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Campus - Témoignages

Entre la génération Y et ses aînés, le courant ne passe pas toujours

Au travail, le fossé générationnel se creuse parfois d'une façon très abrupte.

Les jeunes d’aujourd’hui se sentent frustrés quand ils doivent se soumettre à une autorité qui n’est pas aussi à l’aise avec les technologies de l’information et les outils de création et de communication qu’eux et qui ne parle pas le même langage. Crédit photo : Creative commons CCO.

Ils ont entre 18 et 35 ans et ont grandi dans un monde où l'internet et les jeux vidéo font partie de leur ADN. On les dit : individualistes, indécis, instables en amour comme au boulot. Arrivés dans le monde du travail, ils se heurtent à une autorité qui ne parle pas le même langage et ne manipule pas la technologie avec la même facilité qu'eux.

« Depuis que nous sommes petits, nos parents nous matraquent qu'en travaillant bien à l'école, on obtient ce que l'on veut et on réussira certainement, rappelle Anthony, 27 ans, responsable de marketing dans une grande compagnie de distribution alimentaire à Beyrouth. Or, arrivés dans le monde du travail, on remarque que cela n'est pas aussi simple qu'on nous l'avait dit. On travaille, on trime, mais on n'obtient pas une promotion rapidement et on ne nous récompense pas pour nos efforts. » Il va sans dire que ces jeunes se sentent frustrés au travail. Pourquoi ? « Parce que l'on voudrait avancer, sentir que l'on apporte une différence au sein de la société, mais on se heurte à une incompréhension et une lenteur d'un système qui ne correspond pas à ce que nous avons été habitués à avoir, rapidement, rien qu'en cliquant sur un bouton », déplore Anthony. Frustrés également parce qu'ils « refusent d'être considérés comme des robots ou de simples machines à vendre des idées sans en être convaincus ou en comprendre l'utilité », renchérit Sami, 23 ans, consultant en marketing chez McKinsey aux États-Unis. Ils sont surtout frustrés « parce qu'ils doivent se soumettre à une autorité qui n'est pas aussi à l'aise avec les technologies de l'information et de l'internet qu'eux, ne manipule pas les outils de création et de communication avec la même dextérité et ne parle pas le même langage », martèle Carine, 22 ans, graphic designer dans une agence de publicité.

Alors ces jeunes, « qui ne peuvent pas accomplir une tâche ou un ordre s'ils n'en comprennent pas le sens ou l'utilité (voilà pourquoi on les appelle génération Y pour why), démissionneront, changeront de boulot dix fois s'il le faut, pour trouver un milieu qui les appréciera à leur juste valeur, explique la sociologue et coach en business Tatiana Salloum. Et à chaque fois qu'ils se trouveront dans une situation où ils n'ont pas une réponse à leurs attentes, ils ressentent une frustration que les managers n'arrivent pas à comprendre ».

 

« C'est cela le futur »
« Si nos managers ont l'expérience et l'ancienneté, nous avons la technologie et les connaissances du numérique, affirme Souraya, 26 ans, responsable de produits de luxe dans une compagnie étrangère. Et c'est cela le futur. Or ils ne parlent pas le même langage que la nouvelle génération de consommateurs. Ils ne peuvent donc pas réfléchir et agir comme ils le faisaient dans le temps, et n'arrivent pas à répondre aux besoins de cette société de consommation qui est en évolution permanente. » Alors les patrons exigent encore plus des jeunes, leur demandent d'innover, de créer, de combler les attentes des consommateurs. « Ils demandent parfois trop par rapport à ce que l'on peut offrir », déplore Anthony. « On se sent alors dépassés, pas à la hauteur, incapables et encore plus frustrés. Et comme ils ne savent pas nous expliquer et nous montrer l'exemple, nous apprenons par nous-mêmes en payant souvent les pots cassés... Malheureusement, aujourd'hui, il y a une telle compétition dans le marché que les compagnies savent qu'à n'importe quel moment, elles peuvent engager une autre personne du même calibre qui possède les mêmes qualifications et les mêmes diplômes que nous. Et c'est cela le plus terrible », conclut-il amèrement.

 

La passion d'abord
Selon un récent sondage effectué par Brandcell Consulting auprès de plus de 270 Libanais âgés de 17 à 22 ans, ces jeunes veulent « un métier qui les passionne », un métier « qui leur permet de se prouver, de réaliser un changement au sein de leur travail ». Ils veulent sentir « qu'ils ont fait un impact sur l'entreprise ». Ils aimeraient « travailler en équipe, avoir des liens directs et francs avec leur supérieur, bâtir des relations basées sur la confiance et surtout créer des réseaux entre les idées et les gens, pour mieux communiquer et partager ».

« Dans les grandes compagnies, la hiérarchie est telle que nous sommes souvent incompris et jugés sur les résultats, et non pas sur notre performance », regrette encore Sami, qui estime que les femmes managers sont plus réceptives et compréhensives que les hommes. Est-ce la conséquence d'une hiérarchie contre-productive ? « Certainement, répond Léa, 28 ans, employée dans une petite boîte de publicité en Espagne. Ma manager est jeune et très réceptive à ce que nous lui proposons. Si je travaillais dans une grande compagnie, je ne crois pas que j'aurai été aussi bien comprise. »

Alors comment aider cette génération à s'intégrer et s'épanouir au travail ? « Ce sont les seniors de la génération X qui doivent adapter leur façon de penser à cette nouvelle génération qui accède au monde du travail, répond sans hésiter Tatiana Salloum. Ces jeunes recherchent une meilleure qualité de vie, en conciliant travail et intérêt personnel. Ils pensent à court terme et espèrent une progression rapide, une liberté et beaucoup plus d'autonomie. Et contrairement à leurs parents, ils ne placeront pas leur travail au premier plan. Les managers ne doivent pas oublier que ces jeunes ont une arme qui va révolutionner le monde et que, finalement, ce sont eux les futurs patrons de demain... »

 

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