La fiabilité historique des Évangiles est affirmée par l'Église catholique de la manière la plus ferme. Le concile Vatican II l'a redit clairement : « De façon ferme et absolument constante, la sainte Mère Église a affirmé et affirme que les quatre Évangiles énumérés, dont elle atteste sans hésiter l'historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, pendant qu'Il vivait parmi les hommes, a réellement fait et enseigné en vue de leur salut éternel, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel » (Encyclique Dei Verbum V, 19).
Mais cette fiabilité historique suffit-elle pour entraîner la foi, pour croire à la résurrection ? Pas vraiment, car cette dernière est en même temps un défi absolu pour la raison. C'est là la tension créatrice de toute vie chrétienne : ajouter foi au témoignage des apôtres qui ont vu Jésus vivant – bien que sa présence au monde ait revêtu, après sa résurrection, d'autres propriétés–, après l'avoir vu mort.
Curieusement, toutes les preuves de la résurrection sont des défis pour la raison. Le linceul de Turin en est un bon exemple. Sur ce linge mortuaire s'est en effet imprimée, de façon extraordinaire et scientifiquement inexplicable, l'image d'un homme crucifié en parfaite correspondance avec les récits des Évangiles et de la tradition. Pour des millions de fidèles, il s'agit bien du linceul qui a reçu le corps du Christ, descendu de la croix.
Pourtant, cette quasi-preuve de la résurrection est mise en doute en raison d'une sorte d'aveuglement volontaire présenté comme un scrupule scientifique. En 1988, on a cru pouvoir crier victoire : une datation au carbone 14 a fait remonter le linceul au Moyen Âge. Depuis, on s'est rendu compte que l'échantillon soumis à l'examen ne parvenait pas de la partie centrale du linceul, mais d'une étoffe qui avait servi à le réparer, et dont les fibres contiennent un certain pourcentage de coton, alors que le linceul est en lin pur. Les conclusions de l'expertise ont donc été remises en question, laissant la question « ouverte ».
Avec le tablier de l'Indien Juan Diego conservé dans la cathédrale de Mexico City, le même phénomène se reproduit. Sur cette étoffe grossière en fibre de cactus s'est imprimée, de façon scientifiquement inexplicable, au milieu du XVIe siècle, l'image de Notre Dame. Près de 500 ans plus tard, ce tablier offert à la vénération des fidèles est parfaitement conservé, sans traces de craquelures, alors qu'il s'agit d'un vêtement de pauvre qui aurait dû se détériorer en vingt ans.
Au demeurant, le fait que l'on ne puisse prouver « scientifiquement » ces choses est sans doute l'une des infinies manifestations de la sagesse divine. La foi doit rester du domaine de la libre adhésion. Il se fait d'ailleurs que cette circonspection à l'égard de ce qui est « surnaturel » ne se limite pas aux athées ou aux agnostiques. Elle est commune aussi au sein de l'Église. Ainsi, par exemple, il peut arriver de s'entendre dire, à Annaya, qu'il faut se méfier du surnaturel et s'en tenir aux enseignements de l'Église. Cet avertissement est pourtant en contradiction avec la réputation bien établie de thaumaturge et de faiseur de miracles de saint Charbel.
Heureusement, pressés par leurs angoisses, les fidèles font souvent la sourde oreille à ces avertissements, ayant souvent un sens plus sûr de qui peut venir de Dieu que des hommes trop marqués peut-être par leur formation rationaliste.
Toutefois, l'Église ne parle pas à ce niveau de « preuves », mais de « signes ». À travers une guérison inexplicable, une prière exaucée, un « hasard heureux », comme à travers la « flamme sacrée » qui va surgir dans quelques jours du Saint-Sépulcre, Dieu « fait signe ». Mais c'est moins une preuve d'existence qu'une preuve d'amour qu'il nous donne là. Chérissons ces signes comme autant « d'actes de présence » d'une Providence dont le mode d'être dépasse notre entendement et qui a promis de rester parmi nous « tous les jours, jusqu'à la fin du monde ».
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LA FOI DEFIE LA RAISON !
LA LIBRE EXPRESSION
08 h 48, le 11 avril 2017