Le gouverneur chrétien de Jakarta a fait appel lundi de sa condamnation pour blasphème à deux ans de prison, ont annoncé ses avocats, au moment où des experts de l'ONU demandent à l'Indonésie d'annuler ce verdict.
La condamnation il y a 10 jours de Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, avait créé la stupeur, faisant craindre une montée de l'intolérance religieuse dans le plus grand pays musulman au monde.
Les avocats de M. Purnama, qui est actuellement détenu, ont déposé leur recours auprès de la Haute cour de Jakarta, affirmant que le tribunal n'avait pas suffisamment pris en compte les dépositions des témoins de la défense, a déclaré à l'AFP l'avocat Ronny Talapessy.
"Le verdict ne nous a pas seulement abasourdis, nous et les procureurs, il a pris tout le monde de court", a déclaré M. Talapessy.
Les conseils du gouverneur demandent également sa remise en liberté le temps de l'examen de leur recours.
Ahok, premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l'adjoint.
L'affaire qui a éclaté l'an dernier est directement liée à la campagne pour l'élection au poste de gouverneur, que Basuki Tjahaja Purnama a perdue en avril. Il demeure cependant gouverneur jusqu'en octobre.
Connu pour son franc-parler, Ahok avait déclaré en septembre que l'interprétation par certains oulémas d'un verset du Coran -selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman- était erronée, provoquant une vague de contestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est où toute référence à l'islam est très sensible.
Cette déclaration avait été instrumentalisée par des islamistes partisans d'une ligne dure, des experts dénonçant des motivations politiques.
Sous la pression de manifestations monstres et d'appels à l'emprisonner, le gouverneur a été inculpé fin 2016 de blasphème, délit pour lequel il risquait cinq ans de prison.
Naguère porté par des sondages favorables, le gouverneur a finalement été battu par l'ancien ministre de l'Education, le musulman Anies Baswedan.
La peine prononcée contre Ahok avait surpris les observateurs car les tribunaux vont rarement au-delà des réquisitions. Or le procureur en chef, Ali Mukartono, avait demandé un mois de prison avec sursis avec deux années de mise à l'épreuve.
Le ministère public a déjà fait appel de la condamnation.
Ce recours intervient au moment où un groupe d'experts liés à l'ONU, parmi lesquels le rapporteur spécial sur la liberté de religion et d'expression, a demandé la libération du gouverneur de 50 ans ainsi que l'abrogation des lois sur le blasphème.
La condamnation il y a 10 jours de Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, avait créé la stupeur, faisant craindre une montée de l'intolérance religieuse dans le plus grand...
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