Des réfugiés syriens toujours bloqués entre Algérie et Maroc

Une quarantaine de réfugiés syriens restaient coincés mardi à la frontière entre Maroc et Algérie, en raison d'un "blocage" entre les deux pays, bien qu'une délégation venue d'Alger - qui a accepté de les accueillir- soit sur place, selon des ONG.

"Les familles de réfugiés syriens sont toujours bloquées à la frontière entre l'Algérie et le Maroc. Les autorités des deux pays se rejettent la balle", a déclaré à l'AFP Noureddine Benissad président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).
"L'Algérie a officiellement déclaré qu'elle était prête à recevoir ces réfugiés mais pour le moment, le problème perdure", a-t-il ajouté sans autre précision.

Interrogée par l'AFP, Saida Benhabiles présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), dont une délégation conjointe avec le Haut Commissariat aux Réfugies (HCR) de l'ONU attend depuis lundi soir au poste-frontière de Béni-Ounif, a rendu implicitement le Maroc responsable de cette situation.

"Rien ne bloque du côté algérien, tout était prêt pour accueillir les réfugiés syriens hier (lundi), une équipe médicale avec un psychologue est sur place. On avait même préparé des repas pour eux", a-t-elle affirmé.
"Pour des raisons humanitaires, l'Algérie a ouvert ses frontières, pourtant fermées, mais le problème c'est que les Syriens sont sur le territoire marocain et on ne peut pas aller les chercher", a-t-elle ajouté, regrettant une "instrumentalisation de la souffrance humaine à des fins politiques".

Dans un communiqué, plusieurs organisations, dont l'Association marocaine pour les droits Humains (AMDH), la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) ou la LADDH, ont exhorté "les autorités des deux pays à trouver une solution immédiate".
"Alors que le dialogue de sourds entre les autorités algériennes et marocaines perdure, des hommes, des femmes et des enfants attendent depuis cinq jours (...) de l'eau et de la nourriture", s'alarment-elles, dénonçant les "entêtements souverainistes d'Alger et Rabat" sur fond de "conflit territorial larvé".
Elles dénoncent "les traitements inhumains et dégradants infligés par les autorités des deux pays pour des motifs territoriaux" et exhortent Rabat et Alger à "faire sortir immédiatement ces personnes de la zone hors droit où elles sont maintenues arbitrairement".

La frontière terrestre entre les deux rivaux du Maghreb est fermée depuis 1994. Les deux voisins entretiennent des relations très difficiles, en particulier autour de la question du Sahara occidental, une rivalité encore exacerbée depuis le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA) début 2017.