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Liban - En toute liberté

Vivre ensemble ! Ah, vivre ensemble !

Qu'avons-nous d'autre, d'original, à proposer au monde ? C'est devenu notre trésor, notre marque de fabrique. Tous ceux qui sont rentrés de la conférence islamo-chrétienne d'al-Azhar (Le Caire, 28 février-1er mars) l'attesteront : musulmans et chrétiens du Liban « y ont parlé une seule langue ». Cette langue, c'est tout à la fois celle du vivre-ensemble, devenu notre « seconde nature » et celle du pacte national que nous avons conclu et confirmé. À la fois donné et construit, ce vivre-ensemble a fait de nous ce que nous sommes : des Libanais. Des Libanais de souche, des Libanais jusqu'à la moelle, des Libanais jusqu'à faire rêver les autres.
Jean-Paul II, devenu au fil des ans notre référence spirituelle commune, dit joliment dans son encyclique Foi et Raison (1997, à relire), que tout homme est « fils et père » de sa culture. Qu'il en est formé et qu'elle le forme en retour. C'est exactement ça : ce bain d'islam et de christianisme de notre vécu quotidien nous façonne à mesure que nous le façonnons. Cela coule de source, ça vient sans effort, c'est dans l'air que nous respirons, le journal que nous lisons, les émissions que nous écoutons ; c'est dans les phrases que nous échangeons chez l'épicier, le coiffeur, le mécanicien, le pompiste, le dentiste, le voisin ; c'est dans les conversations que nous engageons en toutes circonstances, aussi bien aux mariages qu'aux enterrements, dans les salons feutrés des condoléances où nous refaisons le Liban avec nos amis d'enfance.

Eh bien, cette facilité de rapports, ces droits et devoirs qui nous semblent si élémentaires, c'est ce que d'autres rêvent pour eux-mêmes. La pensée est de Mohammad Sammak, cheville ouvrière du congrès d'al-Azhar. Citoyenneté, libertés, égalité civique et communauté culturelle dans un État constitutionnel, voilà ce dont rêve Abdel Fattah al-Sissi pour l'Égypte. Voilà ce dont rêve l'Irak du patriarche Sako des chaldéens.
S'exprimant dans un forum organisé à l'American University of Iraq, le 8 mars 2017, le patriarche Sako avait affirmé que le principal défi que les Irakiens doivent affronter est celui de « construire un État de droit, une démocratie nationale, moderne, un pays fondé sur le principe de la citoyenneté ». Pour le patriarche, pour arriver à cet État de droit, il faudra « distinguer la religion de la politique, les institutions religieuses des institutions de l'État, en apprenant de l'expérience de l'Occident ». « Sans quoi, avait-il conclu, nous n'aurons pas d'avenir » (cf. Radio-Vatican).

À la recherche que nous sommes d'une nouvelle loi électorale, ne le faisons pas au point de nuire à notre spécificité. Qu'un certain nombre de députés chrétiens soient élus par les musulmans, ou le contraire, où est le mal ? Qu'il serait terrible de perdre le Liban ! Qu'il serait terrible de perdre notre vivre-ensemble ! À quoi nous serviraient la présidence et tous les « droits » de la terre si l'on en vient à perdre le Liban ?
C'est ce que tous doivent entendre et comprendre, et d'abord le Hezbollah. À quoi sert de gagner la Syrie, l'Iran, le croissant chiite et le monde entier si le prix à payer en est la précieuse liberté ? Car, restons lucides : notre vivre-ensemble est menacé. Le Hezbollah, qui défend la proportionnelle, doit, avant de chercher à l'imposer, accepter lui-même une part de proportionnelle dans la communauté chiite même: il doit accepter que des élections se tiennent librement au Conseil supérieur chiite, qu'une université Mohammad Mehdi Chamseddine voie le jour à Ghobeiri, que les débits de boissons alcoolisées ne soient pas inquiétés au Liban-Sud, que des rassemblement étudiants sur le campus de l'Université libanaise à Kfarchima diffusent du Feyrouz et même, même , que quelque émission musicale trouve son chemin jusqu'au petit écran d'al-Manar.
Cette proportionnelle culturelle devrait, en retour, servir d'exemple et mettre un peu plus de sobriété dans le délire de vulgarité et de grivoiseries qui se déversent de certaines télévisions à longueur de semaine et détruisent non seulement le vivre-ensemble, mais jusqu'à la fibre de notre être.

Cultivé au quotidien, le vivre-ensemble doit également être réfléchi et vigoureusement défendu là où c'est possible, et chaque fois que cela est possible. Il nous manque des « Cénacles » comme celui de Michel Asmar jadis, « où se pense le Liban », pour y fourbir nos armes intellectuelles. Il faut voir les salles vacantes et inemployées des grandes universités et des grands sièges communautaires pour prendre la mesure du manque. Pour élever la conscience nationale et la protéger contre ce qui la menace, nous devons agir, et vite. Chrétiens et musulmans libanais sont une extraordinaire chance les uns pour les autres. Pour les chrétiens, l'islam est le rempart inexpugnable contre le relativisme mortel venu d'Occident ; pour les musulmans, les chrétiens sont la porte ouverte à la raison critique qui leur permettra de renouer avec un glorieux passé (cf. Le soleil d'Allah brille sur l'Occident, de Sigrid Hunke, à relire).

