Politique économique : le CPL dévoile sa feuille de route

Le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président de la République Michel Aoun, a rendu publique hier une « feuille de route économique », lors d'une conférence de presse à Sin el-Fil. L'ensemble des ministres affiliés au CPL étaient présents, notamment les ministres de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, et de la Justice, Salim Jreissati. « En tant que parti, il est de notre devoir d'avoir une politique économique. Nous proposons donc un plan équilibré et réaliste qui permettra de retrouver la croissance économique, créer des emplois et assurer aux citoyens les infrastructures de base, notamment l'énergie », a déclaré à cette occasion le président du CPL, Gebran Bassil, également ministre des Affaires étrangères.

Réformes structurelles
Le conseiller économique du parti, Charbel Cordahi, a ensuite détaillé cette feuille de route, structurée en quatre grands axes de réformes qui concernent respectivement les finances publiques, le climat des affaires, les infrastructures et la protection sociale. « La reprise économique devra reposer essentiellement sur la mise en place de réformes structurelles qui prennent en considération les aspects sociaux », a-t-il affirmé.
Si le document fixe un certain nombre d'orientations générales et d'objectifs chiffrés, il reste en revanche muet sur les moyens pour y parvenir. En résumé, le CPL table sur une croissance réelle du PIB oscillant entre 3,5 et 5,25 % sur les quatre prochaines années, en considérant que les réformes préconisées soient mises en place d'ici à 2020. Le premier volet de réformes est consacré à la modernisation des finances publiques à moyen terme, à commencer par la diminution de la dette publique. « Cette stratégie devrait reposer sur un rééquilibrage des comptes d'Électricité du Liban avant 2020, une amélioration de la collecte fiscale afin que les recettes publiques augmentent progressivement de 19 % du PIB à 26 % du PIB en 2020. Ainsi, le service de la dette ne représentera plus que 33 % du total des recettes publiques en 2020, et le ratio dette publique sur PIB sera à 137 % », a détaillé M. Cordahi. En outre, le CPL appelle au « maintien de la politique de stabilité monétaire, tout en opérant les réformes structurelles au lieu de réaliser des opérations (financières) exceptionnelles et coûteuses pour assurer la stabilité du taux de change », en référence aux opérations d'ingénierie financière menées en 2016 par la Banque du Liban (BDL). Une réforme du régime fiscal est également recommandée par le CPL, notamment à travers « une baisse de la part des recettes générées par des taxes indirectes qui touchent sans distinction toutes les classes sociales, au profit d'une hausse de la part de recettes générées par les taxes directes, qui n'atteint actuellement que 25 % », a énoncé M. Cordahi. Pour rappel, la majorité des nouvelles mesures fiscales destinées à financer la nouvelle grille des salaires de la fonction publique, devant encore être votée au Parlement, sont des taxes indirectes.
Le deuxième volet de la feuille de route a pour objectif une amélioration du climat des affaires. « Les procédures administratives sont lentes et doivent être simplifiées. Les conditions d'émission d'un permis de construire et les procédures import-export doivent l'être également », a insisté M. Cordahi. Les infrastructures constituent le troisième volet du plan économique du CPL, qui appelle au développement d'un réseau ferroviaire, à la modernisation des axes autoroutiers et des transports publics et à l'élargissement de l'Aéroport international de Beyrouth. Enfin, le quatrième et dernier volet demande une modernisation du code du travail, un renforcement du rôle des agences d'aide à l'emploi et une amélioration de la qualité de l'enseignement.
« Pour mener à bien cette feuille de route, il faut créer un comité économique interministériel, présidé par le Premier ministre et composé des ministres concernés, qui se réunit régulièrement pour étudier les projets », a suggéré M. Bassil.