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Moyen Orient et Monde - Conflit

Coopération irano-turque contre le PKK : quels enjeux ?

Les velléités indépendantistes kurdes gênent considérablement Téhéran et Ankara, menacé par leur montée en puissance en Syrie.

Le chef d’état-major iranien Mohammad Bagheri (à droite) accueilli par son homologue turc Hulusi Akar, lors de sa visite officielle à Ankara le 15 août 2017. Photo AFP

Même sans être une certitude, la seule possibilité d'une coopération irano-turque contre les Kurdes en Irak promet davantage de bouleversements dans la région. Annoncé en juin, le référendum d'indépendance au Kurdistan irakien prévu le 25 septembre fait grincer des dents Bagdad et les pays voisins. Les violences entre Ankara et le PKK, une organisation classée « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux, ont repris à l'été 2015 après un court cessez-le-feu. Outre de violents combats dans le sud-est de la Turquie, Ankara mène régulièrement des opérations ponctuelles contre les bases arrière du PKK dans le nord de l'Irak. Ankara a longtemps déploré que Téhéran ignore ses appels à une opération commune contre les rebelles kurdes.

La visite sans précédent – pour la première fois depuis 1979 – d'un chef d'état-major iranien à Ankara la semaine dernière prouve l'importance de la question. Selon le quotidien Türkiye, l'Iran a fait lors de la visite de son chef d'état-major Mohammad Bagheri une « proposition surprise » à la Turquie sur le lancement d'une opération contre les rebelles kurdes à Sinjar et à Qandil, dans le nord de l'Irak. Et cette question est « toujours à l'ordre du jour », a déclaré hier le président turc Recep Tayyip Erdogan. « Une opération commune avec l'Iran contre ces organisations terroristes est toujours à l'ordre du jour », a déclaré le président turc, faisant allusion au Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK) et au Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), un parti kurde iranien qui lui est affilié, tous deux ayant des bases arrière en Irak. « Nous pensons que si nos deux pays coopèrent, nous pouvons atteindre des résultats beaucoup plus rapidement », a déclaré le chef de l'État, sans autre détail.

Le général Bagheri a affirmé hier que les deux pays se sont également mis d'accord pour renforcer les contrôles à leur frontière commune, alors que la Turquie a annoncé il y a deux semaines le début de la construction d'un « mur de sécurité » à sa frontière avec l'Iran, similaire à celui construit à la frontière turco-syrienne, entre les localités de Aazaz et Jarablos. Plusieurs camps d'entraînement du PKK longeraient la frontière en question, permettant à plus d'un millier de combattants kurdes indépendantistes d'aller et venir à leur guise.

 

(Pour mémoire : « La Turquie se trompe de stratégie » sur la question kurde)

 

Effet domino régional
Lors de la visite du général Bagheri à Ankara, les deux pays ont également réitéré leur opposition à la tenue d'un référendum d'indépendance au Kurdistan irakien le 25 septembre. Un tel changement géographique « peut provoquer des tensions et des affrontements à l'intérieur de l'Irak, et cela ne se limitera pas à ce pays », a déclaré M. Bagheri. « L'insécurité se propagera aux pays voisins, notamment en Iran et en Turquie, ce qui est inacceptable. » Les velléités indépendantistes kurdes sont présentes en Iran également, et un tel référendum pourrait avoir un effet domino dans la région, d'autant plus que des affrontements meurtriers ont lieu régulièrement entre les gardiens de la révolution et certains groupes kurdes iraniens, dont le PDKI.

Plus que la Turquie, qui entretient des liens économiques et commerciaux conséquents avec le Kurdistan irakien, l'Iran serait plus à même d'être troublé par une telle consultation. « Ce qui compte pour les Iraniens, c'est Bagdad, qui est un protectorat iranien. Et ce qui gêne Bagdad gêne Téhéran », estime Bayram Balci, chercheur au CNRS-Paris et spécialiste de la Turquie. La montée en puissance des Kurdes en Syrie ces deux dernières années, notamment dans les combats contre l'EI, est plus à même d'inquiéter les Turcs. « La frontière est menacée, le PKK est en train de transformer le Rojava (Kurdistan syrien) en base d'entraînement. Je me demande si un marchandage n'est pas en cours : les Turcs aident les Iraniens en Irak, en échange d'une aide en Syrie contre le PKK » syrien, avance M. Balci.
Le fait que les Kurdes d'Irak ont depuis toujours entretenu des liens commerciaux et militaires privilégiés avec Israël n'est pas fait pour rassurer l'Iran, constamment dans la ligne de mire de l'État hébreu, qui serait certainement rassuré de trouver un allié – musulman mais non arabe – dans la région si un État kurde devait voir le jour.

