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Portrait : Richard Ferrand, la cheville ouvrière de Macron

Richard Ferrand, nommé ministre de la Cohésion des territoires, est devenu en moins de trois ans un des hommes de confiance d'Emmanuel Macron dont il a structuré le parti, en utilisant autant son expérience d'élu breton que de gestionnaire d'entreprises. Photo AFP / JOEL SAGET

Richard Ferrand, nommé ministre de la Cohésion des territoires, est devenu en moins de trois ans un des hommes de confiance d'Emmanuel Macron dont il a structuré le parti, en utilisant autant son expérience d'élu breton que de gestionnaire d'entreprises.

Lancé depuis le début dans l'aventure En Marche!, Richard Ferrand, 54 ans dont 37 de cotisation au Parti socialiste, n'a qu'un regret: "Je n'ai jamais mis les pieds rue de Solférino, c'est le hasard. Alors que j'aurais bien aimé voir le bureau de François Mitterrand", souffle-t-il à l'AFP.

Élu député du Finistère pour la première fois en 2012, cet Aveyronnais de naissance est peu à peu sorti de l'ombre dans le sillage de la météore Macron.

Secrétaire général d'En Marche!, il en a "été la cheville ouvrière", a "participé à l'articulation des différentes familles politiques", détaille le député Arnaud Leroy, dithyrambique, qui voit en lui "quelqu'un d'humain, compétent, solide, qui sait animer un groupe".

Le tandem Ferrand-Macron s'est mis en route début 2015, après une première rencontre impromptue fin août 2014. L'élu breton avait rendez-vous avec Arnaud Montebourg au ministère de l'Economie et c'est finalement Emmanuel Macron, successeur du ténor socialiste tout juste débarqué, qui le recevra.

Nommé rapporteur général de la loi Macron, il vivra pratiquement deux mois nuit et jour avec le locataire de Bercy, ferraillant durant plus de 400 heures de débats parlementaires et examinant près de 9.000 amendements.

"C'est le travail qui nous a liés", résume Richard Ferrand qui dit s'être d'abord "beaucoup ennuyé" à l'Assemblée.
"Au plan législatif, c'est assez difficile de prendre ses marques", explique-t-il. "Après j'ai plus une fibre d'entrepreneur du bien public, produire du réel. Produire de la norme, du droit, ce n'était pas ma meilleure prédisposition."

Ce fumeur invétéré, père d'un garçon de 26 ans et de deux filles de 13 et 8 ans, a suivi un parcours d'élu plutôt modeste: conseiller général du Finistère de 1998 à 2011, conseiller régional depuis 2010, et travaillant à côté par "garantie d'indépendance".

Aux Mutuelles de Bretagne, dont il est devenu directeur général en 1998 après en avoir piloté le redressement judiciaire, il a appris l'art de la concertation avec les syndicats en négociant "une centaine de licenciements".
"C'était très douloureux. Le redressement d'entreprises, on ne le réussit pas d'en haut, juste avec l'état-major, mais ensemble. La schlague, ça ne marche plus", témoigne-t-il.

 

"Mitterrandolâtre"
Avant d'être envoyé en Bretagne en 1991 par le secrétaire d'Etat aux Affaires sociales de l'époque Kofi Yamgnane, dont il avait intégré le cabinet, M. Ferrand a été l'administrateur de deux agences de graphisme à Paris. Au milieu des artistes, il est "déjà le social-démocrate de la bande qui essayait de réconcilier les impératifs économiques avec les impératifs de création", plaisante-t-il.

Dans le même temps, il effectue quelques piges pour Le Monde, ou le groupe Auto Moto, après avoir fait ses armes de journaliste au journal Centre Presse, en commettant "un premier reportage sur l'abattoir de Rodez".

Ce fils d'un artisan du bâtiment et d'une employée de commerce a atterri à gauche un peu par hasard, grâce au père d'un de ses amis, "Maurice, un avocat de Rodez qui militait au PSU".

Parti seul à l'âge de 16 ans étudier en Allemagne, à Bielefeld, où il passe son bac par correspondance, il prend sa carte à son retour à 18 ans, en 1980.
"J'ai été un Mitterrandolâtre très précoce", se souvient-il, en vantant "la clarté des idées et la complexité de l'individu".
Il navigue ensuite entre différents courants au sein du PS, d'Henri Emmanuelli à François Hollande en passant par Martine Aubry, protestant contre "les esprits paresseux qui en font une lecture en zig-zag, une lecture malhonnête".
"J'ai toujours jugé qu'il fallait faire en sorte que le Premier secrétaire devienne candidat à la présidentielle", explique-t-il, assurant n'avoir jamais voulu s'investir "dans une écurie présidentielle". "Je n'avais pas vocation de palefrenier", estime-t-il. Avant de changer d'avis pour M. Macron.

 

Jérémy Marot

Richard Ferrand, nommé ministre de la Cohésion des territoires, est devenu en moins de trois ans un des hommes de confiance d'Emmanuel Macron dont il a structuré le parti, en utilisant autant son expérience d'élu breton que de gestionnaire d'entreprises.
Lancé depuis le début dans l'aventure En Marche!, Richard Ferrand, 54 ans dont 37 de cotisation au Parti socialiste, n'a qu'un regret:...