le chef du gouvernement a défendu la procédure suivie par le ministre de la Justice, en expliquant qu'il est normal qu'il y ait des changements et de nouvelles nominations sous un nouveau sexennat et en estimant que tout changement est « bon tant qu'il respecte les règles constitutionnelles ».
M. Hariri a encouragé les députés qui évoquent des cas de corruption à en saisir la justice et a promis de préserver la plage de Ramlet el-Baïda de manière à ce qu'elle soit accessible au public. Il a par ailleurs fait état d'un projet visant à regrouper tous les bâtiments étatiques dans un même complexe à Beyrouth pour réduire les dépenses liées aux loyers. Il a abordé d'autres sujets soulevés par les parlementaires, à l'exception cependant des élections partielles.

Le débat de politique générale, convoqué initialement pour deux jours par le président de la Chambre, Nabih Berry, a pris fin hier soir, avec la réponse du chef du gouvernement, Saad Hariri, aux observations et aux critiques formulées par les députés qui se sont succédé à la tribune tout au long de la journée.Au menu de la séance nocturne, la bataille de l'armée contre le groupe...

commentaires (3)

Il faut reconnaître au PM qu'il joue le jeu démocratique et répond à toutes les questions. Ça ne devrait pas freiner les parlementaires dans leur travail de contrôle et censure pour que la transparence règne. Mais il y a du mieux incontestablement dans l'exercice du jeu démocratique même si ce gouvernement est un attelage bancal dont les membres ont chacun ou presque son PM! L'édito d'IG est éloquent.

Marionet

11 h 37, le 23 août 2017

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Commentaires (3)

  • Il faut reconnaître au PM qu'il joue le jeu démocratique et répond à toutes les questions. Ça ne devrait pas freiner les parlementaires dans leur travail de contrôle et censure pour que la transparence règne. Mais il y a du mieux incontestablement dans l'exercice du jeu démocratique même si ce gouvernement est un attelage bancal dont les membres ont chacun ou presque son PM! L'édito d'IG est éloquent.

    Marionet

    11 h 37, le 23 août 2017

  • IL Y A DES CENTRALES MOBILES PRETES A ETRE LIVREES, PRETES A FOURNIR SUR LE CHAMP DE L,ELECTRICITE, PRETES A ETRE BRANCHEES A QUELLE AUTRE CENTRALE FIXE, A DES PRIX TRES TRES TRES COMPETITIFS MAIS AUX COMMISSIONS RESTREINTES CAR LES MONTANTS INVESTIS SERAIENT RESTREINTS... IL Y A UN CERTAIN TEMPS ELLES FURENT, DIT-ON, PROBABLEMENT OFFERTES MAIS JAMAIS DISCUTEES POUR LES RAISONS CI-HAUT MENTIONNEES... ELLES NE VIENNENT PAS DES GROTTES ALIBABIQUES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 58, le 23 août 2017

  • si j'etais 1er ministre, j'aurais demander aux libanais de repondre par referundum-ss la supervision de l'ONU- a la question suivante: etes vous prets a supporter encore l'etat des choses du courant electrique ,a condition que vs soyez assures qu'a 100% , ds 2 a 4 ans vs n'aurez plus aucun probleme a ce niveau. car sinon, le libanais ne connaitra JAMAIS la verite vraie de ce qui se trame .... pr ex, l'on a donne l'option a tt le monde de proposer des centrales fixes.... en si peu de temps ( alors que le TRUC des navires est pret a etre avance depuis des mois.. ) donc centrales fixes lorsqu'on sait l'impossibilite d'une telle options etant donne les etudes innombrables a effectuer AVANT de pouvoir ce faire.

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 23 août 2017

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