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Liban - Polémique

Le nombre de gardes du corps au cœur de la guerre Rifi-Machnouk

Les deux anciens alliés à couteaux tirés depuis un certain temps.

M. Machnouk, lors de son entretien jeudi avec notre confrère Marcel Ghanem. Photo Facebook

Décidément, rien ne va plus entre Achraf Rifi et Nouhad Machnouk. Le bras de fer qui a lieu depuis quelques jours entre l'ancien ministre de la Justice et ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure et le ministre de l'Intérieur a fini par dépasser la controverse politique pour prendre désormais l'aspect d'un règlement de comptes éminemment personnel.

Éloigné des arcanes du pouvoir depuis un certain temps, M. Rifi, resté fidèle à son opposition acharnée au Hezbollah et à l'axe syro-iranien, est de plus en plus convaincu que c'est sa ligne politique inflexible qui lui vaut cette sanction.
Invité jeudi soir dans le cadre de l'émission Kalam en-Nass sur la chaîne LBCI, M. Machnouk n'a pas ménagé son ancien compagnon de route et ex-allié politique, l'accusant d'être trop imbus de lui-même. Il faut reconnaître que M. Rifi n'a pas été particulièrement tendre à l'égard du ministre de l'Intérieur, qu'il accuse depuis plusieurs jours de chercher à réduire son escorte personnelle, le mettant ainsi à découvert et le rendant vulnérable face aux risques sécuritaires.

Achraf Rifi, qui avait jusque-là 60 agents de l'ordre et deux officiers affectés à sa protection, s'est vu retirer 40 d'entre eux ainsi que l'un des deux officiers. À noter que cette mesure, qui « ne vise pas uniquement, encore moins personnellement M. Rifi, est notamment motivée par le fait que plusieurs hauts magistrats, dont les juges de la Cour de cassation qui traitent des dossiers extrêmement sensibles, ne bénéficient d'aucune protection ». « Le Conseil supérieur de la magistrature a ainsi réclamé de remédier à cette lacune », confie à L'Orient-Le Jour une source judiciaire.

Jeudi soir, M. Machnouk avait évoqué cette affaire, en soulignant que M. Rifi « se fait accompagner d'une escorte innombrable », soulignant au passage que « l'ancien procureur près la Cour de cassation, Saïd Mirza, qui était en charge de l'un des dossiers les plus délicats, à savoir l'assassinat de (l'ancien Premier ministre) Rafic Hariri, n'avait pas, à l'époque, plus de 8 gardes du corps à sa disposition ».

Interrogée en soirée par L'OLJ sur le « nombre injustifié » d'agents affectés à M. Rifi, une source proche de l'ancien ministre reconnaît que la loi ne prévoit effectivement qu'une vingtaine de gardes du corps pour les anciens responsables qui sont dans la situation de M. Rifi, sauf que ce dernier « n'est pas un responsable comme les autres. Il est bien plus menacé actuellement que n'importe quelle autre figure politique », fait remarquer cette source. Et celle-ci d'égrener les multiples dossiers sensibles que M. Rifi avait traités du temps où il était directeur des FSI, tels que l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, le démantèlement du groupe islamiste Fateh el-Islam, puis des réseaux d'espionnage pour le compte d'Israël, et enfin l'arrestation, dont il était à l'origine, de Michel Samaha, l'ancien ministre proche du régime syrien et accusé notamment de transport d'explosifs entre la Syrie et le Liban.
« Il ne faut pas oublier non plus les attentats et tentatives d'assassinat dont ont été victimes les plus proches collaborateurs de M. Rifi, tels que les officiers Samir Chehadé, Wissam Eid et Wissam el-Hassan », commente encore la source, qui réfute les accusations de « paranoïa » adressées par M. Machnouk à M. Rifi.

 

(Lire aussi : Rifi aux étudiants de Sciences Po (USJ) : Je suis un homme de principes, pas de compromis)

 

 

Tweets et confiance
Hier, l'ancien ministre a déclaré en cours de journée, via son compte Twitter, à l'adresse de Nouhad Machnouk : « Pourquoi cherchez-vous à me mettre à découvert sur le plan sécuritaire et dans l'intérêt de quelle partie, sachant que vous avez affecté 240 agents pour votre sécurité personnelle ? » Et d'ajouter, dans un second tweet, en réponse aux propos prononcés par M. Machnouk dans le cadre du programme animé sur la LBCI par notre confrère Marcel Ghanem : « Je lui réponds en citant les propos de Saad Hariri (le chef du gouvernement), lorsque ce dernier avait dit à l'enquêteur international (chargé d'instruire le dossier de l'assassinat de Rafic Hariri) : "Si j'avais des doutes quelconques sur l'une des personnes les plus proches de mon père susceptibles de dévoiler des informations (sécuritaires) le concernant, ce serait Nouhad Machnouk". »
À cela, une source proche du ministre de l'Intérieur répond : « Si Saad Hariri n'avait pas confiance en M. Machnouk, comme l'insinue M. Rifi, pourquoi donc l'aurait-il désigné comme ministre à deux reprises ?
Pourquoi l'aurait-il admis par ailleurs au sein du courant du Futur ? »

Interrogé également sur la pléthore d'agents mis au service de la protection de M. Machnouk, pointée du doigt par M. Rifi, la source précise à L'OLJ que les « 240 unités sont affectées à l'ensemble du ministère de l'Intérieur pour la protection des bâtiments qui relèvent de son administration et non seulement du ministre de l'Intérieur, qui se fait accompagner d'une vingtaine d'agents uniquement ».
Cette guerre verbale entre les deux hommes est survenue au lendemain de mesures judiciaire et disciplinaire prises successivement à l'encontre de l'un des officiers proches de M. Rifi, et de l'un de ses gardes du corps, une initiative qui a provoqué la colère de l'ancien ministre. Les sanctions imposées aux deux agents des services de l'ordre ont été considérées par M. Rifi comme « excessivement lourdes et injustifiées » par rapport aux délits et infraction commis de part et d'autre. C'est ce qui aurait poussé l'ancien ministre à considérer ces mesures comme une déclaration de guerre lancée contre lui personnellement, et plus particulièrement contre sa ligne politique hostile au Hezbollah et à l'axe syro-iranien, et contre son poids politique et populaire au sein de la rue sunnite.

Il convient de signaler enfin qu'une émission prévue hier soir sur la chaîne MTV avec le conseiller à la communication de M. Rifi, Assaad Béchara, a été annulée à la dernière minute. Une décision qui a enflammé les réseaux sociaux.

 

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commentaires (3)

ILS VEULENT LA TETE DE RIFI... DU SEUL LIBRE LIBANAIS !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 50, le 14 janvier 2017

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Commentaires (3)

  • ILS VEULENT LA TETE DE RIFI... DU SEUL LIBRE LIBANAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 50, le 14 janvier 2017

  • ILS VEULENT FINIR AVEC MONSIEUR RIFI. C'EST LE SEUL VRAI PATRIOTE QUI NOUS RESTE.

    Gebran Eid

    14 h 13, le 14 janvier 2017

  • Les deux anciens alliés à couteaux tirés depuis un certain temps. Vous ne pouviez pas choisir meilleure titre , Mme Jalkh . Entre sourire carnassier et poignard protégé par 60 garde du corps , 60 ????????????? Le PharAoun n'en a pas autant !!..

    FRIK-A-FRAK

    12 h 36, le 14 janvier 2017

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