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Liban - Vivre-ensemble

Plein appui du congrès islamo-chrétien de Louaïzé à la déclaration d’al-Azhar

« L'État de nature civile » s'introduit dans le vocabulaire de la plus grande instance de référence sunnite du monde arabe.

Le panel d’intervenants au congrès de Louaïzé. Photo Ani

Dans une volonté explicite de donner le plus grand impact politique à la déclaration d'al-Azhar des 28 févier-1er mars derniers sur la citoyenneté et le vivre-ensemble, le patriarcat maronite a appelé à la tenue d'un congrès islamo-chrétien au cours duquel, dans une déclaration finale dite « déclaration de Louaïzé », il a salué et apporté sa pleine adhésion au document d'al-Azhar.

« Le congrès de Notre Dame de Louaïzé salue et appuie la déclaration d'al-Azhar comme un appel sincère de la part de la plus haute institution religieuse arabe et islamique à un partenariat complet dans tous les pays arabes, au sein d'un État national constitutionnel civil distinguant entre la religion et l'État, et reposant sur l'égalité entre tous les membres d'un même pays ; un pays qui valorise la diversité et la pluralité culturelle et religieuse, et remplace par le terme "citoyenneté" les termes de minorité et de majorité », affirme le premier point de la déclaration.

Le colloque s'est tenu samedi à l'Université de Louaïzé (Kesrouan) relevant de l'ordre religieux mariamite, auquel appartient le patriarche Raï, en présence d'un certain nombre d'experts musulmans et chrétiens qui avaient participé au Caire aux travaux ayant débouché sur la déclaration d'al-Azhar, ainsi qu'en présence des chefs de toutes les communautés musulmanes au Liban.

La déclaration de Louaïzé pousse la déclaration d'al-Azhar vers la reconnaissance de « l'État de nature civile » (expression destinée à éviter l'ambiguïté que revêt l'expression État laïc pour un musulman) où la notion de citoyenneté, avec toutes ses implications juridiques (égalité de tous les citoyens en droits et en devoirs), se substituerait, sur le plan des effets juridiques et civiques, à celle d'appartenance religieuse musulmane ou chrétienne, de minorité et de majorité. Cette question de terminologie pourrait paraître secondaire, aux yeux de certains. En fait, elle ne l'est pas. La déclaration d'al-Azhar avait utilisé le terme « d'État national constitutionnel », pour parler de l'État moderne qui constituerait le dépassement définitif du concept de « l'État islamique » prôné jusqu'à présent, que ce soit dans son acception modérée ou extrémiste. Toutefois, certains avaient reproché cette ambiguïté de formulation. Avec la déclaration de Louaïzé, celle-ci est levée, puisque les termes « État de nature civile » y coexistent parallèlement à ceux d'État national constitutionnel, en tant que deux expressions équivalentes.

Du reste, le cheikh Abbas Choumane, bras droit du grand imam d'al-Azhar, a lui-même adopté, dans son intervention en début de colloque, la terminologie d' « État de nature civile » pour parler de l'État de la citoyenneté défendu par la déclaration d'al-Azhar.

Lue par le patriarche Raï

Lue par le patriarche Raï en personne en fin de session, la déclaration de Louaïzé a été approuvée – sous réserve de retouches mineures qui seront apportées en dernière lecture – par le cheikh Abdellatif Deriane, mufti sunnite de la République, le cheikh Ahmad Kabalan, mufti jaafarite, le cheikh Naïm Hassan, cheikh Akl de la communauté druze, et le cheikh Mohammad Asfour du Conseil supérieur alaouite. La déclaration de Louaïzé exprime par ailleurs son souci de « protéger le vivre-ensemble » au Liban tel qu'il est consacré dans le préambule de la Constitution, contre « les tensions confessionnelles, les craintes et les alignements » qui le fragilisent. Elle relève aussi la nécessité de « faire évoluer le régime (...) vers un État de nature civile ».
La déclaration engage le Liban et tous les autres pays arabes à renforcer leur action contre l'extrémisme, tout durcissement et tout repli, à « s'attacher à la modération et au juste milieu » et « à coopérer à cette fin au sein d'institutions religieuses, éducatives ou culturelles » dans le but de créer « une culture nouvelle ».
Les tenants de la déclaration ont affirmé par ailleurs qu'au service de leurs objectifs, ils se mettront en contact avec le Vatican et d'autres institutions religieuses internationales musulmanes et chrétiennes « dans un effort de coordination et de coopération ».

Les congressistes ont par ailleurs endossé l'appel à faire du Liban un centre international pour le dialogue des religions, des cultures et des civilisations.
La déclaration de Louaïzé apporte son appui à la cause palestinienne et appelle les communautés arabe et internationale à « œuvrer sérieusement à arrêter les guerres et les conflits en Syrie, en Irak, au Yémen et partout ailleurs » et à leur trouver des règlements politiques.
Pour sa part, le cheikh Abbas Choumane devait proposer au Liban d'imiter l'une de ses initiatives, la formation d'un conseil permanent, la « Maison de la famille égyptienne », coprésidée par le grand imam d'al-Azhar et le pape des coptes orthodoxes Tawadros II. Cette instance a pour vocation de veiller sur le vivre-ensemble en Égypte.

Modéré par l'ancien ministre Tarek Mitri, le colloque a été marqué par des interventions de Rabab Sadr, Farès Souhaid, Radwan Sayyed, Abbas Halabi, Antoine Messarra et Antoine Courban. Son suivi sera assuré par un comité comprenant notamment le recteur de l'Université de Louaïzé, le P. Walid Moussa, ainsi que l'ancien député Farès Souhaid.

 

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commentaires (2)

TRES BON SI LA DECLARATION D,AL AZHAR NE RESTE PAS QUE DES PAROLES ET DES SOUHAITS... ET SERAIT SUIVIE PAR TOUS LES PAYS ARABES ET ISLAMIQUES !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 16, le 03 juillet 2017

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Commentaires (2)

  • TRES BON SI LA DECLARATION D,AL AZHAR NE RESTE PAS QUE DES PAROLES ET DES SOUHAITS... ET SERAIT SUIVIE PAR TOUS LES PAYS ARABES ET ISLAMIQUES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 03 juillet 2017

  • Enfin une nouvelle réjouissante pour nous tous LIBANAIS: musulmans, chrétiens, druzes! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 13, le 03 juillet 2017

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