Aide aux migrants: un agriculteur français jugé en appel

Une peine de huit mois de prison avec sursis a été requise lundi à l'encontre d'un agriculteur français devenu le symbole de l'aide aux migrants à la frontière franco-italienne, Cédric Herrou, lors d'un procès en appel à Aix-en-Provence (sud-est), devant une foule de soutiens.

M. Herrou "a fourni cette aide sans apporter la preuve de la détresse" des migrants, a estimé l'avocat général.
"Lorsque nous sommes face à la détresse humaine dans la rue, vous allez aider la personne", a rétorqué l'avocat de la défense, Me Zia Oloumi, demandant la relaxe de M. Herrou, "devenu le visage de cette solidarité".
"Je suis innocent", a quant à lui déclaré Cédric Herrou, 37 ans.

Cet agriculteur bio de la région de Nice a "transporté des gens", des migrants - majoritairement des Soudanais et Erythréens - depuis l'Italie et aidé jusqu'à 200 clandestins.
"J'ai l'impression de faire le travail de l'Etat", a lancé devant le tribunal l'homme, chemise blanche, petites lunettes et barbe fournie, qui se demande "comment on peut dormir quand des gens sont dehors quand il pleut".
"Je n'incarne pas une lutte" mais "je me sens considéré comme un contrebandier" par la justice "alors qu'on parle de gens", s'est désolé ce militant, condamné en février à une peine de 3.000 euros d'amende avec sursis mais relaxé des autres faits pour lesquels il était poursuivi.

Le parquet de Nice, qui avait également demandé une condamnation à huit mois de prison avec sursis, avait fait appel de ce jugement.
Une centaine de militants étaient rassemblés lundi devant la cour d'appel pour soutenir Cédric Herrou, munis de pancartes "La solidarité n'est pas un délit".
La cour d'appel rendra sa décision le 8 août.

A la frontière franco-italienne, la situation ne cesse d'empirer: le nombre de migrants est en forte hausse et les accidents mortels se multiplient.
Lundi matin, un migrant de 27 ans a été retrouvé, électrocuté, sur le toit d'un train en provenance d'Italie et hospitalisé dans un état grave.