Nulle part comme au Liban l'islam et le christianisme ne pourront aussi bien s'accueillir l'un l'autre, et, approfondissant les valeurs qu'ils ont en commun, dans la préservation de leurs identités propres, se rapprocher d'un même Dieu qui les tirera vers le haut, les préservera des faux pas et se révélera à eux comme « al-Rahman, al-Rahim », le Très Miséricordieux. Ne perdons pas cette chance unique que nous offre l'histoire.

Qu'avons-nous d'autre, d'original, à proposer au monde ? C'est devenu notre trésor, notre marque de fabrique. Tous ceux qui sont rentrés de la conférence islamo-chrétienne d'al-Azhar (Le Caire, 28 février-1er mars) l'attesteront : musulmans et chrétiens du Liban « y ont parlé une seule langue ». Cette langue, c'est tout à la fois celle du vivre-ensemble, devenu notre « seconde...

commentaires (10)

PRIERE LIRE NI MEME TOILETTAGE NI MEME MET... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 46, le 17 mars 2017

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • PRIERE LIRE NI MEME TOILETTAGE NI MEME MET... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 46, le 17 mars 2017

  • Des balivernes monsieur . Quand les chretiens de lEgypte de Al Sissi sont massacres dans leurs eglises ou sont chasses de leurs maisons . Parsona non grata seulement parce qu ils sont chrétiens..la liste est longue car le meme scenario se ( re) produit en irak en syrie ... et partout où les chretiens sont minoritaires ils sont exposes a mille et un harcelements et persecutions de tous genres.

    Hitti arlette

    16 h 26, le 17 mars 2017

  • - AH ! VIVRE AVEC TOI PUSSY CAT... - AH ! VIVRE AVEC TOI BOBY TOTO... AH... AH... AH... NI MEME CAISSE OU CHENIL NI MEME TOILETTAGES NI MEME METS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 42, le 17 mars 2017

  • Merveilleux article,esperons qu'il réveillera les consciences.

    Mona Joujou Dfouni

    14 h 52, le 17 mars 2017

  • Hélas, un certain ministre battu deux fois aux législatives ne souhaite plus que des députés chrétiens soient élus par des musulmans et vice versa. C'est le retour aux deux Moutassarrifiyas ou, soyons clairs, la partition.

    Un Libanais

    12 h 22, le 17 mars 2017

  • MAIS QUAND CERTAINS PREFERENT VIVRE AVEC DES OBSCURANTISTES ET SENTENT Y APPARTENIR ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 57, le 17 mars 2017

  • L'émancipation politique du Citoyen "croyant", c’est l'émancipation de l'État de la religion en général. Dans son essence même, comme État, l'État s'émancipe de la religion en s'émancipant de la religion d'État, i.e. en ne reconnaissant aucune religion, mais en s'affirmant "purement" comme État. S'émanciper politiquement de la religion, ce n'est pas s'émanciper d'une façon absolue et totale de la religion, parce que l'émancipation politique n'est pas le mode absolu et total de l'émancipation humaine. La limite de l'émancipation politique apparaît dans le fait que l'État peut s'affranchir d'une barrière sans que l'homme en soit réellement affranchi, et que l'État peut être un État libre sans que l'homme soit un homme libre. Il faudrait donc supprimer tous les privilèges religieux, et si la très grande majorité croyait encore devoir remplir des devoirs religieux, cette pratique devrait leur être abandonnée comme une affaire d'ordre strictement privé. L'État peut donc s'émanciper de la religion, même si la très grande majorité ne cesse pas d'être religieuse du fait qu'elle l'est alors à titre donc strictement privé....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 21, le 17 mars 2017

  • SUITE : Mais l'attitude de l'État envers la religion, n'est que l'attitude envers la religion des hommes qui constituent cet État. Par conséquent, c'est par l'intermédiaire de l'État, donc politiquement, que le Citoyen s'affranchit d'une barrière, en contradiction avec lui-même donc, mais d'une manière abstraite et partielle. En outre, en s'affranchissant politiquement, c'est donc par un détour, au moyen de cet intermédiaire : L’État ; intermédiaire nécessaire, il est vrai ; que l'homme s'affranchit. Et même s’il se proclame athée par l'intermédiaire de l'État, i.e. quand il proclame même l'État athée, le Citoyen demeure toujours limité au point de vue religieux, précisément parce qu'il ne se reconnaît tel qu’au moyen de cet intermédiaire : L’État. La religion sera donc la reconnaissance de l'homme par un intermédiaire. L’État est donc alors l'intermédiaire entre l'homme et la liberté de l'homme…. De même que le "Christ", e.g., est l'intermédiaire que l'homme charge de toute sa "divinité!", de toute sa limitation religieuse ; l'État est l'intermédiaire que l'homme charge de toute sa Non-divinité, de toute sa "limitation?" humaine.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 18, le 17 mars 2017

  • SANS L,APPARTENANCE NATIONALE DE TOUT LE MONDE RIEN N,IRA PLUS... LES CITOYENS FORMENT LES NATIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 17 mars 2017

  • Merci ...Merci pour cet article cible,clair,vitale...

    Soeur Yvette

    08 h 39, le 17 mars 2017

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