Le patron des Renseignements extérieurs allemands, Bruno Kahl, a assuré samedi dans un entretien à la presse que contrairement à ce qu'affirme Ankara, le prédicateur Fethullah Gülen n'est pas à l'origine du putsch raté en juillet en Turquie.
"La Turquie a essayé à différents niveaux de nous en convaincre. Mais jusqu'ici elle n'y est pas parvenue", a affirmé le président du Service fédéral d'informations (BND) à l'hebdomadaire der Spiegel.
Le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen est accusé par les autorités turques d'avoir ourdi la tentative de putsch du 15 juillet 2016 mais il dément catégoriquement toute implication.
Son mouvement est appelé par les autorités turques FETO, acronyme pour "Organisation terroriste des partisans de Fethullah" et est accusé par les dirigeants turcs d'être responsable de la mort de 248 personnes lors de la nuit du coup d'Etat manqué.
"Ce que nous avons vu à la suite du putsch, aurait eu lieu de toute façon, peut-être pas avec la même ampleur et avec une telle radicalité", a ajouté M. Kahl.
"Le putsch n'était qu'un prétexte bienvenu", a-t-il ajouté, à propos des purges d'une ampleur inédite intervenues depuis l'été dernier.
Depuis le coup d'Etat manqué, plus de 41.000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plus de 100.000 limogées ou suspendues, notamment des professeurs, des policiers et des magistrats.
Des dizaines de médias et d'associations ont par ailleurs été fermés et de nombreux journalistes licenciés.
"Le putsch n'a pas été initié par l'Etat. Avant le 15 juillet une grande purge opérée par le gouvernement avait déjà commencé", a expliqué le patron du BND. "C'est pourquoi une partie des militaires pensaient qu'ils devaient rapidement commettre un putsch avant d'être eux aussi touchés (par les purges)", a-t-il poursuivi. "Mais il était trop tard et ils ont eux même été l'objet de purges".
Bruno Kahl assure en outre que le mouvement Gülen est "une association civile de formation continue religieuse et séculaire" qui "durant des décennies a coopéré" avec M. Erdogan et non un mouvement terroriste comme l'assure Ankara.
Fethullah Gülen est à la tête d'un vaste réseau d'écoles, d'entreprises et d'ONG.
"La Turquie a essayé à différents niveaux de nous en convaincre. Mais jusqu'ici elle n'y est pas parvenue", a affirmé le président du Service...
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