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Moyen Orient et Monde - Conférence

« L’État islamique mène trop de combats à la fois »

Deir ez-Zor serait-elle une probable zone de repli des jihadistes une fois leurs bastions tombés ?

Les invités participant au premier jour de la conférence intitulée « L’avenir de l’État islamique », à l’IFI, à l’AUB. Photo IFI

« D'ici à un an, l'État islamique (EI) aura perdu les grandes villes, telles que Raqqa et Mossoul. » Aymenn Jawad el-Tamimi, chercheur au Middle East Forum, est catégorique. Ce dernier était invité lundi par l'Institut Issam Farès à l'Université américaine de Beyrouth, pour une conférence intitulée « L'avenir de l'État islamique ».

Le « califat » autoproclamé de l'EI n'a cessé de perdre des territoires en 2016, annonçait déjà une étude du cabinet d'analyse IHS Markit dans un document publié le 19 janvier 2017. En un an, la superficie des territoires de l'EI est passée de 78 000 km² à 60 400 km². En février 2017, les forces armées irakiennes entrent dans Mossoul, bastion de l'EI. Depuis, elles ne cessent de progresser pour reprendre l'ouest de la ville et se sont resserrées ces derniers jours autour de la vieille ville. L'organisation perd également du terrain à Raqqa en Syrie, « capitale » autoproclamée du « califat ». Selon les chercheurs, cette tendance devrait se confirmer à l'avenir. « L'EI mène trop de combats à la fois », estime M. el-Tamimi. Le processus de déclin dans les zones stratégiques principales devrait être « graduel », selon le chercheur, mais « pourrait être plus rapide dans d'autres régions ». En se dispersant, l'organisation ne semble plus pouvoir maintenir le même rythme militaire qu'en 2014. L'attention des jihadistes s'est récemment concentrée sur le recrutement de personnel pour les tâches administratives, au détriment du recrutement pour ses forces armées. En parallèle, l'organisation doit également faire face à l'augmentation incessante des déserteurs dans ses rangs.

Bureaucratie mise à mal
Cela remet notamment en question la structure administrative de l'EI et son efficacité. Seize branches réparties sur neuf pays, au Moyen-Orient et en Afrique, ont prêté allégeance à l'organisation. Dans les différents documents officiels de l'EI trouvés par les chercheurs, le fonctionnement du « califat » est fortement centralisé. Avec une bureaucratie particulièrement développée, les branches du groupe sont subdivisées entre différentes brigades auxquelles sont attribuées des tâches spécifiques au niveau militaire ou administratif. Les membres sont ensuite régulièrement amenés à changer de région afin de permettre une standardisation des pratiques à travers les branches.
Pour autant, cette standardisation reste à nuancer. « Par exemple, il existe des camps d'entraînement en Afghanistan, mais qui ne sont pas de la même nature qu'en Syrie ou en Irak », a souligné Mara Revkin, chercheuse affiliée au Centre Abdallah S. Kamel de l'Université de Yale, dans le cadre de la conférence. Malgré une propagande fortement développée sur les réseaux sociaux pour afficher le contrôle de ses territoires, l'organisation de l'EI en pratique n'est pas aussi linéaire qu'elle peut l'être en apparence. « On trouve un modèle de bureaucratie complexe uniquement dans la branche de l'EI en Libye », a-t-elle précisé.
Le déclin de l'organisation et les prédictions des chercheurs amènent à s'interroger sur la stratégie de l'EI si elle devait perdre ses bastions. Différentes hypothèses sont avancées, telles que la Libye en tant que position de repli. Pour M. el-Tamimi, cette option n'est pas plausible. « L'EI n'est plus aussi fort en Libye qu'auparavant », a-t-il confié à L'Orient-Le Jour, évoquant plutôt l'est de la Syrie : « Deir ez-Zor sera probablement l'une des principales zones de repli », a-t-il dit.

« D'ici à un an, l'État islamique (EI) aura perdu les grandes villes, telles que Raqqa et Mossoul. » Aymenn Jawad el-Tamimi, chercheur au Middle East Forum, est catégorique. Ce dernier était invité lundi par l'Institut Issam Farès à l'Université américaine de Beyrouth, pour une conférence intitulée « L'avenir de l'État islamique ».
Le « califat » autoproclamé de l'EI n'a...

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