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Liban - Développement

Lancement de la seconde phase d’un projet de tourisme rural entre Jbeil et Batroun

Au centre culturel de Jbeil, le résultat de plusieurs années d'efforts pour à la fois développer les visites et soutenir les populations locales a été présenté.

Les femmes engagées dans le projet recevant leurs certificats d’aptitude.

« C'est avec un très grand plaisir que je vous accueille en ce jour pour le lancement de la seconde phase du projet Routes rurales entre Jbeil et Batroun. » C'est par ces mots que Juliana Najm, présidente de l'association Promotion et Développement social (Prodes), s'adresse à tous les acteurs qui ont agi à des échelles diverses pour le financement ou l'organisation du projet dont la première phase avait été mise en place en novembre 2016 à travers le recensement, dans le cadre d'une brochure, de tous les sites, contacts et informations nécessaires à l'inauguration de nouveaux circuits touristiques.

Aujourd'hui, tous les ingrédients ont été mis en place pour promouvoir un nouveau genre de tourisme rural entre Jbeil et Batroun, et au cœur duquel les femmes tiennent un rôle-clé. Le projet est le fruit d'une coopération entre l'Agence des États-Unis pour le développement international (USaid), le ministère du Tourisme, la municipalité de Jbeil et Prodes.

Les « routes rurales » relient 20 villages de la région entre eux, et un programme commun a été mis en place pour des circuits composés de randonnées pédestres et de visites, afin de remettre au goût du jour la faune, la flore et le riche patrimoine culturel et religieux de la région, un temps laissé à l'abandon.

À cette fin, l'association Prodes a développé tout un système de formations, certificats à la clé, pour faire des femmes en particulier des acteurs-clés dans la mise en valeur des villages. Nour Farra Haddad, cofondatrice de l'association pour la promotion et le développement du tourisme religieux au Liban, a présenté dans le détail les possibilités de parcours et toutes les options et les services offerts, selon une « stratégie nationale du tourisme rural », selon les mots de Juliana Najm.

Si l'ensemble des discours étaient tenus en arabe, le public était plus international, avec des représentants de USaid et du projet Industry Value Chain Development (LIVCD – un programme de développement mis en place par l'agence américaine) dont le responsable de l'organisme, Frank O'Brien, aux côtés des délégués du ministère du Tourisme, notamment le représentant du ministre, Sarkis Mardirossian, et du président et des membres de la municipalité de Byblos. Le projet LIVCD est financé par l'USaid, sur base d'une initiative internationale qui avait été lancée par l'ancien président américain Barack Obama. Son budget est de 41 millions de dollars qui doivent servir, sur cinq ans, à financer des projets à celui de Jbeil-Batroun dans tout le Liban.

Les soutiens indiquent bien le sens de la démarche : permettre certes aux Libanais de découvrir leur patrimoine, mais surtout promouvoir le développement local en soutenant les producteurs et en formant les populations à l'accueil de visiteurs venus de loin. Alors que le cumul des initiatives privées a étouffé le littoral, ces circuits ruraux donneraient de nouvelles possibilités aux touristes étrangers en visite au Liban. Cette stratégie de promotion du patrimoine local selon des critères de marketing et des envies internationales permet d'adapter les services offerts pour la future clientèle qui parcourra dans les prochains mois les villages, à la recherche de produits naturels du « terroir », selon l'éthique du tourisme équitable.

Les touristes ne pratiquant pas la langue arabe seront accueillis par des guides polyglottes et aidés par des brochures en anglais, « ainsi que par une page web dédiée aux tours possibles selon les priorités de chacun », a précisé Juliana Najm. « L'ouverture de ces circuits est une étape importante pour le développement socio-économique des vingt villages », a souligné pour sa part M. Mardirossian, en précisant que le projet s'inscrit dans le cadre de la stratégie de tourisme local lancée en 2015 par le ministère du Tourisme, en collaboration avec la société civile. Une idée également développée par le président du conseil municipal de Jbeil, Ziad Hawat, qui a précisé que le circuit sera « lié à la Maison du tourisme qui doit être inaugurée au courant de cette année ».

