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Moyen Orient et Monde - Crise

Œuvre de l’homme, le choléra avance au Yémen

Selon la Croix-Rouge, le seuil des 600 000 cas devrait être franchi dans les prochains mois.

Une mère aux côtés de son fils atteint de choléra à Hodeidah, le 14 mai 2017. Abduljabbar Zeyad/Reuters

Quatre cent mille. Le chiffre fait froid dans le dos. Et pour cause, il représente le nombre de personnes atteintes de choléra au Yémen. Enlisé dans un conflit opposant les rebelles houthis au gouvernement du président Abed Rabbo Mansour Hadi depuis 2015, le pays fait face à une crise humanitaire des plus graves depuis trois mois. Qualifiée de « honte pour l'humanité » par le président de l'organisation Care International, Wolfang Jamann, lors d'une conférence de presse à Sanaa samedi dernier, la crise semble avoir ralenti pendant le mois de juillet. Mais il est tout de même attendu que le seuil des 600 000 cas de choléra sera atteint dans les prochains mois, selon la Croix-Rouge internationale.

Le choléra est réapparu en avril, après une première épidémie l'an dernier, et le conflit complique les livraisons de médicaments et l'arrivée de l'aide humanitaire internationale. Un Yéménite sur 45 pourrait en être infecté d'ici à décembre, a indiqué l'organisation dans un communiqué, soulignant que ce serait « la conséquence directe du conflit qui a dévasté les infrastructures civiles ».

Depuis l'intervention en mars 2015 de la Coalition arabe, les combats ont fait plus de 8 000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44 500 blessés.

 

Pic atteint
Cinq à six mille nouveaux cas de choléra sont signalés par jour, mais la courbe épidémique montre que la maladie a atteint son pic voici trois semaines, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé. Pour autant, cela n'annonce pas la fin rapide de l'épidémie. « Nous ne pouvons pas dire qu'il y a eu un ralentissement même si le pic a été atteint il y a quelques semaines, la situation demeure fragile et le nombre de malades ne cesse d'augmenter », insiste Soumaya Beltifa, déléguée du Comité international de la Croix-Rouge à Sanaa, contactée par L'Orient-Le Jour. Les défaillances des infrastructures favorisent la propagation du virus à travers le pays. « Cette situation s'explique par plusieurs facteurs dont l'état de délabrement des systèmes d'évacuation des eaux, l'accumulation des déchets ménagers dans les rues, le système de santé publique qui est mis à terre n'arrivant plus à gérer le flux », ajoute Mme Beltifa.

La saison humide, qui débute, est un autre élément à prendre en compte, avertit l'OMS. « La saison humide vient de débuter et devrait favoriser la transmission. Il faut maintenir nos efforts pour stopper l'épidémie », a déclaré Fadela Chaib, porte-parole de l'OMS, lors d'une conférence de presse à Genève, plus tôt cette semaine. Même son de cloche pour Mme Beltifa, présente dans la capitale yéménite, et qui parle des « pluies torrentielles sur Sanaa », comme ce fut le cas ces derniers jours.

 

(Pour mémoire : Au Yémen, les hôpitaux débordés face à l'épidémie du choléra)

 

 

« Souffrance inutile »
Les visites des représentants d'organisations humanitaires se sont multipliées ce mois-ci afin de pouvoir faire un état des lieux de la situation et tirer à nouveau la sonnette d'alarme auprès de la communauté internationale. Une délégation onusienne de haut rang se trouvait lundi en mission au Yémen, composée des directeurs de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, du Programme alimentaire mondial, David Beasley, et de l'Unicef, Anthony Lake. M. Ghebreyesus, cité lundi par l'agence de presse gouvernementale SABA, a souligné la nécessité de sensibiliser les habitants au Yémen « aux dangers de l'épidémie de choléra qui s'est propagée dans les provinces du pays » et que les organisations humanitaires « cherchent à contenir ».

Le président du CICR, Peter Maurer, a également entamé une tournée de cinq jours à travers le pays. « Cette terrible épidémie de choléra est une catastrophe humanitaire, provoquée par l'homme, qui aurait pu être évitée », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Je trouve cette souffrance inutile, absolument intolérable. Alors que le monde reste passif, cette tragédie ne fait que s'aggraver », a-t-il ajouté. « Les besoins du Yémen sont énormes. Ni le CICR ni les autres acteurs humanitaires ne parviendront à subvenir seuls aux besoins croissants », observe Soumaya Beltifa.

Par conséquent, il est nécessaire d'aller au-delà du simple traitement médical pour régler la crise. Pour M. Maurer, « il faut pour cela que les belligérants assouplissent les restrictions, autorisent l'importation de médicaments, de vivres et de biens de première nécessité, et fassent preuve de retenue dans leur façon de conduire les hostilités ».

 

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