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Économie - Commerce

Face à Trump, Bruxelles joue la carte du Japon

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a rencontré hier à Bruxelles le Premier ministre nippon Shinzo Abe. Yves Herman/Reuters

L'Union européenne mise sur le Japon, avec qui elle espère boucler en 2017 les grandes lignes d'un ambitieux accord commercial, pour réaffirmer son attachement au libre-échange face au repli protectionniste des États-Unis de Donald Trump.
« Cet accord est nécessaire car nous croyons à un commerce libre, équitable et fondé sur des règles », a insisté hier le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une rencontre à Bruxelles avec le Premier ministre nippon Shinzo Abe, en compagnie du président du Conseil européen Donald Tusk. M. Juncker s'est dit « confiant » de voir cet accord conclu en 2017, promettant que « cette rencontre » avec M. Abe ne serait « pas la seule de l'année ».
Cet affichage en faveur d'un commerce « libre et équitable » contraste avec le protectionnisme de Donald Trump et de son administration, hostiles au multilatéralisme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Dès son arrivée au pouvoir le 20 janvier, le président américain a notamment officialisé le retrait américain du Traité transpacifique (TPP) signé avec 11 pays de la région Asie-Pacifique, dont le Japon, 3e puissance économique mondiale.
Tout récemment, des désaccords de fond ont eu lieu pendant une réunion des grands argentiers du G20 en Allemagne, où les États-Unis ont notamment fait retirer du communiqué final une condamnation du « protectionnisme ». « Dans le contexte politique actuel, et spécialement maintenant que les États-Unis se sont retirés du TPP, nous avons reçu l'assurance que cet accord est une priorité pour le gouvernement japonais », souffle une source européenne proche des discussions. Shinzo Abe a pourtant ménagé son allié américain hier, jugeant « important que le Japon et l'Union européenne (UE) coopèrent aussi avec les États-Unis » pour défendre le libre-échange « face à des tendances protectionnistes troublantes ».

Plus lourd que le CETA
Négocié depuis quatre ans dans une quasi-indifférence, l'accord UE/Japon pourrait pourtant peser plus lourd encore que celui récemment conclu avec le Canada, le CETA, cible d'une virulente contestation politique et d'ONG. Les échanges avec le Japon, sixième partenaire commercial de l'UE en 2016, représentent 3,6 % du commerce européen, soit presque le double de ceux avec le Canada. Selon une étude d'impact de la Commission, le PIB européen pourrait croître de 0,76 % à long terme.
Les négociations, pourtant bien avancées, butent encore sur l'agriculture : les Européens voient dans le Japon un marché particulièrement intéressant, très demandeur de produits de qualité, mais le secteur reste sensible pour les Japonais, inquiets pour leur bœuf, leur porc et leurs produits laitiers.
Autre obstacle, le secteur automobile, que le Japon aimerait voir aussi libéralisé que possible dans l'UE. Les Européens sont prêts à ouvrir complètement leur marché, mais pas sans contreparties, ont-ils prévenu, l'automobile restant l'un de leurs principaux atouts. « Comme souvent dans une négociation, les derniers problèmes sont les plus difficiles à résoudre », a noté M. Juncker.
Reste aussi, malgré la volonté affichée des deux parties, l'incertitude politique. L'exemple du CETA, dont la signature par Bruxelles a été fortement ralentie par ses opposants, reste dans toutes les têtes. « Bien sûr que le CETA a inquiété les Japonais, mais ils ont vu ensuite comment les choses se sont terminées, tempère la source proche des négociations. Ils ont plus confiance en nous que nous-mêmes. »
De l'aveu même des négociateurs, le cadre du futur traité est très proche de celui avec le Canada. Il pourrait même inclure, si le Japon l'accepte, un tribunal permanent chargé d'arbitrer les éventuels litiges entre les multinationales et les États, un point qui avait été jugé très problématique par les anti-CETA.
Contactées par l'AFP, la plupart des ONG opposées au CETA restent pour l'instant muettes sur le Japon. Seule l'organisation Friends of the Earth Europe a expliqué « avoir priorisé » ses actions sur le CETA ou le TTIP – l'accord de libre-échange de l'UE avec les États-Unis, actuellement « étudié » par Washington – à cause « de moyens limités ».
(Source : AFP)

L'Union européenne mise sur le Japon, avec qui elle espère boucler en 2017 les grandes lignes d'un ambitieux accord commercial, pour réaffirmer son attachement au libre-échange face au repli protectionniste des États-Unis de Donald Trump.« Cet accord est nécessaire car nous croyons à un commerce libre, équitable et fondé sur des règles », a insisté hier le président de la...

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