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Liban - Partis

La guerre virtuelle entre les FL et les Kataëb s’apaise

L'apaisement était de retour samedi entre le parti Kataëb et les Forces libanaises, après que la guerre virtuelle sur Facebook eut atteint son pic vendredi, suite à l'omission du ministre de l'Information, Melhem Riachi, de convoquer les représentants de la radio Voix du Liban 100.3-100.5 (Kataëb) à la réunion consultative qu'il avait tenue jeudi avec nombre d'acteurs du monde médiatique.
Aussitôt après cette séance organisée dans la perspective de revivifier le secteur des médias, M. Riachi avait pourtant pris contact avec les responsables de la station pour dissiper tout malentendu en leur assurant que leur non-convocation découlait d'une « distraction ». Ce qui n'a pas empêché le nouveau responsable de la communication au sein des FL, Charles Jabbour, de lancer le lendemain une déclaration au vitriol sur sa page Facebook contre les Kataëb, sans toutefois les nommer.
« Ils se sont rendus en Israël et ont fait endosser leur acte à d'autres. Ils ont assassiné Tony Frangié et ont fait endosser leur crime à d'autres. Ils sont responsables du sang chrétien versé et l'ont fait assumer à d'autres. Ils sont les auteurs des attentats de Sabra et Chatila, et les ont fait endosser à d'autres », a ainsi écrit M. Jabbour, imputant également aux Kataëb la responsabilité de la guerre de la Montagne entre druzes et chrétiens. Toujours usant du pronom « ils », le responsable de communication des FL a lancé d'autres attaques contre les Kataëb, affirmant qu'« ils ont tenté de prolonger le mandat (de l'ancien président de la République Amine Gemayel) en sollicitant (l'ancien président syrien) Hafez el-Assad, et après leur échec en ce sens, ils ont espéré regagner le siège (présidentiel) à travers la guerre interchrétienne ». Et de les fustiger encore : « Leur intérêt privé est au-dessus de toute considération, et ils n'ont ni principes, ni vision, ni patriotisme. Ils ont un seul complexe... Savez-vous qui ? (qui, étant une claire allusion à Samir Geagea). »
M. Jabbour avait ensuite justifié ses propos par « l'attaque lancée contre le commandement des FL sur le site Kataëb, à travers laquelle ce parti affirme que les Forces libanaises souffrent d'un malaise à cause de leur nouvelle prise de position aux côtés du mouvement du 8 Mars, et pâtissent d'une hypersensibilité à l'encontre de toute critique qui leur est adressée, comme pour couvrir leurs options erronées ». « Désormais nous ne nous tairons plus... et nous n'accepterons aucune humiliation », peut-on lire encore sur la page du responsable FL, qui demande en outre de « cesser les surenchères en utilisant le nom de l'ancien président de la République Bachir Gemayel ». « Bachir est vivant en nous, et non en vous », a-t-il lancé dans ce cadre à l'adresse des Kataëb.
« Pourquoi cette haine n'est-elle apparue ni du vivant de Pierre Gemayel (ministre Kataëb assassiné en 2006) ni sous la présidence d'Amine Gemayel, alors qu'elle se manifeste exclusivement depuis que le député Samy Gemayel a pris les rênes du parti ? » s'est en outre demandé M. Jabbour. Et de critiquer violemment « l'incitation permanente contre les FL », qu'il a estimée « s'être accrue après l'appui de Samir Geagea à la candidature de Michel Aoun au poste de président de la République et avoir atteint son paroxysme après l'accès de M. Aoun à la tête de l'État ».
En réaction à ces critiques acerbes, la réponse de Serge Dagher, membre du bureau politique des Kataëb, ne s'est pas fait attendre. Sur le même réseau, il a alimenté la polémique verbale en interrogeant les Forces libanaises : « Que faites-vous ? Vous insultez et vous trahissez ? Vous détruisez la mémoire des martyrs et vous défigurez l'héritage et l'histoire de la résistance libanaise. »

Nadim Gemayel appelle à l'unité
Dans une tentative de mettre fin à la querelle, le député Nadim Gemayel a affirmé, samedi, dans un communiqué, que celle-ci « n'a aucun lien avec l'esprit dans lequel les Kataëb et les Forces libanaises ont été fondés », estimant que « cette polémique entre les camarades d'une même école et d'une même cause n'est nullement justifiée », d'autant que, a-t-il souligné, « ce qui nous a toujours rassemblés et continuera à le faire est beaucoup plus important que ce qui nous divise ».
« Je demande à tous mes camarades des Kataëb et des Forces libanaises de mettre immédiatement fin à cette querelle et de retourner à nos sources et racines basées sur nos valeurs et nos principes, ainsi que sur l'inviolabilité de notre cause », a-t-il réclamé, indiquant que « cette cause est une, et notre parcours et nos objectifs sont uns ». « Pour faire face aux complots et aux tentatives de changer l'identité libanaise il faut, plus que jamais, que notre unité fonde et soutienne notre résistance », a encore souligné M. Gemayel.

« Ne plus répondre aux humiliations »
Finalement, les deux parties se sont toutes deux ravisées samedi, usant chacune de son côté d'un vocabulaire d'apaisement. Le secrétariat général des FL a ainsi publié un communiqué dans lequel il appelle « tous les partisans et les sympathisants » à « ne plus répondre aux humiliations que le parti affronte, et ce en vue de préserver le climat positif qui doit prévaloir ». Pour sa part, le bureau de presse des Kataëb a souligné, dans un communiqué, que « c'est le langage de la logique et de la raison qui doit dominer, non celui qui a porté atteinte aux Kataëb », invitant les partisans et sympathisants du parti à « cesser de répliquer à toute humiliation ou calomnie ».
Le démêlé sur Facebook n'a pas laissé indifférent le président du mouvement du Changement, Élie Mahfoud, qui a demandé aux deux parties, via Twitter, de « mettre un terme à la campagne d'accusations réciproques, par respect pour les âmes des martyrs », parce que, a-t-il dit, « la bataille est ailleurs ». À travers une série de tweets, M. Mahfoud a déploré qu'« avec l'effondrement du mouvement du 14 Mars, l'autre composante rivale a réussi à briser une alliance de dix ans », mettant en garde contre « le glissement vers l'autodestruction ».
Interrogées par L'Orient-Le Jour sur la portée de cette altercation virtuelle, des sources politiques, qui ont suivi de près les échanges venimeux entre les deux cadres des deux formations, déplorent que « la tension sévissant sur les réseaux sociaux depuis plus d'un an et demi entre les partisans des Kataëb et des Forces libanaises soit maintenant alimentée par les responsables de ces formations ». Ces mêmes sources qualifient de « grave » le fait que « MM. Jabbour et Dagher aient cédé à la tentation de faire monter les enchères à leur niveau », estimant que « les accusations mutuelles qui ont été lancées sont de nature à ouvrir les dossiers d'un passé que ni les FL ni les Kataëb n'ont intérêt à remuer ». « Ces attaques réciproques visent une même histoire, et lorsqu'un des deux partis agresse l'autre, c'est son propre parti qu'il cible », ont enfin mis en garde ces sources.

C.A.

L'apaisement était de retour samedi entre le parti Kataëb et les Forces libanaises, après que la guerre virtuelle sur Facebook eut atteint son pic vendredi, suite à l'omission du ministre de l'Information, Melhem Riachi, de convoquer les représentants de la radio Voix du Liban 100.3-100.5 (Kataëb) à la réunion consultative qu'il avait tenue jeudi avec nombre d'acteurs du monde...

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