Raï aux jeunes maronites d’outre-mer : Le Liban est votre patrie spirituelle

C'est par une vigoureuse dénonciation de la corruption qui gangrène le pouvoir et l'administration que le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a donné congé hier soir, au cours d'une messe célébrée à Dimane (Liban-Nord), aux jeunes maronites venus d'outre-mer pour la première édition des Journées mondiales de la jeunesse maronite (JMJM), qui se sont ouvertes la semaine dernière.

Ne mâchant pas ses mots dans l'homélie qu'il a prononcée à cette occasion, tout en demeurant dans un registre général impersonnel, le chef de l'Église maronite a affirmé que « si les responsables de nos affaires temporelles générales exerçaient leurs responsabilités et devoirs à la lumière de la vérité, le peuple tout entier aurait joui du bien commun, de la justice, de la paix et du respect de la dignité de l'homme et de ses droits ; si tous les responsables des affaires publiques avaient fait l'expérience de la beauté de la vérité qui rend libre, ils se seraient libérés aussi eux-mêmes de leurs intérêts matériels illégitimes, de leurs calculs étroits, de leurs trafics mutuels d'influence (...) et auraient apprécié et fait apprécier ceux qui sont véritablement libres, ceux qui tirent leur force de leur compétence, de leur probité, de leur respect des valeurs et du droit, non de leurs allégeances et de leur pouvoir de domination ».

Veillée de prière
Le patriarche s'adressait à plusieurs centaines de jeunes maronites venus des pays d'outre-mer participer aux premières journées mondiales qui leur sont réservées, aux côtés d'autres centaines de jeunes venus des différents évêchés maronites du Liban. Le rassemblement s'est tenu dans le périmètre extérieur du siège patriarcal d'été, que les jeunes avaient déjà rejoint samedi, pour une veillée de prière en compagnie du patriarche.

Dans la foule enthousiaste, on reconnaissait des groupes de jeunes maronites venus des États-Unis, d'Argentine, d'Australie, de Colombie, de France, de Chypre, d'Égypte, d'Afrique, d'Ukraine, de Syrie, de Terre sainte, de Jordanie et de Palestine.

La messe en plein air s'est tenue en présence du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, tandis que tous les évêques maronites des pays d'outre-mer concélébraient l'office, servi par la chorale de l'école antonine, dirigée par le P. Fady Tok.

En ouverture, le P. Toufic Abou Hadir, président du bureau de la pastorale des jeunes, organisateur des JMJM, a remercié le patriarche pour son patronage et formulé l'espoir que cette manifestation aide à ce que des ponts soient jetés entre les jeunes maronites du monde entier et le Liban, « leur patrie spirituelle », selon les termes mêmes du patriarche.

Liban, patrie du vivre-ensemble
Avant de tancer indirectement les dirigeants, le patriarche n'a pas manqué de souligner combien le Liban même est unique en Orient, étant « le seul à séparer la religion de la politique, à accueillir le vivre-ensemble entre chrétiens et musulmans dans l'égalité des droits et des obligations, dans une participation équilibrée et paritaire au niveau du pouvoir et de l'administration, dans le respect des libertés civiques essentielles et le respect du pluralisme culturel et religieux au sein de l'unité ».

Le patriarche a ensuite fait l'éloge du « retour aux sources » que les Journées de la jeunesse maronite ont permis et remercié les familles, couvents, écoles et institutions qui ont hébergé les jeunes maronites venus d'outre-mer. « Retournez comme des aigles à vos patries, renouvelés par les valeurs évangéliques et morales, et que la bénédiction de Dieu et du Christ glorifié, Père, Fils et Saint-Esprit, soit avec vous pour toujours », a-t-il finalement lancé aux jeunes.

Par la suite, les jeunes ont écouté des chants patriotiques et traditionnels exécutés par l'orchestre des FSI placé sous la direction d'Antoine Tohmé.

Pour mémoire

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