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Culture - Musique

Bach, encore plus dense, sous les doigts de Julien Libeer...

Le voilà à nouveau à Beyrouth pour la troisième fois. Pour faire résonner la voix du Cantor sur les touches d'ivoire entre Suites française, anglaise et allemande... Petite rencontre pour parler exclusivement de Bach...

Julien Libeer, un pianiste talentueux, aussi bien en musicien de chambre que concertiste solo devant un clavier.

Julien Libeer, un pianiste talentueux. Aussi bien en musicien de chambre que concertiste solo devant un clavier. Trente ans et la grâce diaphane d'un adolescent archange. Regard pervenche, cheveux châtains en bataille, silhouette frêle et filiforme et des doigts longs, osseux et « chopinesques »... Les prestations du jeune artiste bruxellois ne sont jamais passées inaperçues, même quand, en chambriste, il fait partie d'un trio. Comme celui avec les frères Sevag et Hratch Avanessian, lors du festival Beirut Chants – à l'église Saint-Maron (Gemmayzé) – au mois de décembre dernier...

Retour impromptu, hier, pour un concert unique, ce soir, à la chapelle Notre-Dame des Semences (à l'Université antonine – Hadeth). Au menu, des pages de Jean-Sebastien Bach. Dans l'architecture dentelée des partitions du Cantor, mais sans prouesses ni virtuosités. C'est toujours façon de dire et de parler avec le génie d'Eisenach. Pour un air de danse et de joyeux mouvements où l'art du contrepoint demeure la signature maîtresse du génie du compositeur des Variations Goldberg. Mais chez Bach, ce n'est jamais aussi innocent ni aussi lisse, même quand il s'agit de danses. Prétexte à aller plus en profondeur, à fouiller l'âme humaine, à dévoiler l'art de ranger les notes. L'art baroque n'a pas fini de (nous) surprendre...
Dans le sillage des programmes cohérents et présentant un cycle entier d'œuvres soigneusement choisies qu'offre aux auditeurs la saison de musique de chambre de l'Université antonine, trois opus sont sélectionnés pour le concert de ce soir : Suite française n° 5 en sol majeur (BWV816), Suite Anglaise n° 3 en Sol Mineur (BWV808) et Partita n° 2 en Do Mineur (BWV826).

 

(Pour mémoire : Julien Libeer, loin de toute virtuosité creuse...)


Explication et commentaire de vive voix du pianiste : « Oui, j'aime retourner à Beyrouth. C'est une ville que j'aime de plus en plus. Pour les rencontres qu'on y fait et pour la qualité des gens. J'espère en avril prochain y rester un peu plus longtemps. » Pour en revenir à Bach, il indique que ces trois pièces sont une vue panoramique des « suites ». « Ce ne sont pas des œuvres faciles car il y a la difficulté digitale ainsi que la complexité et la rapidité, note Libeer. Ce n'est pas de la virtuosité creuse ou noble comme chez Liszt. Chaque phrase a une signification. Pas de broderie ou de la poudre aux yeux. Elles sont denses, profondes et philosophiques ces Suites. Aussi bien pour celui qui les interprète que pour celui qui les écoute. Il s'agit d'un mélange particulier car c'est au croisement d'une époque... » Laquelle de ces Suites est sa préférée ? « Difficile à dire. La suite Française est la plus légère, la plus lumineuse des trois dans sa mélodie et son contrepoint soutenu et savant. L'Anglaise est plus virtuose, non dans le sens de feu d'artifice, mais de célérité avec un souci de respiration et de clarté. Sans nul doute la Partita reste la plus complexe. Il y a quelque chose de sombre et de tragique. C'est étonnant le pouvoir de Bach de transformer ces cycles de danses et en faire des drames de dimension supérieure. »

À peine arrivé au pays du Cèdre et le concert donné aux mélomanes qui viendront sans doute nombreux l'applaudir et savourer cette musique de haut vol, Julien Libeer quitte demain pour Bruxelles où l'attend déjà un autre concert à Flagey.

*Julien Libeer sera ce soir à la chapelle Notre-Dame des Semences à l'Université antonine (Hadeth) à 20h précises. Entrée libre.

 

Pour mémoire

Les sept moments incontournables de Beirut Chants

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