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Lifestyle - This Is America

Quand les présidents américains font de l’humour

La « National Presidential Joke Day » est célébré aujourd'hui aux États-Unis. Et ce n'est pas une blague, mais plutôt une occasion de tester l'esprit des présidents américains. Tout a commencé avec une gaffe du président Ronald Reagan.

Ronald Reagan, George W. Bush et Barack Obama s’amusent. Trump ne joue pas le jeu. Photos AFP

« Chers concitoyens, j'ai le plaisir de vous informer que j'ai signé une loi qui va bannir la Russie pour toujours : nous lançons les bombardements dans cinq minutes. » Le président Ronald Reagan avait ainsi débuté son discours hebdomadaire à la radio, ce samedi 11 août 1984. D'humeur badine ce jour-là, il croyait faire un test son, alors qu'il était déjà sur les ondes. Les leaders de l'Union soviétique ayant eu vent de cette déclaration ont quand même mis leurs forces militaires en alerte. De ce côté de l'Atlantique, les Américains se sont tellement gaussés de cette plaisanterie qu'ils l'ont immortalisée en instituant le Jour national des anecdotes présidentielles, célébré depuis tous les 11 août.

Cette date est l'occasion de revenir aux bons mots, relevant de l'esprit railleur et souvent caustique des leaders de la plus grande puissance du monde et à leurs coups de griffe. Reagan, qui a ainsi donné à ses compatriotes l'occasion de revenir une fois l'an sur cet art du tac au tac présidentiel, avait beaucoup de talent dans ce domaine. Parmi ses inoubliables sorties, « la politique est supposée être le second plus vieux métier du monde. J'en suis venu à réaliser qu'il comporte une grande ressemblance avec le premier ». Ou, encore, en pénétrant au bloc opératoire, après avoir été victime d'une tentative d'assassinat en 1981 : « J'espère que vous êtes tous républicains ! »

 

Derrière chaque président, une plume désopilante
George W. Bush, à qui on reprochait son manque de brio, avait su en rire : « Ces histoires sur mes capacités intellectuelles me sortent du nez. Vous savez, j'ai même pensé que mon équipe les croyait. Tous les matins, vient en tête de mon programme, la mention : "Intelligence briefing" » (Intelligence se référant en anglais aux services de renseignements). Barack Obama, à propos de son origine américaine, contestée par le président Trump, disait : « Il y a peu de choses dans la vie plus difficiles à trouver et plus importantes à conserver que l'amour et le certificat de naissance. » Bill Clinton, toujours souriant et de bonne humeur, a fait dans l'humour noir : « Être président, c'est comme diriger un cimetière, vous avez un tas de gens en dessous de vous et personne ne vous écoute. » JFK, bien avant ce rendez-vous officiel avec l'humour, a été cinglant, quand il fut accusé d'acheter des voix électorales : « Je viens de recevoir ce télégramme de mon généreux père disant : "Cher Jack, n'achète pas une voix de plus qu'il ne le faut. Hors question que je paye pour une victoire raz-de-marée !" » Et voici la popularité selon Jimmy Carter : « Mon estime dans ce pays est monté bien haut. C'est agréable de voir les gens m'envoyer des saluts avec tous les doigts de la main. » En remontant plus loin, on retrouve le deuxième président du pays, John Adams, également doté d'une délicieuse légèreté : « Après toutes ces années, j'en suis arrivé à la conclusion suivante : un homme inutile, c'est une honte, deux c'est une firme d'avocats, trois ou plus, c'est un congrès. »

Toutes ces phrases sont bien de leur cru. Pourtant, côté officiel, derrière chaque président, il n'y a pas seulement une femme, mais une plume désopilante, chargée d'inculquer au chef d'État un sens de l'humour qui peut aérer un discours serré ou lancer une pointe pour mieux marquer une position. Et l'anecdote peut aussi l'humaniser quand, par exemple, au dîner des correspondants de presse de la Maison-Blanche, il lui est demandé de se mettre publiquement en boîte. Dans ces cas, il fait donc appel à des souffleurs chevronnés qui le font apparaître aussi doué qu'un véritable satiriste. Une anecdote sortant de la bouche d'un politicien peut lui insuffler du charme et le rapprocher du peuple. Selon les experts du genre, George W. Bush, avec son côté « nature », avait revêtu avec aisance l'habit de l'autodérision présidentielle. Bill Clinton en connaissait les ficelles, et Obama, de tempérament distant, était arrivé à faire rire de ses travers. Trump, contrairement à tous ses prédécesseurs, a refusé de se soumettre à cet exercice, lors de l'incontournable Soirée des correspondants de presse qui couvrent à longueur d'années ses activités à la Maison-Blanche. Il n'y a même pas assisté. Brisant une longue tradition, lui qui est à couteaux tirés avec les médias, aurait pu emprunter cette subtilité à Lyndon Johnson : « Si un matin je marche sur la surface de l'eau du fleuve Potomac, la manchette des journaux afficherait : le président ne sait pas nager. »

 

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