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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les suprémacistes blancs de l’administration Trump

Bannon, comme ses proches, partage la même admiration pour Jean Raspail, auteur culte de l'extrême droite US.

Stephen Miller, conseiller du président Trump (à gauche), et Steve Bannon, le stratège de la Maison-Blanche, atterrissant à Washington le 5 mars. Photo Nicholas Kamm/AFP

Le gouvernement de Donald Trump aurait, d'après le Washington Post il y a deux jours, atteint le point de non-retour. Toujours à l'état « expérimental », pour reprendre les termes du quotidien, l'administration du nouveau président américain a officiellement commencé sa politique de déconstruction de l'État administratif.

Pour commencer, le président Trump, qui ignore la manière dont fonctionne le département d'État et n'a pas de contacts réguliers avec son secrétaire d'État, Rex Tillerson, va réduire son budget de 37 %. Ce qui signifie qu'il va mettre au chômage quelques dizaines de ses fonctionnaires et, virtuellement, couper l'aide à certains pays étrangers. Entre les remous quotidiens provoqués par ses tweets matinaux, ses colères légendaires, les histoires qui circulent sur ses contacts avec la Russie et les dizaines de poursuites en justice adressées par de simples citoyens ou des entités américaines depuis son investiture, de nombreux Américains ne sont pas près de se sentir rassurés.

Toujours dans ce contexte déstabilisant, on voit opérer, avec encore plus de force, ce qui a été appelé le « genius bar » (allusion au puissant système de support d'Apple), avec pour noyau, Steve Bannon, le stratège de la Maison-Blanche, Stephen Miller, conseiller politique en chef du président, Michael Anton, du Conseil de la sécurité nationale, et Sebastian Gorka, un autre conseiller. Tous, et l'équipe les entourant, sont des suprémacistes, ou presque. Et c'est autour d'eux qu'est construite l'administration Trump. « Le paradoxe, explique un historien qui tient à garder l'anonymat, c'est que l'Amérique, qui a vaincu le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale, se retrouve 70 ans après injectée par une version plus policée du même poison et amenant au pouvoir, racistes et fanatiques. »

 

(Pour mémoire : Donald Trump s'en prend à une icône des droits civiques)

 

Arrêt sur ce quatuor qui domine et qui effraie tant, avec en tête Bannon (64 ans), lequel a puisé dans le concept de déconstruction du philosophe français Jacques Derrida. Auparavant, il avait été à la tête du site d'informations Breitbart, représentant l'extrême droite qui avait publié des articles taclant les crimes des Noirs et « les hordes musulmanes » qui veulent abattre les grilles des civilisations occidentales. Stephen Miller (32 ans), conseiller du président Trump, va d'une chaîne de télévision à l'autre pour défendre les accusations sans fondement aucun du président, notamment quand il déclare que des millions d'émigrés illégaux ont voté contre lui. Lorsqu'il était à l'université, Miller avait participé aux projets politiques de Richard Spencer, un suprémaciste connu.

Enfin, quand l'administration Trump a récemment refusé de reconnaître que les juifs, seuls, étaient visés par l'Holocauste, Sebastian Gorka (41 ans) a rétorqué que cette « déclaration était une ânerie ». Une réaction qui n'est peut-être pas une coïncidence : né à Londres de parents hongrois, il apparaît toujours en photos avec une médaille de l'ordre de Vitez, ordre de chevalerie hongrois, ouvertement antisémitique, qui avait collaboré avec le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Il est également hostile aux musulmans et il a travaillé avec Bannon à Breibart.

 

(Pour mémoire : À Washington, l'Amérique des minorités exprime sa peur)

 

Jean Raspail, auteur culte de l'extrême droite US
Michael Anton (47 ans), dernière recrue du « Braintrust » suprématiste de Trump, est de son côté actuellement en charge de la politique au sein du Conseil de la sécurité nationale. Il est plus connu sous son nom de plume « Publius Decius Mus » (du nom d'un homme politique de la Rome antique, célèbre pour son dévouement envers sa patrie). Anton, qui avait rédigé le manifeste pro-Trump pendant la campagne électorale, considère que l'Amérique n'est pas une nation d'émigrés et que la diversité n'est pas sa force, mais sa faiblesse.

Bannon, comme ses proches, partage la même admiration pour le camp des saints (paru en 1973) de Jean Raspail, auteur culte de l'extrême droite US. Et pour cause : son ouvrage, qui relate le débarquement de « miséreux » sur les côtes occidentales, décrit les supposées conséquences d'une immigration massive sur le Vieux Continent. Cécile Alduy, professeure à l'université de Stanford, et experte de l'extrême-droite française, souligne que « le livre est raciste au vrai sens du terme. Il utilise la race, comme la caractérisation même de ses personnages ». En témoigne, selon elle, « cette image de la prise de l'Europe par des émigrés envahissant ses rivages comme l'aurait fait la peste ». Tous ces hommes du président, navigant en sens contraire de la démocratie, mettent en danger l'Amérique et le monde. Face au parti républicain dans l'incapacité de redresser la barre.

 

Pour mémoire

Obama et la question raciale, un bilan mitigé

Le gouvernement de Donald Trump aurait, d'après le Washington Post il y a deux jours, atteint le point de non-retour. Toujours à l'état « expérimental », pour reprendre les termes du quotidien, l'administration du nouveau président américain a officiellement commencé sa politique de déconstruction de l'État administratif.
Pour commencer, le président Trump, qui ignore la manière...

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