Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Offensive

L’Irak annonce la « libération » de Mossoul

Le PM Abadi s'est rendu dans la ville et a félicité ses compatriotes pour cette victoire.

Deux membres des forces irakiennes célébrant hier à Mossoul la « libération » de la ville. Fadel Senna/AFP

L'Irak a déclaré hier la « victoire » à Mossoul contre le groupe État islamique à l'issue d'une bataille de près de neuf mois, le plus grand revers de l'organisation jihadiste depuis sa fulgurante offensive il y a trois ans.
Le Premier ministre irakien Haider el-Abadi s'est rendu « dans la ville libérée de Mossoul » et a félicité « les combattants héroïques et le peuple irakien pour cette victoire majeure », a indiqué son bureau dans un communiqué. « Cette victoire, c'est pour tous les Irakiens, pas seulement pour nous », a déclaré Mohannad Jassem, un membre du service de contre-terrorisme irakien (CTS), fer de lance de l'offensive lancée le 17 octobre et soutenue par la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Le président français Emmanuel Macron, dont le pays est un membre actif de cette coalition, a déclaré sur Twitter que la France rendait « hommage à tous ceux, avec (ses) troupes, qui ont contribué » à ce que Mossoul soit « libérée ».

« La plus difficile des batailles »
Le compte Twitter de M. Abadi l'a montré dans la deuxième ville du pays, vêtu d'un uniforme militaire. Lors d'une réunion au quartier général de la police fédérale, dans l'ouest de Mossoul, le Premier ministre a ordonné « d'éliminer les derniers (jihadistes) défaits (...), d'établir la sécurité et la stabilité dans la ville libérée, et de la débarrasser des mines et explosifs ». Signe que les combats ne semblent pas totalement terminés, des coups de feu et des frappes aériennes étaient encore audibles dans l'après-midi.
La reconquête de la deuxième ville d'Irak, dont l'EI avait fait son principal bastion dans le pays, est la plus importante victoire de Bagdad face à l'EI depuis que le groupe extrémiste sunnite s'était emparé en 2014 de vastes portions du territoire. Mais elle ne marque pas pour autant la fin de la guerre contre l'organisation ultraradicale, responsable d'atrocités dans les zones sous son contrôle et d'attentats meurtriers dans le monde. Les forces irakiennes avaient capturé en janvier l'est de la cité puis attaqué l'ouest en février. Les combats se sont ensuite intensifiés à mesure que l'étau se resserrait sur les jihadistes dans la vieille ville, un espace étroit et densément peuplé.
Ces derniers jours, les quelques jihadistes encore présents à Mossoul étaient assiégés dans un réduit de la vieille ville. Le commandement irakien des opérations conjointes a annoncé hier que les forces de sécurité avaient tué « 30 terroristes » qui tentaient de s'enfuir en traversant le fleuve Tigre, qui sépare la cité en deux. « Les combats ont été très durs, tout spécialement dans le vieux Mossoul. C'était la plus difficile des batailles », a confié Haitham Mouhan Inaad, un soldat de la 9e division blindée de l'armée, qui dit avoir livré des combats dans plusieurs autres villes.

Revanche
Pour les forces irakiennes, la victoire à Mossoul sonne comme une revanche. La chute de la cité, le 10 juin 2014, avait été le symbole de l'effondrement de l'État irakien et de la débâcle de ses forces de sécurité face aux jihadistes qui avaient déferlé sur l'ouest et le nord du pays. L'armée avait alors abandonné la ville dans le désordre le plus total, laissant derrière elle armements et véhicules militaires, précieux butin pour les jihadistes.
Mossoul avait une importante dimension symbolique pour l'EI : son chef Abou Bakr el-Baghdadi y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation d'un « califat » sur les vastes territoires conquis par le groupe jihadiste en Irak et en Syrie. Le sort de Baghdadi demeure incertain : la Russie a affirmé en juin l'avoir probablement tué dans une frappe en Syrie mais personne n'a confirmé sa mort.

Civils traumatisés
Les neuf mois de campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de près d'un million de civils, selon l'ONU, dont 700 000 sont toujours déplacés. Les civils piégés dans la ville ont vécu dans des conditions « terribles », subissant pénuries en tout genre, bombardements et intenses combats, et servant de « boucliers humains » d'après les Nations unies.
Parmi les centaines de civils qui fuyaient quotidiennement ces derniers jours, des journalistes de l'AFP à Mossoul ont vu une soixantaine de femmes et d'enfants, inconsolables et traumatisés. Parmi eux Fatima, qui venait de revoir le ciel après quatre mois passés dans un sous-sol, sans « presque aucune nourriture ni eau ». Quand son groupe s'est mis en marche, son frère a été touché par une balle de sniper jihadiste, a-t-elle raconté. Plus loin, une mère de famille, le visage défiguré par le chagrin, a dit à un soldat qu'elle venait juste de perdre son fils de 7 ans dans un bombardement au moment de leur fuite. « Je n'ai rien pu faire », criait-elle.
L'EI contrôle cependant toujours quelques zones en Irak, notamment les villes de Tal Afar et de Hawija, au nord de Bagdad, et des zones désertiques de la province d'al-Anbar (Ouest), frontalière de la Syrie. Le groupe extrémiste tient également des territoires en Syrie, dont la vallée de l'Euphrate autour de Deir ez-Zor, même s'il a perdu du terrain depuis 2015 et que son fief de Raqqa (Nord) est assiégé par des forces soutenues par Washington.
Source : AFP

L'Irak a déclaré hier la « victoire » à Mossoul contre le groupe État islamique à l'issue d'une bataille de près de neuf mois, le plus grand revers de l'organisation jihadiste depuis sa fulgurante offensive il y a trois ans.Le Premier ministre irakien Haider el-Abadi s'est rendu « dans la ville libérée de Mossoul » et a félicité « les combattants héroïques et le peuple...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut