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Lifestyle - La mode

Mode : Ce que nous réserve ce printemps

La mode est la manifestation la plus évidente du « zeitgeist », de l'air du temps. Chaque saison, elle nous donne en quelque sorte des nouvelles de l'état d'esprit du monde, de ses nostalgies et de ses aspirations. Et, à cet égard, les tendances du printemps-été 2017 sont riches en messages et significations.

Lamé chez Saint Laurent. (Photo DR)

Cette saison, la mode s'est une fois de plus laissée dicter son inspiration par la rue, comme le recommandait Bill Cunningham, le célèbre photographe de la faune ordinaire de New York. Et la rue lui a raconté ses inquiétudes, entre Brexit et repli identitaire. Elle lui a raconté que les femmes ne sont pas loin de gagner leur combat contre les inégalités de genre, tout en refusant de s'identifier aux hommes comme ont été tentées de le faire avec un effet plutôt désastreux les anciennes féministes. Elle lui a confié ses envies d'époque plus douces ou plus festives : une touche des années 50, avant l'avènement des enfants gâtés du baby-boom des 60's ; les rêves post-Vietnam des années 70 et les délires disco, pré-sida, des années 80. Pour fuir la morosité, nous changer le paysage et donner l'illusion – vitale à l'économie – que tout va bien, les créateurs ont donc mis le paquet sur la couleur, les fleurs, le graphisme artistique et les pois. Pour satisfaire le nouveau féminisme, ils ont ramené les épaules gonflées des années Thatcher, mais avec un twist. Enfin, pour célébrer notre époque formidable, ils ont mis en avant, en cherchant bien où se niche un peu d'espoir, la combinaison, d'escrimeuse ou de cosmonaute, comme un avant-goût des futurs voyages dans l'espace, histoire de fuir une planète Terre de plus en plus déglinguée.

 

Une palette boule de gomme
Ils sont allés chercher leurs couleurs dans une confiserie. Ce printemps, on n'échappera pas au rose bonbon, à porter sans nuances, sorti du tube, et en total look. À assortir avec des accessoires de la même gamme, ou mieux, à contraster avec du rouge, de l'orange ou du violet. Plus ça fera mal aux yeux, mieux se portera l'humeur. Pour les âmes sensibles, le rose saura aussi se faire pastel, se poudrer au besoin, jouer l'ingénuité, mais il lui faudra résister à la concurrence du jaune qui lui rayonnera de toutes ses forces pour réchauffer les cœurs, moins prétentieux que le doré mais tout aussi efficace. Cependant, côté bling-bling, il y en aura aussi pour tous les goûts, avec une invitation claire à se couvrir de paillettes ou de lamé de la tête aux pieds, avec tout ce que la nuit apporte au jour.

 

Fleurs, pois, tulle et expressionnisme abstrait
Une fleur ne fait peut-être pas un printemps, mais une avalanche, si. Et c'est bien cela qui va nous tomber dessus cette saison : des cascades florales et des floraisons folles, tendres ou vénéneuses, répliquées à l'infini. À côté des petits imprimés géométriques sur fond orange des années 70, soulignés par des gilets col « V » typiques, et des patchworks et effets graphiques pop tout droit calqués sur l'art moderne, on aura l'impression d'avoir détruit le mur de Berlin la veille, et d'assister à un assaut de matriochkas rendues divines par de nouveaux drapés, des volants affolants et des collants trouvés dans les mêmes prairies. Les pois charmants des années 50 reviennent en force. On les retrouve notamment, comme chez Dior, déclinés sur de longues jupes en tulle imitant des tenues de ballet.

 

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Des épaules directoriales
Les femmes sont les nouvelles boss, et elles sont bosseuses, et cela doit se voir. Dans la nature, les créatures dominantes sont toujours plus grandes que les spécimens de base. Dans les bureaux aussi. Alors ont fait comme dans la chanson de Sardou, et pour réussir « l'amalgame de l'autorité et du charme », comme Margaret Thatcher, première Première ministre britannique qui mérita en son temps le titre de « dame de fer », on se remet au tailleur, mais en jouant des épaulettes. Froncées pour mieux se dépasser ou droites, comme tenant à un cintre, ou encore arrondies par un effet de plissage origami, les épaules, qu'on se le dise, sont les nouveaux seins. Pour casser cette rigidité, les volumes sont très généreux, notamment sur les trenchs qui se prêtent ainsi à toutes les personnalisations, boutonnages asymétriques, dos renversé ou taille étranglée façon corset.

 

La combinaison
C'est ce vêtement qu'on enfile rapidement, haut et bas ensemble, et qu'on ôte tout aussi vite pour se changer après une longue journée de travail. La combinaison est l'uniforme du pompier, du cosmonaute, du débardeur, du mécanicien ou du balayeur. Les femmes aussi y ont droit, si l'on part du principe qu'elles ont accès à tous les métiers. Il y a donc une sorte de manifeste dans le fait de se glisser dans une combinaison, même en trichant avec une veste et un pantalon assortis comme chez Hermès. En cherchant un vêtement qui rappelle l'amour de Christian Dior pour l'abeille, Maria Grazia Chiuri a évidemment pensé à la combinaison de l'apiculteur. Dans sa version plus flamboyante, elle a adopté et adapté la tenue d'escrime. L'élégance du blanc et du buste matelassé est ici de toute beauté.

 

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