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Liban - Contestation

La société civile dénonce une « politique d’imposition chaotique »

Évasion fiscale, dilapidation, corruption et absence de vision nourrissent le déficit du Trésor, assurent des experts.

Les manifestants de la société civile, hier, devant le ministère des Finances. Photo Nasser Trabulsi

Les mouvements de contestation civile ont exprimé hier leur rejet des mesures financières et dispositions fiscales destinées à financer l'échelle des salaires pour la fonction publique, adoptées par le Parlement.

Rassemblées à la place de l'Étoile, plusieurs formations, dont le collectif « Nous demandons des comptes » (Badna Nhasseb), ont protesté contre la teneur de la loi de financement de la grille, considérée par ailleurs comme un droit inaliénable. Se sont également mobilisés aux côtés de la société civile les partisans des Kataëb et du Parti national libéral (PNL), tout aussi mécontents des mesures prises à cette fin.

« Ôtez vos mains de nos poches », ont scandé les protestataires, qualifiant le pouvoir actuel de « corrompu ». « Non à toute imposition qui risque d'éreinter le citoyen, oui aux taxes imposées sur les recettes des banques et sur les bénéfices générés par les biens-fonds », lançait, pour sa part, Wassef Haraké, un activiste membre du collectif « Nous demandons des comptes ».

Dans une déclaration, M. Haraké a tenu à préciser que les protestataires ne sont pas contre le financement de la grille et encore moins contre le principe du paiement d'impôts à l'État. Ils sont tout simplement « contre une politique d'imposition chaotique visant les Libanais, en lieu et place de politiques ayant pour but de lutter contre la dilapidation, l'évasion fiscale et la corruption ».

Le secrétaire adjoint du parti Kataëb, Patrick Richa, a rappelé de son côté que la question des fonds à trouver pour financer la grille « traîne depuis quatre mois ». Il a souligné à ce propos que le président de la République, Michel Aoun, avait récemment annoncé que « la perception des taxes douanières s'était nettement améliorée ». « Pourquoi ne vont-ils pas puiser dans ces revenus l'argent nécessaire pour financer la grille des salaires ? » s'est demandé M. Richa.

 

(Lire aussi : Lorsque l’entente politique fait des miracles : le Parlement adopte le financement de la nouvelle échelle des salaires)

 

Les critiques fusent
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Jad Chaabane, professeur d'économie et activiste, se dit étonné de voir les députés « se permettre de voter des taxes sans avoir effectué au préalable une étude de leur impact sur le plan socio-économique ». Il rejoint ainsi la position exprimée par le député et chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui a vivement dénoncé les choix fiscaux du Parlement, ainsi que la méthode du vote suivie qu'il considère « en violation » du règlement intérieur du Parlement.

Pour M. Chaabane, « les taxes indirectes vont immanquablement augmenter le déficit, en se répercutant sur l'ensemble des biens de consommation et des services ». L'expert déplore le fait qu'aucun impôt n'ait touché jusqu'à présent les détenteurs des grosses fortunes, le secteur bancaire ayant été, selon lui, largement épargné.

Une mesure qui s'explique par le fait que « la classe politique a une mainmise sur les banques dont une grande part des actions, jusqu'à concurrence de 40 %, est détenue par des hommes politiques ». « Pour moi, c'est un véritable complot fomenté par la classe politique contre les citoyens dans le seul objectif de continuer à protéger leurs intérêts financiers », dénonce l'expert.

 

(Lire aussi : Et le gaspi, bordel !, Citoyen grognon de Anne-Marie El-HAGE)

 

L'économiste et analyste politique Sami Nader est tout aussi critique, estimant que la taxe imposée sur les bénéfices des banques va provoquer un ralentissement économique, « puisque ces dernières vont systématiquement hausser l'intérêt sur les dépôts pour compenser ». L'adoption de l'échelle des salaires est « en partie » justifiée, dit-il, le Parlement ayant avalisé une grille qui va profiter à l'ensemble des fonctionnaires « sans distinction aucune ». « Rien n'a été fait pour mettre un terme aux emplois fictifs dans l'administration, qui enflent le cortège des bénéficiaires de manière injustifiée », souligne M. Nader.

