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Culture - Biennale de Venise

Ce que Zad Moultaka veut : que la violence cesse...

Choisi pour représenter le Liban, parmi plus de 80 pays, à la Biennale de Venise le 11 mai prochain, Zad Moultaka s'est attelé à la tâche. Pour « L'Orient-Le Jour », il a raconté cette installation au cycle de 20 minutes, qui allie ses multiples facettes de plasticien, peintre et musicien. Sans oublier sa remarquable érudition...

Zad Moultaka, inspiration vénitienne. Photo Sophie Lambert

Tout remonte à cette rencontre à Paris, avec l'ex-ministre de la Culture Rony Arayji, au cours de laquelle Zad Moultaka recevait les honneurs de son opéra Zajal, inscrit sur la liste du patrimoine mondial à l'Unesco.

Jamais en panne de projet, l'artiste, déjà sur une piste qui lui tenait à cœur, après l'exposition de ses plus récentes peintures intitulée Comme sur terre au Palazzo Albrizzi, dans la ville des Doges, lorgnait du côté de la Biennale de Venise. Il voulait défendre les couleurs du pays du Cèdre, sa terre natale, absent de la manifestation. C'est ainsi qu'il se retrouve mandaté pour concourir parmi plus de 80 pays en lice. Ce qui n'est pas une évidence ni une mince affaire, car des refus il y en a à la pelle...

Et c'est ainsi que naît aujourd'hui, à travers installation et musique, à l'Arsenal de la Sérénissime, Samaś (qui se prononce shamash, terminologie tirée du sumérien akkadien), le dieu Soleil de la ville d'Our, partie du monde oriental, berceau de notre civilisation. Une sculpture monumentale dans l'écrin du Sacrum, association créée en France pour soutenir le projet. Au passage, on salue aussi la collaboration de Nadine Begdache et de sa galerie Janine Rubeiz, au plus près de cette réalisation. Réalisation dont le principe ici est la réflexion sur la spiritualité dans le monde actuel, le rapport à la nature et la position de l'homme face aux forces qui l'entourent.

 

Le code de Hammourabi
C'est toujours dans un élan de fougueuse jeunesse, une énergie renouvelée et inépuisable, qu'on retrouve Zad Moultaka, égal à lui-même et fidèle à son inspiration qui fait feu de tout bois. Au verbe guère avare non plus, mais concis, précis et émaillé de multiples références historiques et culturelles. C'est le regard étincelant, les mains un peu nerveuses avec cette crispation des doigts toujours entrelacés qu'il jette quelques lumières sur cette œuvre qui aujourd'hui l'habite littéralement.

«Sans donner toutes les clefs de cette création, je pourrais dire que c'est un palindrome, c'est-à-dire qu'on la lit dans les deux sens, comme si le début était la fin et vice versa, explique l'artiste. Dans un espace de 650 m2 (le pavillon Tese 100) à l'Arsenal de Venise, plongé dans le noir, les visiteurs entrent comme dans le ventre d'une grotte. La nature a dressé des stalagmites et des stalactites comme à Jeïta, et ça a travaillé l'imagination des hommes... En des millions d'années, les stèles ont émergé, dont celle fameuse du code de Hammourabi, texte babylonien sur la justice, fondateur de notre civilisation en cette partie du monde qui se détruit actuellement sous nos yeux... »

Et c'est la responsabilité de l'artiste d'en parler, car la Biennale de Venise est une vitrine planétaire. Par conséquent, ce sera là un espace sacré pour bannir la violence, et cette tragédie qui se passe sous nos yeux... Comme un Graal, cette gigantesque sculpture en métal (6 mètres de hauteur et 1,50 m de largeur) a aussi un environnement sonore. Une partie électroacoustique travaillée à l'Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique musical) du Centre Pompidou, créée par Pierre Boulez. Pour le soir d'ouverture, il y aura un chœur mixte de 32 voix, en a cappella, dirigé par le père Toufic Maatouk, sur un lexique sumérien, comme s'il y avait un dysfonctionnement qui a émietté la langue, et avec une lamentation, rédigée il y a trois mille ans et trouvée sur des écrits du Louvre pour accompagner la fin de cette civilisation... « Cette lamentation s'insinue subrepticement, de temps en temps, dans ce chant a cappella. C'est une prière pour que ce désastre s'arrête. En mots plus clairs, cela s'énonce ainsi : Que la grille de la nuit se ferme sur ce désastre... Pour que la violence cesse... »

Cette installation est une expérience où se conjuguent, pour le visiteur, une touche et une approche physique, sensorielle, auditive et visuelle. Pour générer une profonde émotion. Sans oublier de mentionner l'éclairage, une savante mise en scène faite par des professionnels. De nombreuses surprises seront aussi au rendez-vous pour défendre cette monumentale installation au cycle de 20 minutes groupant en une adroite fusion, tel un nœud gordien, plus d'une discipline artistique. Lecture plurielle pour une actualité qui interpelle.

 

Pour mémoire

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Tout remonte à cette rencontre à Paris, avec l'ex-ministre de la Culture Rony Arayji, au cours de laquelle Zad Moultaka recevait les honneurs de son opéra Zajal, inscrit sur la liste du patrimoine mondial à l'Unesco.
Jamais en panne de projet, l'artiste, déjà sur une piste qui lui tenait à cœur, après l'exposition de ses plus récentes peintures intitulée Comme sur terre au Palazzo...

commentaires (1)

Toute installation "contemporaine" ne peut se passer du discours parlé ou écrit!!!!Et le plaisir ,bordel?

Skamangas Stelios

11 h 07, le 05 janvier 2017

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Commentaires (1)

  • Toute installation "contemporaine" ne peut se passer du discours parlé ou écrit!!!!Et le plaisir ,bordel?

    Skamangas Stelios

    11 h 07, le 05 janvier 2017

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