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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Brigitte Gabriel et sa « Marche contre la charia »

Née à Marjeyoun, la fondatrice d'ACT for America fait couler beaucoup d'encre avec son appréhension viscérale de l'islam, qu'elle a transformée en cause nationale.

Des manifestants durant la Marche contre la charia, à Seattle. David Ryder/Reuters

Le week-end dernier, une alliance contre nature a rassemblé des membres d'un groupe islamophobe avec des néo-nazis, des suprématistes blancs et des membres d'une milice armée antigouvernementale qui ont manifesté contre la charia dans plusieurs villes des États-Unis. Cette menace islamiste a été qualifiée de leurre par les opposants à ces marches qui ont souligné que « personne n'a demandé l'application de la loi islamique aux États-Unis ». Ce mouvement de protestation, qui s'était fait appeler « March Against Sharia » (« Marche contre la charia »), s'est étendu à 28 villes de 21 États. Il a été organisé par ACT for America, considéré comme le plus grand groupe anti-islamique des États-Unis, qui avait décrit ce ralliement comme « une noble prise de position contre l'atrocité » découlant selon lui de la charia.

Selon un analyste, un coup d'œil sur ce groupe, ses origines et ses membres révèle que sous ses contestations juridiques perce une prise de position contre l'islam et les musulmans. De plus, ACT for America a attiré à lui les plus dangereux éléments de l'extrême droite. Il a été placé par le Southern Poverty Law Center (qui veut promouvoir la tolérance) sur la liste des groupes haineux. Ce groupe a été fondé par Brigitte Gabriel, une émigrée chrétienne du Liban, qui estime que « chaque musulman pratiquant est un musulman radical » et que les musulmans sont « une menace naturelle pour les gens civilisés dans le monde, particulièrement la société occidentale ». Malgré le fait que les pamphlets distribués durant la « March Against Sharia » indiquaient qu'Act for America croit en la liberté religieuse, Brigitte Gabriel pense aussi que « le musulman pratiquant, qui croit en l'enseignement du Coran, ne peut pas être un loyal citoyen des États-Unis d'Amérique ».

 

De son vrai nom Hanane Kahwaji
Selon un sociologue, Brigitte Gabriel et ACT for America ont taclé durant des années la peur contre les musulmans pour priver ces mêmes musulmans des droits octroyés à ceux pratiquant d'autres religions. Brigitte Gabriel, de son vrai nom Hanane Kahwaji, est née le 21 octobre 1964 à Marjeyoun (sud-est du Liban). Elle utilise aussi d'autres surnoms, Nour Seman et Brigitte Tudor. Elle revient toujours sur les durs problèmes que les Libanais ont endurés durant la guerre civile et elle s'en dit victime parce que chrétienne. Elle raconte qu'elle avait vécu avec ses parents durant sept ans dans un abri, sans électricité ni eau courante et avec peu de nourriture, et qu'elle devait ramper pour aller à la source, afin d'éviter les balles d'un franc-tireur musulman. Elle a fait partie des sympathisants du général Antoine Lahad qui avait dirigé l'Armée du Liban-Sud et, après avoir travaillé à sa télévision, elle avait été vivre en Israël avant de se fixer aux États-Unis en 1989.

Le journaliste Michael Young souligne qu'elle réduit le conflit du Liban-Sud à une guerre des musulmans contre les chrétiens.

Le New York Times écrit qu'ACT For America agit en particulier parmi les chrétiens évangéliques conservateurs qui sont des défenseurs d'Israël. D'après le Washington Post, ce groupe estime que sa première réalisation, en 2008, a été une campagne menant à la fermeture d'une école musulmane dans le Minnesota. Brigitte Gabriel a dit, en février dernier, qu'elle avait présenté au président Trump un briefing sur la sécurité nationale. Elle a aussi indiqué qu'en mars dernier, elle s'était réunie avec lui.
D'après Peter Beinart, du journal The Atlantic, ACT « essaye de dissuader les juifs et les chrétiens d'engager un dialogue interreligieux avec les musulmans ».

À noter que plusieurs associations des droits civils ont dénoncé la Marche contre la charia, allant jusqu'à affronter ses membres dans la rue, ce qui a amené la police à intervenir et opérer des arrestations. Le Huffington Post s'est demandé si la discrimination contre la tradition d'une religion pouvait vraiment servir la devise de Trump, « Make America Great Again » (« Rendre à l'Amérique sa grandeur »).
Nous avons demandé à Brigitte Gabriel des éclaircissements concernant ses éventuels rapports avec le Liban, sans obtenir de réponse.

 

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