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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le spécieux présent de Trump

Le président US se trouve dans la position où il ne peut laisser faire seuls l'Iran et la Russie en Syrie.

L’entrée de l’hôtel Trump International à Washington. Paul J. Richards/AFP

Et la démocratie se retrouve solitaire et évanescente. Alors que le chaos règne à tous les échelons. Tels les feux braqués sur la photographie d'une couverture de la revue Time (en date de mars 2009), représentant le président Trump, accrochée dans tous les clubs et les hôtels du milliardaire new-yorkais. Toutefois, le Time a indiqué, lundi, qu'il s'agissait d'une photo falsifiée qu'il n'avait jamais publiée cette année-là. C'est un reporter qui a découvert le pot aux roses en détectant des détails jamais utilisés par le célèbre magazine. Sara Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche, a d'ailleurs précisé, lundi, au cours d'un point de presse houleux que le président Trump n'est pas du tout au courant de cette tricherie.

Règne également de ce que l'on a appelé « l'autocratie yankee » : il est actuellement demandé à chaque voyageur débarquant par avion aux États-Unis, ou quittant ce pays, d'exhiber les livres dans ses bagages, afin qu'ils soient examinés. On ne sait pas pour quelles raisons, mais c'est « comme en Arabie saoudite », a commenté un analyste.

Sur un autre plan, Drudge Report, le journal électronique, conservateur et inconditionnel du président Trump, a crédité (selon ses propres sondages) sa popularité de 95 %. Deux heures plus tard, il a dû retirer ce calcul, après que le respectable Pew Research Center eut publié un sondage de son cru donnant les chiffres suivants, résultant d'une étude effectuée dans 37 pays : 22 % seulement considèrent que Trump conduit bien la politique internationale. Ceci, par contraste à son prédécesseur Obama qui, dans ce domaine, avait atteint les 64 % à la fin de son mandat.

 

Un fléau d'ignorance civique
Parallèlement, Richard Haass, l'un des rares experts en politique étrangère que le président Trump affirme respecter, a eu des mots durs pour les premiers faux pas de l'administration : « Je pense que cette administration est en train de se desservir... Elle est décentralisée et improvisée. » Et il l'a qualifiée d'« ad hocratie ».

Dans ce contexte, la question qui se pose est de savoir comment le président Trump tient encore la route, carburant à coups de changements de cap continus, imprécis et souvent dénués de fondements. Pour Henry Giroux, professeur de « Public Interest », « l'ascendance de Trump dans la politique américaine révèle un fléau d'ignorance civique profondément ancrée, un système politique corrompu et un mépris qui prend forme depuis des décennies ».

Le peuple américain et le monde entier se demandent aussi si Donald Trump représente un changement permanent de la politique américaine ou bien s'il est une aberration temporaire. Ce qui est sûr, c'est que la Syrie a eu un impact sur les démocraties américaines et occidentales qui, quand elles étaient non impliquées dans ce conflit, ont vu surgir une coalition de dictateurs s'acharnant sur Alep et les villes syriennes où les opposants à Bachar el-Assad avaient gagné du terrain. Certes, à présent, le président Trump
se trouve dans la position où il ne peut laisser faire seuls l'Iran et la Russie. Mais son approche dans ce domaine – avec sa dernière mise en garde contre une éventuelle attaque chimique par le régime – est jugée irréfléchie. Selon un ancien membre du Conseil national de sécurité, « il est inhabituel de lancer ce genre d'avertissement, particulièrement à partir de la Maison-Blanche ». Car en cas de non-réponse américaine, l'administration se retrouverait face à un sérieux problème de crédibilité. Et elle remettrait en question la compétence des renseignements du pays, au cas où il y aurait eu erreur de jugement. Sans compter que, faute de preuves tangibles, cette annonce a été niée, partiellement ou entièrement, par différentes sources de l'administration. Fausse ou pas, elle prouve l'inexistence d'un plan américain pour la Syrie. Et, selon un historien, cette faiblesse politique et militaire, qui a commencé depuis les manifestations contre la guerre du Vietnam, prouve l'actuelle incapacité de ce pays à rallier ses alliés en un front robuste et crédible contre la Syrie d'Assad. M. Trump reste inébranlable dans ses positions spécieuses, alors que ses adversaires, y compris le Parti démocrate, n'arrivent toujours pas à contrer cette réalité.

 

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