Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Défense/Maghreb

Algérie et Maroc : des ambitions militaires à la hausse

Les conflits régionaux, les menaces terroristes sur le continent africain, mais aussi la rivalité entre Rabat et Alger influencent la compétition entre les deux pays.

Des soldats algériens près du village d’Aït Oubane, en Algérie, le 10 octobre 2014. Farouk Batiche/AFP

La course à l'armement continue entre Alger et Rabat. Le dernier rapport sorti en février de l'Institut national pour la paix de Stockholm (Sipri) place ces deux pays en tête des importations d'armes sur le continent africain. À eux deux, l'Algérie et le Maroc cumulent plus de la moitié des achats d'armes sur le continent, chacun représentant respectivement 46 % et 15 % des importations entre 2012 et 2016. La période 2011-2015 a été particulièrement fructueuse pour le Maroc avec une hausse de ses achats d'armement de 528 % par rapport à 2006-2010. Si les importations algériennes ont seulement augmenté de 4,7 % entre 2012 et 2016, le pays reste en tête du classement au niveau régional. Il se trouve également à la cinquième place pour les importations d'armes à l'échelle mondiale, derrière l'Inde, l'Arabie saoudite, les Émirats et la Chine. Le Maroc, quant à lui, est à la 24e place.

Rabat et Alger ont adopté une politique contraire à celle de leurs voisins. Les importations d'armement ont globalement chuté de 6,6 % en Afrique entre 2007-2011 et 2012-2016. Il faut malgré tout nuancer ces chiffres. « Il y a eu certes un léger déclin des dépenses militaires sur le continent africain qui est sans doute dû à la situation économique dans les pays d'Afrique », observe Dalia Ghanem-Yazbeck, chercheuse associée au Centre pour le Moyen-Orient de Carnegie à Beyrouth.

Dans cette course à l'armement, l'Afrique attire l'attention des plus gros exportateurs mondiaux : les États-Unis, la Russie et la Chine. Selon le rapport du Sipri, le fournisseur principal d'armes pour le Maroc sont les États-Unis, constituant ainsi 44 % des importations. Pour l'Algérie, le marché est principalement composé de la Russie (60 %) et de la Chine (15 %). La politique de pivot vers le continent africain porte ses fruits du côté chinois grâce à l'efficacité de sa stratégie diplomatique. Pékin a amélioré ses capacités de production et a su promouvoir son savoir-faire en matière d'armement, explique Dalia Ghanem-Yazbeck. À cet égard, la relation entre l'Algérie et la Chine s'est particulièrement intensifiée depuis ces trois dernières années au niveau économique. L'Algérie devient le premier partenaire de la Chine au Maghreb en 2014 et les deux pays signent un partenariat stratégique global pour cinq ans en 2014. Il en va de même pour la Russie avec qui l'Algérie entretient une coopération forte depuis le temps de la guerre froide. « L'URSS a longtemps été le fournisseur en armes de l'Algérie, c'est donc naturellement que les vieux chars et autres hélicoptères sont réparés et modernisés par la Russie », note la chercheuse.

 

(Pour mémoire : Bruits de bottes au Sahara occidental ?)

 

Multiplication des conflits régionaux
Cette politique d'investissements massifs des poids lourds africains dans le domaine de l'armement répond directement aux craintes liées à l'instabilité continentale. « Les deux pays se sont engagés dans une modernisation de leurs forces armées pour des raisons locales et régionales », souligne Dalia Ghanem-Yazbeck. En effet, de lourdes menaces jihadistes pèsent sur eux ces dernières années. Les groupes terroristes sévissent régulièrement sur le continent par le biais d'attentats, d'assassinats et de prises d'otages, ces dernières constituant leur principale source de financement. El-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI) est l'un des groupes majeurs dans la région et il est officiellement actif sous ce nom depuis 2007. À la fin des années 1990, alors appelé Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ses membres font allégeance à el-Qaëda. D'abord basé en Algérie, l'objectif du groupe est de créer un califat islamique dans la région. AQMI s'étend ensuite au Sahel aux frontières du Niger, de la Mauritanie et du Mali. Il est également en Libye et en Tunisie. Les activités d'AQMI se sont toutefois retrouvées limitées suite aux opérations militaires françaises au Mali et l'émergence de l'État islamique (EI) en Syrie. Le Maroc est alors devenu un des nids de recrutement pour les jihadistes de l'EI. Notant la perte d'influence d'el-Qaëda dans la région, l'EI séduit de nombreux salafistes et son emprise sur les jeunes du pays s'est accrue depuis 2012. La multiplication des conflits et des cellules terroristes dormantes sur le continent a donc poussé l'Algérie et le Maroc à adapter leurs stratégies militaires.

En parallèle, Rabat et Alger s'opposent aussi entre eux directement. La détermination des frontières entre les deux pays est une source de discorde depuis des décennies, qui n'est pas sans rappeler le climat de guerre froide, portant dans ce cas précis sur le sujet du Sahara occidental. Le Maroc estime que le Sahara occidental défendu par le Front Polisario fait partie intégrante de son territoire. L'Algérie, pour sa part, défend le droit à l'autodétermination des Sahraouis. Ce différend s'affiche clairement au niveau diplomatique, notamment suite au retour du Maroc au sein de l'Union africaine le 30 janvier 2017 et auquel Alger s'est farouchement opposé. Mélangeant conflits régionaux et interétatiques, la compétition militaire entre l'Algérie et le Maroc n'est pas près de s'arrêter. « Chaque pays lutte pour freiner les ambitions régionales de l'autre », précise Mme Ghanem-Yazbeck. Selon les estimations des spécialistes du centre Strategic Defense Intelligence, le royaume marocain devrait poursuivre sur sa lancée. Avec un budget de 3,4 milliards de dollars en 2017 pour la défense, celui-ci devrait atteindre les 3,9 milliards de dollars pour 2022.

 

Lire aussi 

Nouvelles turbulences au Sahara occidental

Le Maroc annonce son retrait d’une localité contestée au Sahara occidental

« Le Maroc a réussi à imposer son retour en Afrique »

La course à l'armement continue entre Alger et Rabat. Le dernier rapport sorti en février de l'Institut national pour la paix de Stockholm (Sipri) place ces deux pays en tête des importations d'armes sur le continent africain. À eux deux, l'Algérie et le Maroc cumulent plus de la moitié des achats d'armes sur le continent, chacun représentant respectivement 46 % et 15 % des importations...

commentaires (2)

LE FLEAU DE LA GUERRE VA S,ETENDRE A TOUT LE M.O. ET L,AFRIQUE DU NORD ! CAD LES PAYS ARABES ET LES AUTRES PAYS DU M.O.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 40, le 28 février 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LE FLEAU DE LA GUERRE VA S,ETENDRE A TOUT LE M.O. ET L,AFRIQUE DU NORD ! CAD LES PAYS ARABES ET LES AUTRES PAYS DU M.O.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 40, le 28 février 2017

  • Y aurait il une relation entre ces faits et la tentative d'attaque bactéries wahabites à Alger hier ? En général ces faits se cumulent entre eux , puisque le manipulateur est le même .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 45, le 28 février 2017

Retour en haut