 

(Pour mémoire : Plus sollicitées, les municipalités veulent améliorer leurs ressources)

 

« Decision making » au féminin
Depuis 15 ans maintenant, Juliana Najm s'est engagée tout particulièrement au travers de l'association qu'elle préside à améliorer la condition féminine et le rôle que les femmes pouvaient tenir dans la présentation et la gestion du tourisme local, ainsi qu'à développer leur participation active aux commerces des produits locaux, dont elles ont une connaissance accrue : « Depuis le début de notre action, nous avons formé plus de 12 000 femmes (...)

Ce projet de 12 mois a permis de former 98 femmes, issues des villages du circuit touristique », a-t-elle expliqué. « Les femmes de la région sont devenues des interlocutrices incontournables depuis les années 1990, dans un contexte où le délaissement des régions rurales a renforcé la polarisation sociale poussant les hommes et les jeunes au départ. Nos familles dans les villages souffrent beaucoup de l'émigration. Les hommes doivent pour la plupart partir parfois à la recherche de travail ailleurs. Les jeunes aussi. Ils se déplacent pour faire leurs études et partent loin », a souligné Juliana Najm, qui constate cependant que « la femme joue un rôle essentiel dans la famille et dans la société, dans la mesure où c'est elle qui reste sur place. Nous voyons plutôt en elles les personnes-clés, liées à ces villages de par leur présence continuelle ». Le but du nouveau programme est donc « de fortifier l'emploi dans les villages (...), de semer chez les habitants qui sont partis l'envie de revenir et de les relier ainsi à leur village à travers des projets touristiques ».

Des dizaines de femmes de la région ont été donc formées pour accueillir, vendre et mettre à l'honneur la culture de leur région, à l'image de Mireille, Lara, Nathalie ou encore Rita. La plupart suivent la formation de guide, de communication, d'entrepreneurship et des cours de langues (français, anglais en plus de la maîtrise de l'arabe), après avoir pris connaissance du projet grâce à leur entourage. Ces formations prennent la forme « de cours modulaires, de séminaires ou d'ateliers de travail », selon Juliana Najm.

Pour beaucoup, c'est enfin l'occasion d'un avenir autonome dans le village, souvent vu comme un lieu « ennuyeux » par les citadins. C'est ce que nous a confié Mireille, en français : « Certaines poursuivent un rêve en ayant l'occasion de rester au village, avec un emploi. Certaines voient même un refuge dans le village. On peut y mener plusieurs activités amusantes, au calme », poursuit-elle. Elle montre fièrement son certificat d'aptitude fraîchement délivré par Ziad Hawat.

Certaines ont même tenté l'expérience citadine, sans grand succès, avant de renouer avec le calme de la campagne : « J'ai vécu à Beyrouth, à Achrafieh, mais je n'ai pas du tout aimé. Je suis revenue avec mon mari et mes enfants au village où il n'y a pas de stress. Prodes nous a en plus montré ce qu'il y avait à mettre en valeur. Mes enfants continuent d'aller à Beyrouth pour leurs études, puis ils reviennent dans une ambiance plus calme », a confié à son tour Rita, qui s'est spécialisée dans l'entrepreneuriat pour mettre en valeur ses produits du terroir.

Ce retour permet souvent à ces femmes de prendre conscience d'un patrimoine qui leur était resté longtemps invisible : « Nous-mêmes n'étions pas au courant qu'il y avait tant de sites. Nous ne savions pas où ils étaient ! » a avoué Nathalie, désormais guide locale à Gharboun. À ce jour, il y a une trentaine de guides locales, assistées par une dizaine de guides générales, qui ont suivi une formation approfondie pour l'ensemble de la région.

 

 

Pour mémoire

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