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Économie - Conjoncture

Optimisme mesuré de la Banque mondiale sur la reprise de l’économie libanaise

Dans son dernier rapport sur l'économie du pays, l'institution prévoit une hausse de la croissance, mais s'inquiète de la situation budgétaire du Liban.

Les importants déficits du budget et des comptes courants, qui s’ajoutent à un ratio de la dette sur le PIB « insoutenable », exposent le pays à des « risques significatifs de refinancement », selon la Banque mondiale. Archives Reuters

« Si le processus politique n'est pas à nouveau bloqué – et ces prochaines semaines seront cruciales pour déterminer le sort des élections législatives –,
nous projetons une hausse de 2,5 % de la croissance du PIB réel en 2017, stimulée par une reprise dans les secteurs du tourisme et de l'immobilier », a résumé Wissam Haraké, économiste à la Banque mondiale (BM), lors de la présentation du dernier rapport semestriel de l'institution sur l'économie nationale tenue hier au siège de l'Université libanaise. En 2015 et 2016, la croissance du PIB avait connu des taux bien inférieurs, respectivement à 1,3 % et 1,8 %, rappelle le rapport. Après deux années de suite de déflation, il est aussi prévu que l'inflation augmente de 3,8 % en 2017.
Le rapport précise néanmoins que ces projections ne tiennent que si les débordements (de la guerre en Syrie) « continuent à être maîtrisés, sans exclure des incidents sécuritaires majeurs occasionnels ».
Par ailleurs, plusieurs facteurs jettent une ombre au tableau, dont les plus alarmants sont la hausse du déficit budgétaire et la forte progression du ratio de la dette sur le PIB. Même lorsqu'elles sont réussies, les interventions « progressivement de plus en plus marquées » de la Banque centrale (BDL) n'offrent qu'un « répit temporaire », jugent aussi les auteurs du rapport.
Plusieurs développements politiques et économiques majeurs récents définissent la conjoncture actuelle, rappellent-ils : l'élection d'un président de la République en octobre dernier et l'adoption le 27 mars par le gouvernement du projet de loi de budget 2017, transmis le 12 avril au Parlement qui devra le voter. L'année 2016 a, quant à elle, été marquée par une « reprise » du secteur touristique, qui s'est traduite entre autres par la plus importante hausse d'arrivée de touristes depuis 2011 (+11,2 %, à 1,6 million de personnes). Le secteur immobilier a aussi connu un « léger rebond », notamment grâce au soutien accordé par la BDL via des prêts subventionnés.

Dette publique « insoutenable »
Cette amélioration « modérée » de l'économie a permis au gouvernement d'augmenter ses recettes de 0,7 point de pourcentage pour atteindre 21 % du PIB, note le rapport de la BM. Mais cette hausse n'a pas permis de compenser l'augmentation des dépenses de 2,5 points de pourcentage (31,1 % du PIB), portée par « le paiement des intérêts de la dette de l'État, d'arriérés et de transferts vers les municipalités ». Conséquence, le déficit budgétaire s'est creusé de 1,8 point de pourcentage pour atteindre 10 % du PIB. Conjuguée à une croissance faible, cette détérioration a poussé le ratio de la dette au PIB vers le haut (+8,1 points de pourcentage en un an, soit 157,5 % du PIB).
Autre frein important à la croissance : la dégradation des comptes externes, à cause d'une hausse des importations et d'une baisse des exportations. L'envoi de remises par la diaspora a également faibli de 0,8 point de pourcentage, à 6,8 % du PIB en 2016. Ces deux phénomènes combinés ont aggravé le déficit des comptes courants, qui a atteint 20,9 % du PIB. Ces déficits importants (budgétaire et des comptes courants), qui s'ajoutent à un ratio de la dette sur le PIB « insoutenable », créent des besoins en financements lourds qui exposent le pays à des « risques significatifs de refinancement », souligne la BM.
Afin de pallier à ces phénomènes, en particulier le déficit des comptes courants et la baisse des entrées de capitaux, la BDL a opéré une ingénierie financière entre mai et août derniers. Cette opération a notamment eu deux répercussions importantes, analyse le rapport. Tout d'abord, la BDL a pu retrouver les moyens de défendre la stabilité de la livre libanaise : ses réserves brutes en devises ont atteint 34 milliards de dollars fin 2016, en hausse de 11,1 % en un an, alors qu'elles avaient baissé de 5,4 % en 2015. Ensuite, le bilan des banques commerciales a augmenté de 9,8 % en glissement annuel fin janvier 2017, contre 6 % les années précédentes. S'élevant à 204,4 milliards de dollars, ces bilans consolidés représentent 430 % du PIB, souligne la BM.
Pour rappel, entre mai et août 2016, la BDL avait cédé plus de 12 milliards de dollars de titres de dette publique en devises à des banques libanaises. En parallèle, elle leur avait également racheté des obligations publiques en livres pour un montant équivalent, à taux d'escompte de 0 %. Début décembre, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait déclaré à L'Orient-Le Jour que cette opération avait ainsi permis à l'ensemble des banques participantes d'engranger environ 5 milliards de dollars de revenus immédiats, tout comme la BDL.
La BM réitère cependant ses mises en garde contre une réédition de ce type d'intervention. Par exemple, la hausse de liquidités en livres libanaises, bien qu'elle permette d'accorder davantage de crédits localement, peut engendrer des risques pour les banques commerciales si la demande n'est pas assez forte.

« Si le processus politique n'est pas à nouveau bloqué – et ces prochaines semaines seront cruciales pour déterminer le sort des élections législatives –,nous projetons une hausse de 2,5 % de la croissance du PIB réel en 2017, stimulée par une reprise dans les secteurs du tourisme et de l'immobilier », a résumé Wissam Haraké, économiste à la Banque mondiale (BM), lors de la...

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