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LE MARCHÉ DU TRAVAIL

Deux facteurs prometteurs pour l’emploi : la reconstruction en Syrie et les ressources énergétiques locales

En dépit de la crise actuelle, les perspectives de la reconstruction en Syrie et de l'exploitation des ressources pétrolières et gazières au large du Liban devraient avoir un impact prometteur sur le marché de l'emploi dans le pays, souligne l'économiste et PDG d'ECE, Samir Nasr.

L’exploitation des ressources gazières et pétrolières, un impact prometteur.

L'état du marché du travail dépend, à l'évidence, de la situation économique en place. Actuellement, le Liban traverse une période de transition amorcée depuis quelques années déjà. Selon Samir Nasr, économiste et PDG d'ECE, la situation commence à s'améliorer : les institutions libanaises poursuivent leurs efforts pour soutenir la compétitivité du pays, notamment par des investissements et des soutiens financiers. Cependant, il ne faut pas négliger le poids du chômage au Liban, bien qu'aucun chiffre officiel ne soit disponible. La crise syrienne a rendu, en outre, la situation encore plus complexe. De manière générale, le marché du travail local souffre encore de problèmes structurels et nécessite des réformes économiques de fond et des investissements importants pour être relancé. Dans un tel contexte, quelles seraient les conditions d'une amélioration du marché de travail au Liban ? Pour Samir Nasr, trois conditions sont nécessaires à la meilleure santé du marché de travail libanais. La première passe par l'augmentation de la croissance annuelle du pays. Aujourd'hui, la croissance avoisine les 2 à 3 %, ce qui est encore faible, selon lui. Pour soutenir une croissance respectable, il appelle à la mise en place de réformes économiques, financières et structurelles importantes, « ce qui pourrait déboucher sur une meilleure fluidité de l'économie et donc une meilleure perspective de développement et de croissance ». Par exemple, la refonte du budget de l'État serait une excellente occasion de « remettre à plat les finances publiques, réduire les déficits et donc réorienter les investissements vers des secteurs productifs et vers le secteur privé ».

Au-delà de ces réformes, la stabilité politique de la région est une condition sine qua non à la reprise économique. En effet, dès los que la Syrie et l'Irak auront repris le chemin de la croissance, les investisseurs seront plus à même de se réintéresser au Liban et à son voisinage. Par ailleurs, il ne faut pas négliger non plus les perspectives d'emploi qu'offrira l'apaisement de ces deux pays voisins du Liban ; à partir du moment où la reconstruction aura lieu, les secteurs de l'ingénierie et du BTP (bâtiment, travaux publics) seront en pleine expansion, et une main-d'œuvre de qualité sera demandée. Enfin, selon Samir Nasr, le lancement des projets pétroliers est une nécessité aujourd'hui au Liban. Si ce domaine se développe dans les années à venir, tous les projets annexes qui vont l'accompagner – notamment les services, la production, le développement d'infrastructures – seront créateurs «de quelques milliers d'emplois dans les trois ou quatre prochaines années ». Il ajoute que « des projets de privatisation pourraient également créer un certain nombre de postes dans les entreprises des télécoms, des énergies renouvelables, des transports ou de la communication ».

Le plus important réside dans le retour à une réelle stabilité, à la fois politique et économique. Cela créera un besoin de développements infrastructurels, notamment pour soutenir l'expansion de nouveaux domaines – à l'image de la production de pétrole et de gaz par exemple –, et relancera les secteurs de la construction, des services, des techniques et du management. Les revenus générés auront de réels impacts sur le marché du travail de manière générale et ainsi sur la population libanaise.
Quelles pourraient donc être pour les jeunes d'aujourd'hui les perspectives du marché de l'emploi ? Il existe de nombreux domaines prometteurs au Liban et de nombreuses filières d'orientation, relève Samir Nasr. Les filières les plus traditionnelles, comme la santé, l'économie et le business, sont très demandées, mais pas toujours bouchées, à certaines conditions cependant, précise-t-il. En effet, il s'agit d'être au fait de la nouvelle compétitivité du marché actuel et de savoir s'armer pour s'y préparer le mieux possible. Samir Nasr appelle les jeunes étudiants à exceller dans leurs formations respectives afin d'être extrêmement compétents, mais aussi à multiplier les expériences (stages, petits emplois...). Il faut profiter du moment de ses études ou de sa recherche de formation pour approfondir sa maîtrise des langues, de l'informatique et des réseaux sociaux, qui sont aujourd'hui des domaines cruciaux pour rester à la hauteur de la demande.
Les perspectives d'emploi au Liban existent. De manière générale, les secteurs en pleine expansion sont encore rares dans le pays, mais ne sont pas négligeables. Si les filières financières sont quelque peu bouchées actuellement, il existe toujours un « marché à l'export », c'est-à-dire des postes à pourvoir à l'étranger. Les pays du Golfe ou l'Europe sont de bons recruteurs, bien que les conditions d'accès à ces postes soient de plus en plus compétitives et difficiles. Le domaine de « l'économie de la connaissance », c'est-à-dire celui qui concerne les télécoms, l'informatique, les applications, etc. est, lui, en pleine croissance. Il y a de réels supports et financements aujourd'hui dans le pays, notamment par le biais de la Banque du Liban qui, grâce à la circulaire n° 331, garantit à 75 % les investissements dans le capital des sociétés de l'économie et de la connaissance.

Les secteurs les plus classiques, comme celui des services ou des ressources humaines, peuvent offrir des débouchés dans le sens où les entreprises actuelles renouvellent leurs cadres déjà en place depuis longtemps. Le secteur de l'enseignement est pour sa part toujours actif et dynamique : des établissements universitaires ou scolaires se créent régulièrement dans la région, et l'afflux de réfugiés syriens requiert que de nombreux postes d'enseignants formés soient pourvus. Quant au domaine de la santé, il est toujours porteur d'emploi, puisque ce secteur est en constante évolution et nécessite toujours de nouveaux talents.

Le recrutement se fait à mesure des départs à la retraite au Liban. Pour trouver un emploi rapidement, Samir Nasr rappelle que les jeunes doivent aujourd'hui être « flexibles, mobiles et excessivement compétents ». Il faut se tourner vers des filières qui ne soient pas trop traditionnelles, « dans des domaines où il y a de la nouveauté, de la création et du business development ».

Samir Nasr reste optimiste et appelle les futurs étudiants à avoir le même état d'esprit. « Nous sommes passés par des périodes plus difficiles et nous nous en sommes tirés, donc il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas de perspectives pour les jeunes aujourd'hui, souligne-t-il. Au contraire, il faudrait qu'ils aient confiance dans leur pays et qu'ils approfondissent leurs connaissances. Il y a de plus en plus d'exigences de formation, d'expériences et de flexibilité. S'ils ont ces trois qualités, ils augmenteront énormément leur chance de trouver un emploi. »

L'état du marché du travail dépend, à l'évidence, de la situation économique en place. Actuellement, le Liban traverse une période de transition amorcée depuis quelques années déjà. Selon Samir Nasr, économiste et PDG d'ECE, la situation commence à s'améliorer : les institutions libanaises poursuivent leurs efforts pour soutenir la compétitivité du pays, notamment par des...

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