Rechercher
Rechercher

Économie - Focus

Les entreprises algériennes souffrent des barrières à l’import

Rues fermées à Ghardaïa, Algérie, 27 janvier 2014. AFP/Farouk Batiche

Destinées à préserver les devises de l'Algérie, les restrictions croissantes aux importations nuisent paradoxalement aux sociétés locales, s'alarment experts et chefs d'entreprise qui craignent fermetures d'usines et pertes d'emploi.
La dégringolade, depuis 2014, des prix du pétrole qui fournit à l'Algérie 95 % de ses devises, a creusé le déficit commercial. Elle a également fait fondre ses réserves de change, amassées au temps du baril à 100 dollars et passées de 195 milliards de dollars en mars 2014 à 108 milliards en juin dernier.
Pour tenter de stopper l'hémorragie, le gouvernement a instauré des quotas d'importation de certains produits et imposé l'obtention d'une licence fixant la quantité que l'importateur est autorisé à faire entrer dans l'année.
En 2016, étaient seuls concernés les véhicules, le ciment et les ronds à béton. Ces premières restrictions avaient permis de faire baisser de cinq milliards de dollars la facture des importations, ramenée à 46,7 milliards contre 51,7 milliards en 2015.

La liste s'allonge
Mais depuis le début 2017, la liste des marchandises soumises à licence n'a cessé de s'allonger et comprend désormais une trentaine de produits agricoles, agroalimentaires ou industriels.
En juillet, l'importation de 24 nouveaux produits – dont sauces et soupes industrielles, robinets, barres chocolatées, pâtes, jus de fruits et eaux minérales, briques et tuiles ou produits finis en plastique – a été interdite en attendant l'octroi de licences.
« Le gouvernement entendait réduire de 10 milliards de dollars la facture des importations pour 2017. Or cet objectif est loin de se concrétiser, selon les dernières statistiques douanières », explique l'économiste Mouloud Hedir, soulignant que cette liste, qui évolue « de jour en jour », manque de clarté pour les entreprises.

Flou
Difficile de faire des prévisions sans savoir quels produits ou matière première pourraient être importées et en quelle quantité, se plaignent les chefs d'entreprise algériens.
Exemple le plus récent : l'interdiction d'importation de produits finis en plastique.
Cette mesure, qui concerne notamment « certains types de bouchons, risque de paralyser plusieurs sites de production de l'agroalimentaire, des cosmétiques et du médicament », souligne Slim Othmani, PDG d'une entreprise de jus de fruits.
Président de l'Association des producteurs algériens de boissons, Ali Hamani prévient : « Si le blocage des matières premières persiste, 22 000 emplois directs et près de 60 000 indirects seront menacés dans la filière boisson. »
« L'importateur ne sait pas quels sont les critères d'obtention d'une licence, pourquoi il n'a pas été retenu, ni qui a été sélectionné », s'insurge Slim Othmani, également président du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), un groupe de réflexion patronal. Selon lui, ce manque de transparence « encourage la corruption » et les trafics.
Certains Algériens s'inquiètent de ne bientôt plus trouver leur chocolat ou déodorant préférés en rayons et évoquent déjà le retour des heures de gloire du « trabendo », la contrebande dans les années 1980 de produits venus de l'étranger dans les bagages de voyageurs ou entassés dans les voitures traversant la Méditerranée.
Amal BELALLOUFI et
Aymeric VINCENOT/AFP

Destinées à préserver les devises de l'Algérie, les restrictions croissantes aux importations nuisent paradoxalement aux sociétés locales, s'alarment experts et chefs d'entreprise qui craignent fermetures d'usines et pertes d'emploi.La dégringolade, depuis 2014, des prix du pétrole qui fournit à l'Algérie 95 % de ses devises, a creusé le déficit commercial. Elle a également fait...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut