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Nos Lecteurs ont la Parole - Sylvain THOMAS

Le droit du jugement revient à Dieu seul

Nous ne parlerons pas ici des droits de l'homme, mais des droits de Dieu dont le jugement est plein de miséricorde et doué d'une puissance immuable.
On peut objecter qu'en pratiquant depuis deux mille ans une éthique fondée sur l'amour évangélique des individus, des groupes, des ordres religieux ou d'autres mouvements charismatiques qui se sont mis au service des pauvres, des malades, des gens âgés, des prisonniers et des opprimés, des exclus et des laissés-pour-compte, cette éthique ainsi poussée par l'esprit de l'Évangile s'est prolongée et s'est élargie. Malgré des fortunes diverses, elle a fait plus que quiconque en faveur d'une prise de conscience des droits de l'homme à travers des multiples versions de la chrétienté.
S'il existe aujourd'hui une unanimité remarquable sur la nécessité de s'engager pour promouvoir les droits de l'homme, pour dénoncer leurs violations et pour assurer leur sauvegarde, il reste nonobstant une certaine confusion dès que l'on essaye de préciser tel droit ou tel autre droit de l'homme dans son contour, dans ses conséquences pratiques et dans ses limites. En effet, les droits individuels et les droits qui y sont attachés prennent sens dans la perspective d'un bien commun à réaliser, c'est-à-dire d'un devoir fondamental de solidarité.
Nous nous souvenons encore de cette phrase d'une tierce personne homosexuelle. Elle exprimait sa recherche hésitante de Dieu pour écarter une fausse image et s'orienter vers une autre, capable de lui procurer ce bien d'une réconciliation, tant avec Dieu Lui-même qu'avec soi et les autres : le « prétendu » Dieu ayant peur du désir de cette personne homosexuelle, celle-ci rechercherait le Dieu qui donnerait un sens à son existence, telle qu'elle l'éprouvait. Et refusait le Dieu qui la rendrait coupable d'exister.
On se souvient également de ce témoignage de quelques homosexuels, affirmant : « Quelque chose d'essentiel s'est passé dans notre vie quand nous nous sommes donné la main et qu'ensemble nous avons eu l'audace de dire "Notre Père qui es aux cieux..." et de continuer ainsi le Pater jusqu'à la fin. Ils retrouvaient la formule de la messe, "ils ont eu l'audace de nous l'affirmer courageusement". »
Et nous évoquons le Christ de l'Évangile, son accueil des exclus, des marginalisés de la société de son temps, pécheurs de tous ordres, lépreux, étrangers... Ce sujet de l'homosexualité rappelle résolument cette attitude du Christ, et il convient de la garder présente à l'esprit. Ce qui n'empêche pas la lucidité et le discernement.
Les amours homosexuels pourtant existent, ils sollicitent des hommes de reconnaître qu'ils sont moralement acceptables dès qu'ils considèrent la personne comme une fin en soi et que celle-ci recherche les conditions d'une authentique relation d'amour mutuel (réciprocité, fidélité, générosité, etc.). Homosexualité et hétérosexualité sont ainsi soumises à la même exigence ; ce qui est demandé à l'une est demandée à l'autre. De même que ces amours rencontrent des difficultés semblables.
On est, en effet, injustes dans les appréciations. On attribue à l'une – l'homosexualité – des lacunes, des déficiences qu'on retrouve tout aussi bien dans l'autre, l'hétérosexualité. On voit la paille dans la première, non la poutre dans la seconde.
On a qualifié la pratique homosexuelle de "narcissique", en quête davantage d'une image et d'un miroir de soi-même que d'un autre réellement différent. Mais c'est être bien peu attentif à ce qui se passe dans les couples hétérosexuels et l'amour qu'on y trouve. Tout amour est narcissique.
Mais voici le problème : le couple homosexuel au Liban est soumis à la redoutable épreuve des jugements malveillants, des regards méprisants ou blagueurs. Il lui faut se cacher, vivre plus ou moins dans la clandestinité. Il ne bénéficie pas de la faveur de l'opinion publique. D'un autre côté, le couple hétérosexuel tend de plus en plus à se fonder sur le sentiment, et donc lui-même à se fragiliser, si on en juge par le nombre de plus en plus croissant de divorces. De sorte que l'argument de la grande instabilité des couples homosexuels est moins convaincant qu'il paraît à première vue.
Par voie de conséquence, il s'agit pour nous autres citoyens libanais de ne pas sous-estimer ou critiquer, ou bien encore marginaliser ces personnes. Le Christ nous a demandé dans son Évangile de ne pas juger et de ne pas condamner pour que nous-mêmes ne soyons pas jugés et condamnés.
On a dit qu'Hitler, ayant lui-même des ascendants juifs qu'il reniait, a trouvé là un motif inconscient des plus puissants pour sa haine et sa lutte contre les juifs. En cherchant à les éliminer, c'est une partie de lui-même qu'il cherchait à faire mourir définitivement. C'est ce qui doit nous rendre prudents dans le jugement qu'on peut porter sur les homosexuels. À trop les mépriser, à trop les condamner, on risquerait de laisser entendre qu'ils représentent une part refoulée de nous-mêmes.

Nous ne parlerons pas ici des droits de l'homme, mais des droits de Dieu dont le jugement est plein de miséricorde et doué d'une puissance immuable.On peut objecter qu'en pratiquant depuis deux mille ans une éthique fondée sur l'amour évangélique des individus, des groupes, des ordres religieux ou d'autres mouvements charismatiques qui se sont mis au service des pauvres, des malades, des...

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