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Agenda - Hommage à Antoine Hajj Assaf

Une longue rivière douce

Ses parents s'étaient dépensés corps et âme pour lui faire prodiguer, à ce fils unique, l'enseignement qu'ils n'avaient pas eu. Comme beaucoup de jeunes, il ne pouvait changer de statut social qu'en acquérant un diplôme et c'est finalement de l'AUB qu'il fut diplômé en management et finance.
Lancé très jeune dans l'arène du travail, ses qualités intrinsèques, honnêteté, précision, fidélité, furent très rapidement perçues par le cheikh Boutros el-Khoury, homme d'affaires réputé dans les années glorieuses du Liban. Et c'est ainsi qu'il lui confia la direction de la Banque du crédit agricole, industriel et foncier dont il était le président. Il y restera jusqu'à la retraite et sera chargé ensuite de la liquidation durant des années quand la décision de mettre fin aux activités de la banque sera prise.
Homme de dialogue et d'ouverture, il pouvait rester des heures à interroger et à essayer de comprendre ce qui était en dehors de sa compétence professionnelle. Homme de cœur, il supportait (au sens latin) tous les membres de la grande famille, avec une effusion maîtrisée, mais avec le sourire qui ne le quittait jamais. Homme de courtoisie, jamais parole déplacée ou injure ne sortit de sa bouche. C'est qu'il avait des nerfs d'acier, cet Antoine : la guerre, les bombardements, les soucis quotidiens, il les apurait le soir par deux verres de whisky qu'il appelait à raison « un shampoing », celui qui vous rend apte à enlever les saletés de la journée et à redevenir un homme nouveau pour le lendemain.
Homme perspicace, il avait compris que c'est le cœur qui avait emporté son père très tôt. Et c'est pour cette raison que, dès la quarantaine, il s'attela à cet exercice délicat de se faire surveiller en continu, de n'omettre ni vitamine, ni antioxydant, ni n'importe quel nouvel enzyme, de façon à se protéger au mieux. Il n'hésitera pas à se faire opérer plusieurs fois du cœur, convaincu que les techniques opératoires cardiaques acquises par nos jeunes chirurgiens libanais étaient durablement maîtrisées.
Antoine, n'est-ce pas par un signe prémonitoire que Alia ait tenu à ce que toute la famille soit à la même table il y a moins d'un mois ? Malgré les signes de faiblesse que tu montrais, tu étais heureux que nous soyons tous là.
Ton cœur, plusieurs fois malmené, a fini par flancher et c'est au cours de ton sommeil, discrètement, comme tu l'as toujours été, sans faire le moindre bruit, sur la pointe des pieds, que tu nous a quittés.
Repose en paix dans le Christ.

 

Ses parents s'étaient dépensés corps et âme pour lui faire prodiguer, à ce fils unique, l'enseignement qu'ils n'avaient pas eu. Comme beaucoup de jeunes, il ne pouvait changer de statut social qu'en acquérant un diplôme et c'est finalement de l'AUB qu'il fut diplômé en management et finance.Lancé très jeune dans l'arène du travail, ses qualités intrinsèques, honnêteté, précision,...