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Liban - Présidentielle française

Un second tour sans engouement, marqué par le « silence lepéniste »

On était loin, hier, devant les bureaux de vote de l’Institut français de Beyrouth, de l’effervescence du scrutin du 23 avril dernier. Anwar Amro/AFP

Un deuxième tour plutôt tranquille dans les bureaux de vote. Il faut dire que les électeurs déçus du premier tour, en particulier les fillonistes, ne savaient pas sur quel pied danser face au duel Macron-Le Pen.
Des brèves de comptoir au Café des Lettres, en passant par le point presse organisé par la consule de France Cécile Longé, le second tour des élections présidentielles françaises n'a pas donné lieu aux attroupements et à l'effervescence du scrutin du 23 avril dernier. « L'organisation est bien plus calibrée pour ce second tour » a soulevé Serge, Franco-Libanais de 61 ans, constat repris par Christophe, citoyen français de 25 ans qui a noté « moins de congestion grâce à la bonne organisation, ce qui a été très apprécié par beaucoup de gens ».
Si l'ensemble des Français et des binationaux venus aux urnes se sont accordés sur la qualité de l'organisation, beaucoup ont cependant noté la faible affluence par rapport au premier tour, alors que la participation restait l'enjeu principal de ce duel atypique entre deux partis non traditionnels. Christophe s'est ainsi rappelé : « Nous sommes venus un peu plus tôt pour le 2e tour, mais à la même heure l'affluence était, me semble-t-il, plus importante le 23 avril. »
« L'opération semble être un succès car nous n'avons à cette heure reçu aucune plainte », a déclaré la consule Cécile Longé, lors d'une conférence de presse, qu'elle a tenue le matin. Un point en suspens, toutefois : voir si les Français de Syrie ont pu s'exprimer davantage qu'ils ne l'avaient fait au premier tour (seulement 43 des 807 inscrits sur cette liste consulaire) avaient voté.
Une journée fluide certes, mais l'absence d'affluence au principal bureau de vote du pays du Cèdre, à l'Institut français de Beyrouth, est également due au facteur politique. Ce morceau de côte levantine, globalement acquis au vote gaulliste, a dû pour la première fois s'arracher au schème classique d'un duel entre le Parti socialiste et Les Républicains. Une inconnue qui a laissé de nombreux électeurs « déçus » et « indécis », deux termes revenus dans plusieurs entretiens accordés à L'OLJ.

L'important, c'est de participer
Pendant les deux semaines de l'entre-deux tours, tous les efforts de l'équipe consulaire se sont portés sur l'amélioration des conditions de vote, y compris pour les Français inscrits sur la liste consulaire de Syrie : « Nous n'avons pas facilité leur venue car le contexte ne nous permet pas d'aller jusque-là, mais nous attendons que nos compatriotes de Syrie fassent une procuration. Un bureau leur est réservé ici », avait rappelé Mme Longé. Elle avait également souligné l'efficacité de la cellule SOS Élections qui s'est occupée de traiter, au cours du premier tour déjà, les recours urgents d'électeurs ne pouvant voter pour des raisons administratives la plupart du temps.
Si l'abstention n'a pas été soutenue par la plupart des votants du Liban interrogés, tous ont été choqués par le « lynchage médiatique » dont ils ont été l'objet, à l'image d'Adrien, Franco-Italien, qui s'est dit « scandalisé par la manière dont on a traité les abstentionnistes ». « Je ne suis pas d'accord avec leur position mais je la respecte », dit-il. Cet insoumis de 20 ans a estimé que « la grande majorité des Insoumis ont voté blanc. Ceux qui votent Macron comme moi représentent une très faible minorité ».

Déception et désillusion
La majorité des votants rencontrés ont soutenu l'idée d'un vote barrage contre le Front national, avec ou sans conviction en faveur du candidat d'« En Marche ! », Emmanuel Macron. Ainsi, Serge et Pauline, une jeune Française de 20 ans, ont convenu que l'objectif essentiel, semblable à celui de 2002, a été « d'empêcher l'extrême droite de passer ». Roland, Franco-Libanais de 34 ans, s'étonne cependant de la différence de politisation par rapport aux élections de 2002 qui avaient porté le FN au second tour : « C'était ma première expérience de manifestation de lycéens. Les gens se mobilisaient, on ne dormait pas de la nuit, ça bouillonnait dans tous les sens ! Alors que là, il y a une véritable normalisation du FN comme force politique majeure. »
Les électeurs représentant la gauche ont été déçus, préférant pour beaucoup l'abstention, à l'image d'Édouard, un Franco-Libanais de 84 ans, ou « de nombreux jeunes Insoumis », confie Adrien, 20 ans, qui, après avoir soutenu Jean-Luc Mélenchon au premier tour a décidé de voter pour Emmanuel Macron, tout en précisant qu'il fait partie d'un courant à son sens minoritaire.
Marine Le Pen céderait-elle totalement en raison du raz-de-marée Macron ? Pas seulement : beaucoup d'électeurs, y compris des soutiens historiques du FN, estiment que la candidate du « premier parti de France » s'est tirée une balle dans le pied lors du dernier débat télévisé du 3 mai dernier, au cours duquel elle avait été critiquée pour son discours véhément. Une stratégie de dernière ligne droite qui a eu un impact négatif sur la stratégie générale de « dédiabolisation » du parti.

Un deuxième tour plutôt tranquille dans les bureaux de vote. Il faut dire que les électeurs déçus du premier tour, en particulier les fillonistes, ne savaient pas sur quel pied danser face au duel Macron-Le Pen.Des brèves de comptoir au Café des Lettres, en passant par le point presse organisé par la consule de France Cécile Longé, le second tour des élections présidentielles...

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