Rechercher
Rechercher

Liban - Entretien

François Barras à « L’OLJ » : Le Liban est une plate-forme extraordinaire

François Barras.

Au terme de « trente années magnifiques dans des postes intéressants », dont deux mandats au Liban – le premier de 2006 à 2010 et le second de 2015 à nos jours –, l'ambassadeur de Suisse au Liban François Barras entame le 1er juin « une nouvelle période de sa vie, un passage à autre chose ». Quelle prochaine étape ? Il envisage « de travailler, dans un premier temps, avec sa famille, de capitaliser sur son expérience et de rester à l'écoute », confie-t-il dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour dans ses bureaux à Beyrouth. Mme Monika Schmutz Kirgöz, ex-consule générale de Suisse à Istanbul, assurera la relève.

Cet « exceptionnel joyau de la diplomatie », comme le qualifie Anouar el-Khalil, député et président du Comité libano-suisse, quitte, « avec nostalgie », le pays du Cèdre, « un bijou » où il compte de nombreux amis. Mais il concocte déjà des projets dans « différents domaines, dont notamment avec des sociétés privées qui souhaitent développer des relations d'affaires et d'éducation entre les deux pays ». Esprit ouvert et « proactif », ce grand ami du Liban a bien limé son savoir sur la formation professionnelle avec des universités en Suisse et au Liban avec l'idée d'explorer des moyens d'une « intégration entre l'économie et l'éducation, une des clés du succès de la Suisse qui s'est hissée l'an dernier au premier rang dans l'innovation. C'est le pays avec le plus bas taux d'étudiants universitaires en Europe avec un tiers de Suisses qui vont à l'université », relève-t-il.

Paradoxe ? « Ce n'est pas par manque d'ambition, » ajuste le diplomate. « Ce système très spécial est à la base du succès de la Suisse. C'est là un des domaines où je travaillerai avec les industriels libanais. Le système de partage de ces expériences pourrait être aussi applicable au Liban dans le domaine éducatif. Ce qui contribuerait à réduire le chômage des jeunes. Pour y arriver, il faudra s'appliquer à revaloriser les études techniques », assure le diplomate.

 

(Lire aussi : Le Liban peut-il s'inspirer de l'expérience suisse en matière de défense ?)

 

 

Rayonnement culturel
L'ambassadeur Barras fourmille d'idées pour mettre à profit « le potentiel libanais avec toutes les start-up de jeunes dynamiques et compétents ». « Je pourrais être utile dans ce domaine de l'économie », suggère t-il. Le Liban est « une plate-forme extraordinaire » pour l'Afrique, le Golfe et l'Amérique latine. Avec un subtil dosage de diplomatie traditionnelle et de diplomatie publique, François Barras, qui a laissé sa marque dans tous les domaines, a su faire aimer la Suisse en tant que « carrefour des cultures européennes, avec une culture particulière dans le cadre européen », et a su valoriser le Liban en exploitant la créativité culturelle du pays. Il constate toutefois qu'il y a « à faire tout un travail d'exportation et de rayonnement de la culture libanaise ».

Avec son équipe et son proche collaborateur, Michel Abou Khalil, François Barras a recours à la culture pour « véhiculer l'image et les messages importants de la Suisse, un pays d'ouverture, de refuge, d'échange, de traducteurs et de symbole de la paix ». « La Suisse est aussi ancrée dans le XXIe siècle, un pays de l'innovation et de la modernité qui s'exprime par l'art contemporain, le design et l'architecture, poursuit-il. C'est cette image du pays que nous montrons à travers les spectacles culturels et les débats », assure M. Barras. Grâce aux réseaux sociaux, outil important pour la communication, et au courriel de 5 000 personnes, l'ambassadeur et son équipe ont construit peu à peu un public qui se rend à leurs évènements. La Suisse a ainsi acquis une image de pays d'échanges, de rencontres et de rayonnement culturel, toujours dans l'intérêt des deux pays. « C'est ce qu'on appelle une diplomatie publique », constate-t-il avec satisfaction.

 

Nouveau développement
Osmose entre les deux pays ? « L'objectif est de créer des liens ou "connecting the dots", en construisant un réseau de partenariats locaux, avec des dizaines d'associations, de maisons de la culture, et festivals à travers tout le Liban. Parce qu'il y a à Beyrouth une frénésie de la culture », note l'ambassadeur Barras. Pour mener à bien son objectif, le diplomate a mis sur pied un fonds culturel alimenté par des entreprises et individus suisses. Ce soutien permet de financer les expositions, les frais de déplacement et d'hébergement des artistes et des groupes.
Nostalgie du départ ? « Je quitte mon métier. Je pense que ma relation avec le Liban va encore se développer, s'approfondir pour aller dans d'autres axes. Ce que j'apprécie dans ce métier, c'est la dimension de la créativité. » C'est cette créativité qu'il mettra à profit dans ses relations futures avec le Liban.

 

Lire aussi

Le foisonnement culturel suisse trouve son écho à Beyrouth

Au terme de « trente années magnifiques dans des postes intéressants », dont deux mandats au Liban – le premier de 2006 à 2010 et le second de 2015 à nos jours –, l'ambassadeur de Suisse au Liban François Barras entame le 1er juin « une nouvelle période de sa vie, un passage à autre chose ». Quelle prochaine étape ? Il envisage « de travailler, dans un premier temps, avec sa...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut