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Culture - Décryptage/Vidéoclip

Arabité et branchitude : la pari pas encore gagné de Yasmine Hamdan

L'icône overground sort un nouveau morceau, extrait d'un prochain album. Le clip en support est réalisé par son mari Élia Suleiman, récompensé à Cannes en 2002 pour « Interventions divines ».

Photos tirées du vidéoclip « La Ba’den » de Yasmine Hamdan réalisé par Élia Suleiman.

Est-ce une bonne idée de travailler en couple ? L'énergie intime qui nourrit un couple peut-elle se transformer en énergie constructive et créative pour travailler ensemble et réussir à se challenger ? La réponse apportée ici par le couple Hamdan/Suleiman est négative.

Depuis qu'elle a quitté le Liban en 2005, Yasmine Hamdane multiplie les projets artistiquement risqués. D'abord avec Mirwais pour un Arabology très ambitieux, puis avec Coco Rosie et Marc Colin, le créateur du projet Nouvelle Vague, qui consiste à reprendre en bossa-nova des titres de new wave. Son projet avec Mirwais, bien que comprenant de vrais bons morceaux, se trompait de cible par excès de branchitude. Pourtant, l'artiste franco-iranien a écrit un des meilleurs albums de Madonna et faisait partie du groupe punk parisien mythique Taxi Girl. Mais leur ambition de vouloir révolutionner la pop arabe s'est heurtée au fait que la population intéressée par leurs morceaux n'écoutait pas de pop arabe, et que donc la clientèle visée était passée totalement à côté du projet. Même son concert au Festival de Byblos n'avait pas réussi à rapprocher l'artiste de son public.

Par contre, ses concerts intimistes au Momo, dans les Souks de Beyrouth, avaient rappelé combien sa voix était sensuelle, combien sa présence était chaleureuse et combien elle habitait les chansons qu'elle interprétait. C'est un don de toujours bien choisir ses collaborateurs et Yasmine Hamdane, très douée, arrive parfois à devenir littéralement magnétique. En 2013, elle participe au film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, sélectionné évidemment à Cannes. Alors que Suleiman était souvent et, a raison, comparé a Buster Keaton ou Jacques Tati pour son utilisation du burlesque et de la poésie tout en restant dans la gravité, il doit composer avec le sérieux de son épouse. Car Yasmine prend tout au sérieux, même le léger.

Tourné à Paris, le clip La Ba'den la montre en train de choisir ses vêtements, descendre en ascenseur (avec son mari et un autre occupant), parcourir la capitale de nuit, puis tourner en studio. Car Yasmine Hamdane tourne beaucoup, elle ne sait pas quoi mettre, elle tournoie la tête dans un ascenseur parisien (3 m2) et tourne en rond en studio. Tout en chantant Ba'den (Après). Après quoi exactement, le clip ne raconte pas vraiment d'histoire, il pourrait être une ode à la chanteuse, mais il n'y parvient pas non plus. Il est l'exemple archétype du décalage qui touche Yasmine Hamdan. Il est réalisé dans un environnement occidental, avec des repères typiquement parisiens mais, comme il est chanté en arabe, il s'adresse à une population qui a d'autres repères.

Si Natacha Atlas et Amina avaient réussi en leurs temps à marier arabité et branchitude, l'ex-chanteuse de Soapkills cherche encore sa voie.

 

Pour mémoire

Avec Yasmine Hamdan, en coulisses et dans la salle...

Yasmine Hamdane : Mon film préféré ? « The Time That Remains », de mon mari Elia Suleiman

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