Cent cinquante participants de différents secteurs, parmi lesquels des journalistes du Liban, se sont penchés, à Turin, sur les normes internationales du travail. Photo ITC-ILO
Les droits du travail étaient au cœur d'un séminaire qui s'est déroulé du 22 au 26 mai à Turin, au Centre international de formation (ITC) de l'Organisation internationale du travail (OIT).
L'événement, baptisé « Académie internationale des normes du travail », a regroupé 150 acteurs-clés du monde de l'emploi, des représentants d'organismes internationaux, des experts, des juges, des représentants d'employeurs, de travailleurs ou de syndicats, des journalistes aussi parmi lesquels quelques représentants du Liban.
Avec pour objectifs d'améliorer les droits du travail, de respecter les standards internationaux établis par l'OIT, mais aussi de communiquer correctement sur ces questions. Plus particulièrement, il vise à contribuer à promouvoir la justice sociale, en réduisant les formes de travail qui mettent en danger la sécurité des travailleurs, leurs droits et leur santé.
Car l'institution onusienne œuvre, à travers les standards internationaux qu'elle a développés, à assurer aux travailleurs justice, dignité et sécurité. Elle tient à s'assurer que le développement de l'économie du travail serve à tous, gouvernements, employeurs et travailleurs.
(Pour mémoire : Au Liban, un 1er mai éminemment politique)
Le séminaire était l'occasion pour les participants des cinq continents, réunis tantôt en assemblées générales, tantôt en ateliers de travail, d'échanger leurs expériences et leurs vécus sur des sujets généraux liés à la protection sociale, à l'emploi atypique, aux relations d'emploi multipartite, à la bonne gouvernance. Dans les détails, ont été abordées parmi tant d'autres des questions relatives au travail des enfants, à la discrimination contre les femmes, au travail domestique, aux migrations économiques, au trafic d'êtres humains, à la sécurité de l'emploi... Quelques chiffres ont émergé, parmi lesquels le nombre de chômeurs dans le monde, qui a atteint en 2016 le seuil de 200 millions de demandeurs d'emploi, selon l'OIT. De nouvelles tendances ont été signalées, comme l'augmentation sensible du travail atypique, qui regroupe notamment le travail à temps partiel, à domicile, ou à la pige. Protéger les droits de ces travailleurs atypiques est un des grands défis actuels.
Chaque participant s'est également penché sur la situation dans son propre pays, sur les lacunes ou les avancées dans le domaine des droits du travail. À titre d'exemple, le Liban, qui est membre de l'OIT depuis 1948, a ratifié sept des huit conventions fondamentales de l'OIT. À savoir, la convention 98 sur le droit d'organisation et de négociation collective de 1949 ; la convention 29 sur le travail forcé de 1930 ; la convention 105 sur l'abolition du travail forcé, 1957 ; la convention 138 sur l'âge minimum, 1973 ; la convention 182 sur les pires formes de travail des enfants, 1999 ; la convention 100 sur l'égalité de rémunération, 1951 ; la convention 111 concernant la discrimination (emploi et profession), 1958. Mais il n'a pas ratifié la convention 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948. Il est toutefois tenu de respecter la totalité de ces huit conventions, à l'instar de tous les pays membres de l'OIT, car elles sont considérées comme étant des normes internationales fondamentales du travail.
Si l'on se limite à ces quelques conventions fondamentales parmi des centaines de conventions, de recommandations et de protocoles, et à la façon dont elles sont appliquées au Liban, on ne peut que constater le chemin qu'il reste à faire dans le domaine, rien qu'au niveau du travail de l'enfance, de l'égalité des genres, du droit syndical, du travail forcé... Sans parler bien entendu du travail domestique, qui n'est toujours pas considéré par le code du travail local comme une profession et dont le Liban n'a toujours pas ratifié la convention 189. Cette profession regroupe pourtant 67 millions de travailleurs domestiques à travers le monde. L'OIT a, certes, par ses relations avec les États membres, des moyens d'encourager ces derniers à adopter les conventions et de les aider à les appliquer, mais elle n'a pas le pouvoir de les forcer à les ratifier, pas plus qu'elle ne peut prendre de sanctions à l'égard des États récalcitrants.
Pour mémoire
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