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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

L’Égypte enterre, dans l’état d’urgence, ses victimes de l’attentat

Des coptes pleurent autour des cercueils des victimes tuées dans les attaques contre deux églises dimanche, en Égypte. AFP/Stringer

Des centaines de chrétiens coptes ont enterré hier les victimes des deux attentats contre des églises en Égypte. Les obsèques ont eu lieu le jour de l'entrée en vigueur de l'état d'urgence décrété après ces attaques qui ont fait 45 morts. Le groupe jihadiste État islamique, qui a menacé de multiplier les attaques contre la communauté chrétienne en Égypte, a revendiqué ces attentats menés dimanche en pleine célébration des Rameaux à Alexandrie et à Tanta, dans le nord du pays.
Dans le monastère de Mar Mina à l'ouest d'Alexandrie, l'église était pleine à craquer de fidèles venus présenter leurs derniers hommages aux victimes de leur communauté. Les corps placés dans des cercueils en bois recouverts d'une croix dorée ont été déposés près de l'autel, sous les applaudissements des fidèles saluant les « martyrs ». Au moment de l'enterrement, la foule en colère a dénoncé les manquements des forces de sécurité, réclamant la démission du ministre de l'Intérieur, en scandant « Dégage, dégage (Magdy) Abdel Ghaffar ».
Un quotidien proétatique, al-Bawaba, a indiqué sur son site internet que son édition papier d'hier, qui dénonçait ces manquements, avait été interdite de parution. C'est à l'entrée de l'église Saint-Marc d'Alexandrie qu'un kamikaze a fait détoner sa ceinture explosive dimanche, tuant 17 personnes et blessant des dizaines. Quelques heures plus tôt, l'explosion d'une bombe en pleine messe à l'église Mar Girgis (Saint-Georges) de Tanta faisait 28 morts et 78 blessés.

« Sécurité totale »
Aussitôt après ces attentats particulièrement meurtriers, le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé l'entrée en vigueur imminente de l'état d'urgence, en précisant que la mesure avait été prise pour « protéger » et « préserver » le pays. Il a également ordonné à l'armée de se déployer pour protéger les « infrastructures vitales » du pays. « L'état d'urgence est entré en vigueur lundi à 13h00 heure locale dans toutes les régions du pays et pour une période de trois mois », a annoncé un décret de M. Sissi publié au Journal officiel. Le gouvernement a approuvé cette mesure. Selon la Constitution, le chef de l'État doit également obtenir l'approbation du Parlement sous un délai de sept jours. Mais il s'agit d'une formalité, puisque la majorité des députés est acquise à M. Sissi.
L'état d'urgence élargit les pouvoirs policiers en matière d'arrestation et de surveillance. « La majorité du Parlement devrait approuver l'état d'urgence » car « la situation l'exige pour rétablir une sécurité totale », a estimé le député Yehia Kedouani, membre de la commission de la Défense et de la Sécurité nationale. Selon lui, la mesure permettra le maintien en détention pendant 45 jours des « éléments terroristes actifs qui sont connus des services, mais pour qui il n'y a pas de preuves matérielles permettant de les traduire en justice ».

Inquiétudes
L'état d'urgence avait été observé pendant trois décennies sous le président Hosni Moubarak. Son abrogation était l'une des principales demandes des militants durant la révolte de 2011 qui a mis fin à son règne. Supprimé en 2012, il avait été rétabli pendant un mois après la destitution du président islamiste Mohammad Morsi l'année suivante, au moment où les forces de sécurité réprimaient dans le sang ses partisans. Il est déjà appliqué depuis quelques années dans une partie du nord de la péninsule du Sinaï, où l'EI est très actif.
Pour Mustapha Kamel al-Sayyid, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, son adoption sur tout le territoire relance les inquiétudes au moment où toutes les voix d'opposition sont réprimées. « Sous M. Sissi, on voit que les arrestations et les jugements concernent également des gens qui n'ont aucun lien avec des actes terroristes », met en garde l'expert, en référence aux militants de l'opposition y compris libérale.
Les attaques anticoptes de dimanche sont intervenues quatre mois après un attentat-suicide de l'EI contre une église du Caire qui avait fait 29 morts. Les coptes orthodoxes d'Égypte sont la communauté chrétienne la plus importante et la plus ancienne du Moyen-Orient. Ils se disent victimes de discriminations de la part des autorités et de la majorité musulmane. Le gouvernement a par ailleurs annoncé dans un communiqué que les familles des personnes décédées recevraient 5 200 euros de dédommagements ainsi qu'une pension mensuelle de 1 500 livres (78 euros).

Visite du pape maintenue
Enfin, le pape François maintiendra son voyage en Égypte, prévu fin avril, malgré les attentats de dimanche, a souligné le numéro trois du Vatican dans un entretien paru hier. « Ce qui est arrivé provoque du désordre et une grande souffrance, mais cela ne peut empêcher le déroulement de la mission de paix du pape », a ajouté Mgr Angelo Becciu, à propos d'un déplacement dont le logo choisi est « Le pape de la paix dans l'Égypte de la paix ». « L'Égypte nous a assuré que tout se passera pour le mieux, nous partons donc confiants », a-t-il précisé.
Source : AFP

Des centaines de chrétiens coptes ont enterré hier les victimes des deux attentats contre des églises en Égypte. Les obsèques ont eu lieu le jour de l'entrée en vigueur de l'état d'urgence décrété après ces attaques qui ont fait 45 morts. Le groupe jihadiste État islamique, qui a menacé de multiplier les attaques contre la communauté chrétienne en Égypte, a revendiqué ces...

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