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Liban - Agriculture

Et si une application était développée pour améliorer l’irrigation ?

Dans la Békaa, une équipe de chercheurs libanais et internationaux essaie de révolutionner la technique.

Les experts expliquent le nouveau système à des agriculteurs. Photos Alexander Sarovic

Tout commence avec quelques mètres carrés de terrains agricoles dans la vallée de la Békaa. Ils sont le point de départ d'un projet de développement qui pourrait changer en profondeur la façon dont les agriculteurs arrosent leurs champs. Deux techniciens italiens, Armando Laudati et Marco Leone, s'activent. Ils prennent des mesures et installent dix tubes blancs dans un terrain appartenant à l'Institut de recherche agronomique du Liban à Rayak. « Ces sont des capteurs », explique Armando Laudati, avant d'ajouter : « La collecte de données est le premier pas sur la voie de la concrétisation de ce projet. »

Armando Laudati, de la compagnie Optosmart, qui développe, fabrique et distribue des systèmes de mesure intégrés, basés sur des capteurs à fibres optiques ainsi que des dispositifs opto-électroniques, et Marco Leone, de l'université du Sannio, en Italie, font partie d'une équipe de chercheurs qui, pendant trois ans et demi, vont développer un système qui doit rendre plus efficace l'irrigation des champs agricoles. Le système d'irrigation envisagé utilisera des capteurs à fibres optiques destinés à mesurer des paramètres tels que la température, l'humidité, la concentration en pesticides, les engrais et les enzymes dans le sol de champs cultivés. C'est ce qui explique le recours à la compagnie italienne qui soutient ses clients dans la conception, l'installation et l'utilisation des systèmes cités, ainsi que dans l'acquisition, le traitement et l'analyse de données.

Aux côtés de l'université du Sannio et d'Optosmart, plusieurs institutions participent au projet, notamment le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN-laboratoire européen pour la physique des particules), l'Institut national italien de physique nucléaire (INFN) de Naples, l'Université libanaise et l'Institut de recherche agronomique du Liban. Le projet, financé et coordonné par UK Lebanon Tech Hub, est une initiative conjointe du gouvernement du Royaume-Uni et de la Banque centrale du Liban. Il vise à soutenir le développement de l'économie du savoir au Liban.

 

(Pour mémoire : Dans le Akkar, l’eau potable, facteur de convivialité avec les réfugiés)

 

En finir avec l'excès d'irrigation
Cette nouvelle technologie est employée par des fermiers dans le monde entier, mais le problème d'un usage inefficace de l'eau dans l'agriculture paraît particulièrement grave au Liban. « Au Liban, l'agriculture consomme la grande partie de l'eau douce, plus de 60 % », explique Ihab Jomaa, chef du département d'irrigation et d'agrométéorologie de l'Institut de recherche agronomique du Liban. « Un problème d'autant plus sévère à cause de l'excès d'irrigation », insiste-t-il.

Selon M. Jomaa, des agriculteurs utilisent parfois 40 % plus d'eau que la quantité nécessaire pour irriguer leurs champs. La raison de cet usage excessif : les fermiers ne disposent pas des méthodes adéquates pour mesurer les quantités d'eau nécessaires, selon l'expert. Ils ont toujours compté sur leur propre jugement, souligne-t-il.

Il va sans dire que cette surexploitation des ressources hydrauliques a des conséquences environnementales graves. « Le niveau des nappes d'eau souterraines est tombé de 30 mètres au cours des trois dernières décennies », déplore Ihab Jomaa. « Une grande partie de l'eau de surface dans la Békaa a en outre séché, ce qui affecte immanquablement l'économie du pays », note-t-il. Et pour cause : « Quand le niveau des nappes phréatiques tombe, il faut plus d'énergie pour pomper de l'eau. Cela affecte le prix de l'eau et donc pratiquement toute l'économie, puisque les fermiers ne seront plus en mesure de proposer leurs produits à la vente à des prix compétitifs sur les marchés internationaux », explique M. Jomaa.

 

(Pour mémoire : L'eau potable de Beyrouth et du Mont-Liban est propre, assure l'Office des eaux de Beyrouth)

 

Si le développement du système des capteurs à fibres optiques en voie d'installation réussit, les agriculteurs sauront à tout moment combien d'eau ils doivent user pour l'irrigation. Le système tire son origine du travail sur le grand collisionneur de hadrons (LHC) au CERN. Le grand collisionneur de hadrons (LHC) est le plus grand et le plus puissant accélérateur de particules du monde. Il se trouve à Genève, au siège du CERN, qui est le plus grand centre de physique des particules du monde. C'est là que des capteurs d'humidité à fibres optiques ont été développés. « Ces capteurs peuvent être développés plus, afin qu'ils soient utilisés pour d'autres usages, tels que l'irrigation », dit Martin Gastal, du CERN. M. Gastal est le chef du projet, « qui illustre à la perfection, note-t-il, la manière dont on peut tirer parti de la recherche en physique des hautes énergies pour produire des technologies utiles, afin de résoudre certains problèmes de société ».

En ce moment, le travail sur cette technologie se trouve donc dans sa phase initiale. Les données collectées par les capteurs installés sur le terrain à Rayak seront renvoyées en Italie où les partenaires italiens du projet les étudieront afin de déterminer comment améliorer les capteurs. « Si tout va bien, nous installerons un plus grand nombre de capteurs cet été », souligne Hana Barakat de UK Lebanon Tech Hub. « Notre objectif final est d'aboutir à un système pas cher et accessible pour tous », affirme-t-elle. Selon Mme Barakat, la dernière phase stage du projet sera le développement d'une application. « Au final, chaque agriculteur pourra, à titre individuel, contrôler l'irrigation avec son smartphone ou tablette », annonce-t-elle.

 

 

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