L'économiste rappelle que l'administration publique représente 10 % de la population au Liban, un chiffre faramineux lorsque l'on sait que le ratio dans le monde se situe entre 4,5 % et 5 %. Il considère par ailleurs que l'augmentation des taxes telle qu'elle a été décidée est une « erreur monumentale sur le plan économique ». « Par les temps qui courent, c'est à une réduction des taxes que les députés auraient dû recourir pour relancer l'économie. Ils ont fait exactement le contraire. Autrement dit, ils ont donné d'une main pour reprendre de l'autre », souligne l'expert, en précisant que les taxes indirectes vont viser en priorité les pauvres.

« Nous ne sommes absolument pas contre la politique d'imposition dans l'absolu, à condition qu'elle soit génératrice de services rendus par l'État, ce qui n'est pas le cas au Liban, où les services publics sont grandement défaillants depuis belle lurette », enchaîne pour sa part Jad Chaabane. Il est ainsi rejoint par un activiste du groupe « Vous puez ! », Wadih Asmar, qui estime qu'en avalisant une telle loi pour le financement de la grille, le Parlement « n'a fait que retarder les vraies réformes de l'administration en occultant royalement l'architecture financière nécessaire pour une meilleure structuration des impôts ». Et de conclure en dénonçant une « loi dangereuse qui engage les Libanais sur une dizaine d'années, à un moment où les citoyens sont éreintés par les taxes alors que leur système de santé, d'éducation et de transports est dysfonctionnel, voire inexistant ».

 

 

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L,UNIQUE SECTEUR QUI TIENT ENCORE DEBOUT L,ECONOMIE DU PAYS SONT LES BANQUES... Y TOUCHER C,EST APPROFONDIR LE PRECIPICE ECONOMIQUE DANS LEQUEL SE DEBAT LE PAYS... FAIRE PAYER LES PRIX DES TERRAINS ET DES ESPACES MARITIMES ACCAPARES DEPUIS LA GUERRE CIVILE ET JUSQU,AUJOURD,HUI NE FINANCERAIT PAS LA GRILLE DES AUGMENTATIONS SALARIALES DES M,ENFOUTISTES ... EMPLOYES DANS LE SECTEUR PUBLIC EN SURNOMBRE... MAIS REDUIRAIT EFFECTIVEMENT LA DETTE QUI SUFFOQUE LE PAYS... MAIS AVEC DES VAURIENS AUX COMMANDES LE PAQUEBOT LIBAN SE PERD DANS LES TOURMENTES QUI L,AGITENT !

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Commentaires (1)

  • L,UNIQUE SECTEUR QUI TIENT ENCORE DEBOUT L,ECONOMIE DU PAYS SONT LES BANQUES... Y TOUCHER C,EST APPROFONDIR LE PRECIPICE ECONOMIQUE DANS LEQUEL SE DEBAT LE PAYS... FAIRE PAYER LES PRIX DES TERRAINS ET DES ESPACES MARITIMES ACCAPARES DEPUIS LA GUERRE CIVILE ET JUSQU,AUJOURD,HUI NE FINANCERAIT PAS LA GRILLE DES AUGMENTATIONS SALARIALES DES M,ENFOUTISTES ... EMPLOYES DANS LE SECTEUR PUBLIC EN SURNOMBRE... MAIS REDUIRAIT EFFECTIVEMENT LA DETTE QUI SUFFOQUE LE PAYS... MAIS AVEC DES VAURIENS AUX COMMANDES LE PAQUEBOT LIBAN SE PERD DANS LES TOURMENTES QUI L,AGITENT !

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