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Moyen Orient et Monde - Interview express

« Les Iraniens sont scandalisés et se sentent insultés »

Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran, répond, au lendemain du décret Trump, aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Le président iranien Hassan Rohani lors d’un discours à Téhéran, samedi. AFP/Présidence iranienne

L'Iran a été le premier pays à réagir à la décision du président américain Donald Trump (très critique contre la République islamique durant sa campagne) d'interdire l'accès de son territoire aux ressortissants de sept pays d'Afrique et du Moyen-Orient, afin de lutter contre le terrorisme islamiste. Téhéran a décidé hier d'appliquer la réciprocité et a remis une protestation écrite à l'ambassadeur de Suisse, qui représente les intérêts américains dans le pays. « Cette discrimination collective aide les terroristes à recruter en creusant la fracture initiée par les démagogues extrémistes », a tweeté le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif hier. « Aujourd'hui, on n'est plus à une époque où on construit des murs entre les nations. Ils (les dirigeants américains) ont oublié qu'il y a quelques années, le mur de Berlin s'est effondré », avait déclaré le président Hassan Rohani, samedi, dans un discours.

Pourquoi l'Iran a-t-il réagi si rapidement ?
Les Iraniens se sentent insultés. Ils n'ont rien à voir avec les attentats en général, et en particulier ceux qui ont eu lieu aux États-Unis. C'est un sentiment d'injustice qui ne concerne pas seulement les autorités iraniennes, mais aussi tous les Iraniens dans le monde. Les réseaux sociaux du pays sont complètement atterrés et en colère. Beaucoup d'Iraniens se demandent pourquoi l'Arabie saoudite, avec laquelle ils sont en forte tension, et les pays du Golfe ne sont pas concernés. Être mis sur la sellette alors qu'ils combattent l'État islamique et accusent tous les jours Riyad de financer cette organisation leur paraît complètement scandaleux et invraisemblable. Ils ont l'impression d'être les bouc émissaires, bien que l'EI massacre les chiites.


(Lire aussi : Au Liban, le décret de Trump est vu comme un cadeau en or « à tous les extrémistes »)

 

Pourquoi Téhéran a-t-il également interdit l'accès de son territoire aux Américains ?
Ils appliquent la réciprocité de façon symbolique. L'Iran et les États-Unis n'ont pas de relations diplomatiques, il y a très peu d'Américains qui vont en Iran actuellement. On est dans une situation où ce sont d'abord les sanctions américaines qui interdisent aux Américains de faire du commerce avec l'Iran, donc la réponse de Téhéran ne va pas avoir un grand effet.
Cette mesure concerne surtout la diaspora iranienne. Beaucoup d'Iraniens ont la double nationalité iranienne et américaine. C'est le côté complètement inique de la décision de M. Trump. La plupart des Iraniens touchés sont des gens qui sont installés en Europe ou aux États-Unis, beaucoup de réfugiés ou des personnes qui veulent quitter l'Iran.


(Repère : Qui est concerné par le décret migratoire aux Etats-Unis?)

 

Pourquoi l'Iran n'a-t-il pas adopté une réaction plus dure ?
Pour l'instant, les Iraniens sont dans une phase d'attente. Le gouvernement iranien ne veut pas avoir une réaction trop violente pour ne pas s'engager dans une guerre des mots avec les États-Unis tout de suite. Il y a déjà assez de sentiments antiaméricains en Iran. Ce type de mesures pris par M. Trump ne fait que renforcer la vision, très antiaméricaine, des plus durs en Iran. C'est comme cela que le gouvernement iranien et M. Rohani, qui est plutôt modéré, voient les choses.

 

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