Choc frontal et virulent hier soir lors du débat télévisé entre les deux finalistes de la présidentielle française : la candidate d'extrême droite Marine Le Pen a reproché à Emmanuel Macron de porter « la mondialisation sauvage », le candidat pro-européen l'accusant de « haine » et de « mensonges ».
À quatre jours du second tour décisif dimanche, les échanges entre les deux candidats – aux programmes diamétralement opposés – ont souvent viré à la cacophonie et au pugilat verbal, au terme d'une campagne très tendue. « M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l'ubérisation, de la précarisation, du communautarisme, de la guerre de tous contre tous », a attaqué Mme Le Pen. « Vous n'êtes pas la candidate de l'esprit de finesse » ni « de la volonté d'un débat démocratique équilibré et ouvert », a ironisé M. Macron, après l'avoir écouté mains jointes sous le menton, les yeux braqués dans les siens. Il a opposé « l'esprit de conquête » qu'il a dit incarner à son « esprit de défaite ».
Symbole de l'âpreté des attaques, l'échange sur le terrorisme, dans un pays traumatisé par une série d'attentats qui ont fait 239 morts depuis janvier 2015. « Contre le terrorisme, il faut d'abord retrouver nos frontières, tout de suite », a martelé Marine Le Pen, promettant « l'expulsion du territoire » de tous les étrangers soupçonnés de menacer la sécurité du territoire.
« Poudre de perlimpinpin »
La sécurité et le terrorisme sont « totalement absents de votre projet », a-t-elle asséné à M. Macron, l'accusant de « complaisance pour le fondamentalisme islamique ». « Ce que vous proposez, comme d'habitude, c'est de la poudre de perlimpinpin », a jugé M. Macron. Il a souligné que les contrôles aux frontières avaient déjà été rétablis et relevé que les élus du Front national n'avaient pas voté les législations antiterroristes française ni européenne. Le jeune candidat de 39 ans, favori des sondages, a accusé la patronne de l'extrême droite, 48 ans, de tomber dans « le piège » que les auteurs d'attentat « nous tendent » et de « porter la guerre civile ». « La grande prêtresse de la peur, elle est en face de moi », a-t-il ensuite lâché à propos de l'euro. Avec elle, « on va sortir de l'euro, de l'Europe », a-t-il souligné, alors que selon les sondages une majorité de Français sont hostiles à une sortie de la monnaie unique. La France, « ce qui fait sa force, c'est qu'elle rayonne partout », a-t-il argué.
« Ou moi ou Mme Merkel »
L'échange a aussi été tendu sur l'Europe. « De toute façon la France sera dirigée par une femme, ce sera ou moi ou Mme Merkel », a dit Marine Le Pen en accusant M. Macron de se soumettre à l'Allemagne. « Arrêtez avec ces formules qui sont ridicules », lui a répondu M. Macron. « La France n'est pas un pays fermé. Je suis le candidat d'une France forte, dans une Europe qui protège », a-t-il dit.
L'ancien ministre de l'Économie a aussi contre-attaqué sur le terrain des chiffres accusant sa rivale de multiplier les promesses sans pouvoir les financer. « Il n'y a pas de finance magique », a-t-il lancé en ajoutant « vous n'avez pas expliqué comment vous baissez le chômage, vous ne proposez rien ».
Les programmes des deux candidats sont aux antipodes. Le discours d'Emmanuel Macron, libéral en termes d'économie et de société, plaît surtout aux jeunes urbains, aux classes moyennes et aux milieux d'affaires. Celui de Marine Le Pen, anti-immigration, anti-Europe et anti-système, séduit les classes populaires, les ruraux, les « invisibles » et capte le ras-le-bol de Français victimes d'un chômage endémique et de ses conséquences.
Dernière grande occasion de convaincre les nombreux indécis de ce scrutin, ce débat – rituel de la vie politique française depuis 1974 – a donné lieu à des échanges musclés, des insultes. « Mensonges », « n'importe-quoi ! », « vous ne connaissez pas vos dossiers ! », a répété M. Macron, regardant constamment sa rivale quand celle-ci se plongeait dans ses fiches. Sourire ironique aux lèvres, index tendu, sa rivale s'est ingéniée à provoquer « l'enfant chéri du système et des élites », le disant à tout propos « piloté par François Hollande » et le renvoyant sans cesse à sa participation au gouvernement socialiste du très impopulaire président sortant. « Vous êtes l'héritière d'un système qui prospère sur la colère des Français depuis des décennies », a rétorqué M. Macron, « vous êtes son parasite ». « La France mérite mieux que vous. »
Alors qu'en 2002, Jacques Chirac avait refusé le débat face à Jean-Marie Le Pen, qualifié au second tour à la surprise générale, Emmanuel Macron avait tenu à livrer un match, finalement qualifié sur Twitter de « dispute de chiffonniers » par la directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon, lequel n'a pas clairement appelé à voter pour M. Macron. « Bon boulot ce soir de Marine Le Pen qui, par son indignité, aura donné envie de voter Emmanuel Macron aux derniers hésitants », a raillé Thierry Solère, organisateur de la primaire de la droite.
Macron, le plus convaincant
Bien que les sondages donnent Emmanuel Macron vainqueur le 7 mai, avec 59 ou 60 % des voix, l'enjeu du débat était important : 18 % des personnes certaines ou quasi certaines d'aller voter dimanche n'expriment aucun choix à ce stade, selon un sondage Elabe publié mardi.
Et hier soir, Emmanuel Macron a été jugé le plus convaincant par 63 % des Français lors du débat, contre 34 % pour son adversaire Marine Le Pen, selon un sondage Elabe pour BFM TV diffusé hier. À la question de savoir qui avait le meilleur projet, les scores sont semblables (64 %-33 %). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) sont 66 % à avoir trouvé Emmanuel Macron le plus convaincant, 30 % estimant que Marine Le Pen l'avait été. Parallèlement, 58 % des électeurs de François Fillon (Les Républicains) ont jugé Emmanuel Macron le plus convaincant, 38 % estimant que Marine Le Pen l'avait été.
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commentaires (7)
Ce qui me fait rire c'est que se sont les mêmes qui avaient plébisciter la venue de Trump car il affirmait être avec les russes et surtout pour que Bachar reste au pouvoir qui sont avec marine le pen car celle ci affirme aussi être en ouf Bachar et avec les russes !!! Maintenant que Trump à vue la vérité ils se sont retourner contre lui ... j'espère que marine devienne présidente (ce qui ne sera sûrement pas le cas et Dieu merci pour aussi les voir retourner leur veste) on voit qui cherche un appui occidental ... les moumana3iste !!
Bery tus
19 h 34, le 04 mai 2017