Les cercueils des victimes arrivent à l’église copte visée par un attentat le 9 avril à Tanta en Égypte. Photos Mohammad Abdel Ghany/Reuters
En réaction aux attentats qui ont touché Tanta et Alexandrie le week-end dernier, l'état d'urgence a été rétabli pour trois mois en Égypte. Les organisations de défense des droits de l'homme craignent d'y voir un renforcement des pouvoirs de l'État, ce qui pourrait directement servir d'argument au recrutement du groupe jihadiste à l'origine de ces attaques.
Revendiqués par le groupuscule Province du Sinaï, affilié à l'organisation État islamique (EI), les attentats perpétrés dimanche dernier touchent une nouvelle fois les coptes du pays. Depuis le début de l'année, plus de 70 chrétiens ont trouvé la mort dans des opérations terroristes menées par le groupuscule. En décembre dernier, il revendiquait un attentat-suicide contre l'église Saints-Pierre-et-Paul du Caire. Deux mois plus tard, ses jihadistes assassinaient des habitants coptes dans le Sinaï. Au sein d'une vidéo publiée en février, ils désignaient officiellement cette communauté comme étant désormais l'ennemi principal du groupuscule.
Cette focalisation sur une des minorités religieuses du pays marque un tournant dans la stratégie opératoire des jihadistes. Originellement affilié à el-Qaëda, le mouvement Province du Sinaï naît au lendemain du printemps arabe, qui gagne l'Égypte en mars 2011, sous le nom d'Ansar Beït al-Maqdess. Il prête allégeance à l'EI en 2014 et se concentre alors sur des cibles militaires. Aujourd'hui, il tente de favoriser le sectarisme au sein du pays. Les coptes apparaissent alors comme les oubliés du régime et les attaques à leur encontre font craindre une division du pays qui profiterait directement aux islamistes radicaux.
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Bavures militaires
Malgré une réponse massive du gouvernement pour éradiquer le groupe, les bavures militaires provoquent de nombreux ralliements. Dans son rapport mondial de 2016, Human Rights Watch dénonce ainsi de nombreuses « détentions arbitraires » perpétrées par le régime, doublées de destructions d'habitations et de milliers d'expulsions. L'ONG avait alors alerté l'Égypte d'une violation du droit international des droits de l'homme dans le Sinaï. Ces diverses agressions ébranlent directement la crédibilité du gouvernement dans sa politique sécuritaire. Une partie grandissante des Égyptiens dénonce ainsi l'incapacité des autorités à assurer la protection de toute une partie de la population. Une impopularité qui permet notamment de nourrir la propagande de l'EI et de gonfler le rang de ses sympathisants.
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En quelques années, le groupuscule jihadiste est ainsi passé d'une centaine à plus d'un millier de combattants. Recrutant d'abord au sein des tribus bédouines installées dans la région, le groupe profite en 2013 de la destitution du président islamiste Mohammad Morsi pour recruter au sein des Frères musulmans, alors évincés du pouvoir.
Il s'attaque alors au pouvoir du général Sissi en prenant pour cible privilégiée les militaires de l'armée. En juillet 2015, le groupuscule confirme son envergure en procédant à des attaques coordonnées sur 15 postes de contrôle autour de Cheikh Zuweid. Une opération terroriste spectaculaire qui augmente la menace que le groupe fait peser sur la région.
Touchant à plusieurs reprises l'intérieur du territoire égyptien, Ansar Beït al-Maqdess montre qu'il consolide progressivement son expansion dans le pays. Les récentes pertes territoriales de l'EI en Libye et les tensions internes de Boko Haram au Nigeria lui valent de nombreux ralliements et permettent de donner un nouveau souffle à son organisation mère, actuellement acculée en Syrie et en Irak.
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12 h 26, le 15 avril 2017