 

(Pour mémoire : Les enjeux du référendum d'indépendance au Kurdistan irakien)

 

En attendant, des rumeurs de report du référendum circulent depuis plusieurs jours. Ce report n'aurait lieu qu'en échange de concessions de la part de Bagdad et du règlement de dettes du gouvernement régional du Kurdistan (GRK) de Massoud Barzani – elles s'élèveraient à 10-12 milliards de dollars, selon un responsable kurde – alors qu'une grande partie des peshmergas combattant l'État islamique n'a pas été payée depuis plusieurs mois. Rien n'est certain, toutefois, malgré les pressions intenses auxquelles fait face Barzani. « Si un report est décidé, ce sera un discrédit pour Massoud Barzani », juge M. Balci, pour lequel un tel ajournement n'aurait lieu qu'en échange de concessions et d'un soutien de Washington, désireux de maintenir l'intégrité territoriale de l'Irak, exsangue depuis l'intervention américaine de 2003.

Un autre consensus pourrait être trouvé entre Téhéran, Ankara et le président kurde également, au détriment du PKK, quitte à raviver d'anciennes querelles interkurdes. Le PKK pose problème : pour le gouvernement de Massoud Barzani, il y va de sa souveraineté territoriale chèrement payée, même de sa respectabilité face à la communauté internationale. « On oublie souvent que le renforcement du PKK dans le Nord irakien et la perte du Sinjar dérangent Barzani. Je pense qu'il voudrait se débarrasser du PKK et je n'exclus pas qu'il puisse aller jusqu'à l'affrontement interkurdes », confirme Bayram Balci.

 

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Même sans être une certitude, la seule possibilité d'une coopération irano-turque contre les Kurdes en Irak promet davantage de bouleversements dans la région. Annoncé en juin, le référendum d'indépendance au Kurdistan irakien prévu le 25 septembre fait grincer des dents Bagdad et les pays voisins. Les violences entre Ankara et le PKK, une organisation classée « terroriste » par la...

commentaires (4)

Ces 2 pays ne se ressemblent que parce qu'ils ont le courage de s'affirmer en tant qu état libre de leurs choix politiques. Pour le reste l'Iran NPR EST DE LOIN BEAUCOUP PLUS CONSTANTE ET INTELLIGENTE.

FRIK-A-FRAK

10 h 54, le 22 août 2017

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Commentaires (4)

  • Ces 2 pays ne se ressemblent que parce qu'ils ont le courage de s'affirmer en tant qu état libre de leurs choix politiques. Pour le reste l'Iran NPR EST DE LOIN BEAUCOUP PLUS CONSTANTE ET INTELLIGENTE.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 54, le 22 août 2017

  • LA HAINE ET L,HEGEMONIE SUR LES AUTRES...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 24, le 22 août 2017

  • Erdogan multiplie les démarche dans la région pour developper la guerre. ce n'est pas l'Iran qui apportera à ce fiévreux de la combine une aide dans la direction de la paix. Après avoir été allié d'Israel, des pays du golfe, il s'allie aux iraniens dont l'idéal est la guerre aux arabes par tous les moyens. Après avoir purgé son pays des opposants ou supposés opposants, utilisant des méthodes staliniennes, il s'allie à un pays ennemi farouche des arabes. Cet homme est dangereux et loin d'être fiable dans ses accords avec des pays tiers

    FAKHOURI

    06 h 39, le 22 août 2017

  • mais je comprend pas l'iran n'a t elle pas affirmer etre de le défenseurs des opprimes et des laisser pour comptes!?! ce peuple n'a pas ete laisser pour compte et opprimer depuis des décennies !?! pq lui en vouloir au point de lui faire la guerre pour qu'ils ne tiennent pas de referendum afin de devenir une nation !?!

    Bery tus

    03 h 56, le 22 août 2017

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