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Nos Lecteurs ont la Parole - par Abdel Hamid EL-AHDAB

Bachir Gemayel, « Abou Omar » et le livre de Georges Freiha

L'ancien ambassadeur du Liban en Suisse, Hussein al-Rammal, raconte qu'au cours de la période où il occupait ce même poste au Sénégal, l'ambassade libanaise était confrontée à un problème qui avait pour nom « Abou Omar ». Le problème avec Abou Omar était qu'il ne venait à l'ambassade que tard dans la matinée, à 10 heures 30, soit deux heures et demie après le début des heures de travail. L'ambassadeur et les responsables de l'ambassade avaient usé de tous les stratagèmes pour le convaincre de venir au début de l'horaire de travail, à huit heures, mais en vain. Il en fut ainsi pendant des années malgré les tentatives de persuasion et de dissuasion. Abou Omar disait : « Je ne peux pas... Je suis ainsi fait. »
L'ambassadeur finit par se résigner. Abou Omar était un homme bon et quelque peu âgé. Il n'existait pas de remède à cette situation, sinon celui de l'expulser de l'ambassade et de le faire même retourner au Liban, ce que les responsables de l'ambassade avaient du mal à entreprendre. Mais il arriva un jour où, au lendemain même de l'élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République, Abou Omar se présenta à l'ambassade à l'ouverture même des portes, à huit heures, ce qui y fit régner une véritable atmosphère de fête. Il fut vite entouré des membres du personnel et des cadres de haut rang qui lui demandèrent de s'expliquer sur ce changement soudain de son habitude qui était pourtant bien ancrée. Il répondit alors : « Maintenant, nous voulons reconstruire notre pays et nous en serons responsables un à un ! » L'ambassadeur et les membres de l'ambassade eurent les larmes aux yeux et se demandèrent comment le message s'était transmis de Beyrouth au Sénégal et comment Abou Omar a pu être convaincu de changer après tant d'années.
L'histoire d'Abou Omar, les Libanais en racontent des milliers pareilles advenues lors de l'élection de Bachir Gemayel, alors qu'il n'avait pas encore accédé au pouvoir. Mais l'État avait aussitôt retrouvé son prestige en chaque demeure, chaque bureau, chaque lieu de travail. Il avait regagné les cœurs avant de regagner les esprits. Fouad Chéhab était de retour, et bien plus! Et Raymond Eddé aussi, et bien plus !
Quel était donc ce phénomène que constituait l'élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République? Le Dr Georges Freiha, qui est l'un de mes amis les plus chers, a écrit un livre qui a pour titre Avec Bachir Gemayel... Souvenirs et mémoires. Il est ici historien et témoin. Il l'est ainsi parce qu'il a été témoin d'évènements qui ont changé l'histoire du Liban. Les points qui polarisent le plus l'attention dans son ouvrage sont :
1. La réunion de « Nahariya » au cours de laquelle Bachir Gemayel avait été en désaccord avec Begin. Il avait alors prononcé sa célèbre phrase qui est la suivante : « Je ne signerai le traité de paix avec Israël qu'avec l'accord des musulmans. »
2. La réunion qui, après l'échec de la réunion de Nahariya, a eu lieu avec Sharon, à Bickfaya, à la veille de l'assassinat de Bachir Gemayel. Bachir avait donné son accord à une nouvelle formule sur les relations avec Israël, qui respecte la volonté des musulmans et offre à Israël une paix suspendue à un retour de la sécurité dans le pays. Mais Bachir fut assassiné le lendemain de cette réunion qui demeura secrète et dont Georges Freiha dévoila les détails dans son livre. Il dit, au sujet de Bachir :
« (...) J'ai découvert en Bachir la stature d'un commandant entreprenant, capable d'affronter des épreuves difficiles avec courage et sang-froid, prendre des décisions graves, engager des batailles que les gens ordinaires craignent de mener et qu'ils fuient en croyant que les problèmes trouveront solution avec le temps. Bachir était d'une autre étoffe, pareil à un César prêt à prendre les responsabilités les plus lourdes et ne connaissant, en son vocabulaire, ni hésitation ni recul. »
Il titille, dans son ouvrage, le nerf fragile, celui que soulève l'histoire d'Abou Omar qui a changé le cours de sa vie et qui a voulu donner une leçon à l'ambassade libanaise au Sénégal à l'occasion de l'accession de Bachir Gemayel à la présidence, événement qui l'avait convaincu que l'État était de retour, que le Liban avait besoin de la participation de tous pour être un exemple de probité dans le travail et le comportement dans la vie. Le jour où Bachir Gemayel a été tué, Abou Omar a également été tué, Abou Omar qui symbolise l'espoir en la réforme et la reconversion du Liban par le recouvrement de la notoriété de l'État, du prestige du pouvoir, sa valeur, sa vertu, sa force, seuls capables de corriger la situation dans laquelle il se débat.
Cette occasion a-t-elle été perdue lors de l'assassinat de Bachir Gemayel ? Plus les jours s'écoulent et plus les Libanais sont convaincus qu'Abou Omar est mort et qu'ils ont besoin d'un héros qui le fasse revivre, d'une révolution qui les sauve et non d'une bande de larrons qui les dépouillent !

Abdel Hamid EL-AHDAB
Avocat

L'ancien ambassadeur du Liban en Suisse, Hussein al-Rammal, raconte qu'au cours de la période où il occupait ce même poste au Sénégal, l'ambassade libanaise était confrontée à un problème qui avait pour nom « Abou Omar ». Le problème avec Abou Omar était qu'il ne venait à l'ambassade que tard dans la matinée, à 10 heures 30, soit deux heures et demie après le début des heures...

commentaires (4)

Et donc comparer Bachir Gemayel au Ämîd Raymond Eddé et au Lîwâä Foâdé Ch'hâââb ? Wâlâââoû !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 30, le 28 mars 2017

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Commentaires (4)

  • Et donc comparer Bachir Gemayel au Ämîd Raymond Eddé et au Lîwâä Foâdé Ch'hâââb ? Wâlâââoû !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 30, le 28 mars 2017

  • SUPERBEMENT DIT ET ECRIT MAITRE ABDEL HAMID EL-AHDAB !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 46, le 28 mars 2017

  • Et ce n'est pas parce qu’une "bande de larrons les dépouillent", que les Libanais ont besoin d'un "héros" ; quel qu'il soit n'est-ce pas ; mais bien d'une Révolution, ça oui, à la condition bien entendu qu'elle ne soit point POIGNARDÉE comme le fut celle Cédraie de 05 !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 52, le 28 mars 2017

  • "Lors de l'élection de Bachir Gemayel, c'était comme si Fouad Chéhab était de retour, et bien plus! Et Raymond Eddé aussi, et bien plus !" ! Lâh, lâh, lâh lâh, yâ Ëésstéééz EL-AHDAB ! Votre erreur est HISTORIQUE.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 46, le 28 mars 2017

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