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Moyen Orient et Monde - Élection présidentielle

La France joue l’Europe à pile ou face

Les candidats sont très divisés quant au devenir de la France au sein de l'Union européenne.

L’Union européenne et la zone euro divisent profondément les favoris de l’élection présidentielle française. Srdjan Zivulovic/Reuters

Alors que la survie de l'Union européenne se joue lors de l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai, les Français semblent pourtant prêts à la décider à pile ou face, à l'issue d'une campagne où le sujet a été abordé rapidement et sans gravité. À quelques jours du premier tour, avec deux contempteurs de l'Europe pouvant accéder au second, les responsables français au cœur des relations avec les capitales et les institutions européennes soulignent ou s'alarment de ce risque existentiel. « Cette élection sera inédite, avec un impact sans précédent sur l'avenir des relations entre la France et l'UE, et, probablement, sur l'avenir de l'Europe », écrit Pierre Vimont, ancien ambassadeur auprès de l'UE et à Washington, numéro deux du Service européen pour l'action extérieure jusqu'en 2015, dans un texte publié mercredi par le cercle de réflexion Carnegie Europe. « Selon le choix que feront les Français lors du second tour le 7 mai, le résultat pourrait bien être l'effondrement progressif de l'UE suivant une décision du nouveau gouvernement français de quitter l'Union – ou, inversement, une relance significative de l'intégration européenne sous l'influence d'un leadership européen revigoré », ajoute-t-il.
Parmi les quatre favoris, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et « dans une moindre mesure » le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sont selon lui dans la première catégorie. Le candidat d'En Marche !, Emmanuel Macron, qui souhaite plus d'intégration et fait applaudir l'Europe dans ses meetings, et celui de la droite et du centre, François Fillon, qui veut donner plus de pouvoirs aux États membres au détriment des institutions de l'UE, sont selon lui dans le deuxième camp.

Signaux d'alarme
Les signaux d'alarme se sont allumés partout. Vingt-cinq lauréats du prix Nobel d'économie, dont le Français Jean Tirole et l'Américain Joseph Stiglitz, ont fustigé le programme antieuropéen, anti-immigration et protectionniste de Marine Le Pen dans une tribune publiée mardi dans Le Monde. D'autres économistes cauchemardent aussi sur une victoire de Jean-Luc Mélenchon. Des philosophes allemands, de Peter Sloterdijk à Jürgen Habermas, ont pris le relais des politiques d'outre-Rhin pour exprimer dans Le Monde l'inquiétude régnant à Berlin. L'angoisse qui a saisi l'Allemagne à l'idée que la France puisse quitter l'Union européenne a même amené Wolfgang Schäuble, le très conservateur ministre des Finances, à rompre avec sa famille politique pour dire sa préférence pour Emmanuel Macron au nom de la stabilité du Vieux Continent.
Derrière les discours rassurants, les programmes sont clairs: s'ils peuvent appliquer leur projet, les sept candidats « eurosceptiques » mettraient la France hors de l'euro et de l'Union européenne, ou mettraient sa participation en danger. Cette stratégie électorale a de quoi surprendre dans un pays majoritairement favorable à l'adhésion à l'Union européenne et, plus encore, à l'euro – 72 % des Français se disaient opposés à sortir de la monnaie unique dans un sondage Elabe de mars.

L'héritage de 2005
Selon les responsables européens, ce paradoxe s'explique par une série de phénomènes. « C'est l'héritage de plusieurs années de postvérité, de « fake news » sur l'Europe. On lui attribue tous les maux de la terre », se désespère un haut fonctionnaire qui est au cœur de la machine gouvernementale en lien avec l'UE. Le débat entre les 11 candidats, le 4 avril sur BFMTV et CNews, a montré l'ampleur du malentendu. Lors de ce seul véritable débat sur l'Europe de toute la campagne, il a été quasi exclusivement question de la directive sur les « travailleurs détachés » venant d'autres pays de l'UE, dont les cotisations sociales sont celles de leur pays d'origine mais qui sont rémunérés aux conditions françaises. Il s'agissait là d'une copie conforme du débat sur le « plombier polonais » d'il y a 12 ans, avant le référendum sur la Constitution européenne dont le rejet par la France en 2005 a provoqué une longue période de crise.

Leadership allemand
L'autre explication du débat faussé tient dans la division extrême de la majorité au pouvoir depuis cinq ans sur le dossier européen, avec un François Hollande toujours traumatisé par le « non » français de 2005, à l'occasion duquel le Parti socialiste qu'il dirigeait s'était déchiré.
Un diplomate allemand souligne qu'aucune vraie relance de l'Europe par le couple franco-allemand n'a été possible depuis 2012 – pas plus qu'elle ne l'avait été depuis 2005. « Il n'a pas été possible de se mettre d'accord sur une feuille de route avec Hollande », déplore-t-il. « Il y a eu une banalisation de la relation franco-allemande, on est entré dans une relation de mensonge en leur promettant chaque année qu'on ferait 3 % l'an prochain, ajoute ce responsable. Merkel n'a pas non plus de vision stratégique, mais elle a très vite compris qu'il voulait des compromis. » Les partenaires européens de la France retiennent donc leur souffle et espèrent l'élection de François Fillon ou d'Emmanuel Macron le 7 mai, avec l'espoir que le vainqueur redressera la France, permettant une réforme en douceur de l'UE.

Source: Reuters

Alors que la survie de l'Union européenne se joue lors de l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai, les Français semblent pourtant prêts à la décider à pile ou face, à l'issue d'une campagne où le sujet a été abordé rapidement et sans gravité. À quelques jours du premier tour, avec deux contempteurs de l'Europe pouvant accéder au second, les responsables...

commentaires (2)

MEME SI MARINE L,EMPORTE LES PAROLES DE LA CANDIDATE S,EVAPORERONT DEVANT L,INTERET DE LA FRANCE...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 07, le 22 avril 2017

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Commentaires (2)

  • MEME SI MARINE L,EMPORTE LES PAROLES DE LA CANDIDATE S,EVAPORERONT DEVANT L,INTERET DE LA FRANCE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 07, le 22 avril 2017

  • Commentaire pertinent mais qui ne se résume pas à un "quitte ou double"...la démocratie a pour objet de mettre au jour les disputes en vue de trouver par la politique les compromis régulateurs...

    Beauchard Jacques

    10 h 41, le 22 avril 2017

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