Impatients de rentrer au pays pour y passer leurs vacances, les expatriés libanais font le même constat, à chaque séjour : « C'est encore pire qu'avant ! » Les proches restés sur place ne peuvent que hocher la tête, en guise d'impuissance. Mais les propos font mal. L'amertume est palpable. Des expatriés mécontents, c'est mauvais signe. Cela fait craindre des retours plus espacés, des séjours plus courts, un détachement par rapport au pays, aux familles. Mais les arguments pleuvent, implacables.
Pas de plages publiques. Alors histoire de profiter du soleil libanais et se rafraîchir un brin, ces expatriés qui ont goûté aux plages publiques du monde entier doivent débourser les dollars par centaines. Pour n'avoir droit au final qu'à des piscines bondées et hyperchlorées. Et pour cause, la mer est polluée, infestée d'ordures et d'eaux usées.
Aucune sécurité sur les routes. D'abord, les Libanais conduisent comme des fous. Incapables de rouler tout droit, pratiquant le slalom à très grande vitesse au péril de leur vie et celle des autres, non seulement sont-ils dédaigneux du code de la route, mais leur manque de courtoisie au volant est notoire, pour ne pas dire leur violence. Pire encore, après avoir bu comme des trous, les voilà derrière le volant, comme si de rien n'était. Et personne pour les sanctionner ou pour effectuer le moindre contrôle. Autre aberration routière qui choque les expatriés : l'état déplorable de l'infrastructure, le manque d'éclairage et de signalisation sur les voies publiques. Et puis ces blocs de béton qui surgissent on ne sait d'où, souvent au beau milieu d'une route, véritables dangers publics ! « J'ai failli rentrer dedans l'autre soir », lance une vacancière exaspérée. « Je n'ose plus conduire la nuit. » Sans parler des embouteillages monstres à toute heure du jour et de la nuit. Mais aussi des droits des piétons et des vélos, inexistants !
Pas d'espaces verts, mais du béton à en revendre. Où emmener les enfants s'aérer pour une journée, à moindres frais ? La question demeure sans réponse, alors que se comptent sur les doigts d'une main les espaces verts aménagés et propres, susceptibles d'accueillir les promeneurs de temps à autre. Le béton en revanche a la cote. Il ravage les villes et le littoral, les villages de montagne même, jusqu'aux coins les plus reculés du pays. Et si par miracle quelques régions vertes sont encore préservées, non seulement sont-elles meurtries par les déchetteries sauvages, mais elles tendent à rétrécir comme peau de chagrin.
Aucune politique raisonnable de prix. « Au Liban, tout est cher ! » déplorent les expats. Pour un oui ou pour un non, ils doivent mettre la main à la poche. C'est à contrecœur qu'ils paient leur panier de supermarché bien plus cher qu'en Europe ou aux USA, ou déboursent des fortunes pour une journée de plage ou de montagne. Mais ce qui les excède par-dessus tout, c'est lorsqu'ils se font carotter par un commerçant qui leur vend la man'ouché à 9 000 LL ou par un chauffeur de taxi peu scrupuleux, lorsqu'ils se voient contraints aussi de laisser leur voiture à un valet parking pour 7 000 voire 10 000 LL, dans certains lieux branchés. « Où sont les parkings et les parcmètres ? » demandent-ils.
À cette grogne, à ces interrogations parmi tant d'autres, les expats attendent des réponses. Ils veulent comprendre pourquoi aucune amélioration ne se profile à l'horizon, pourquoi on fume toujours dans les espaces fermés, pourquoi les transports en commun sont inexistants... Dans leur tête, ils n'hésitent pas à faire la comparaison avec d'autres destinations plus accueillantes et nettement moins chères. Tout en avouant qu'ils ne seraient pas venus, si ce n'était pour voir la famille. Mais se prennent à espérer que la prochaine fois, peut-être, leurs remarques seront prises en considération.
commentaires (13)
Qu'attendent les libanais residents pour faire parvenir leur desaccord avec les actes et les decisions de la classe politique?? Ils fument encore plus le Narguile?? Il est temps de voter pour les nouveaux. il est temps de detroner les princes de la guerre qui gouvernent depuis si longtemps (que ce soient eux, leurs peres ou leurs grands-peres; meme souche)
Akl Albert
18 h 37, le 11 août 2017